« … Quel est cet endroit ? » Serait-ce de la déception qui résonne dans sa voix ? Pas réellement, plutôt un sentiment d'incompréhension. Où se trouvent les roches, le bruit incessant du fleuve s'écoulant dans la faille et l'odeur caractéristique de la région grecque ? Non, là des hauts murs l'accueillent, une brise fraîche accompagnant la brume, qui semble danser dans l'environnement montagneux. Non, ceci n'est pas la Grèce. Le monde n'est pas le seul à évoluer, il semble que la politique infernale s'est décidée elle-même aime le changement. En fait, oui, une petite déception commence à pointer le bout de son nez , car, malgré toutes les raisons pouvant prouver l'intérêt du déplacement du puits, il trouve que sortir là où l'Achéron disparaît du monde terrestre pour rejoindre le domaine abyssal est d'une certaine façon... poétique.

Suivant des yeux l'architecture du château, sa déception n'empêche pas sa surprise d'être bien présente. Surpris que les humains aient pu atteindre un tel niveau d'architecture, enfin, si l'être humain est bien derrière cette construction. Observant les tours, les pierres taillées, un frisson s'empare de lui quand il tourne ses yeux dans la direction de possibles statues, le ramenant à son ancienne condition. Puis enfin, Eurynomos regarde ces deux gardes. Le premier, abruti par l'attente et son occupation « extrêmement prenante » s'est à moitié endormi contre son mur, à peine réveillé par son collègue, qui tente de se remettre correctement à sa place. Ce dernier semble avoir reconnu le surplis recouvrant le corps du nouvel arrivant. Haussant simplement les épaules, il approche de ce duo en se disant que certaines choses ne changent pas, malgré les milliers d'années qui se sont écoulées. Cette pensée lui arrache d'ailleurs un petit sourire, au moins il n'aurait pas à s'habituer au comportement des Gardes Squelettes. Se stoppant devant le plus réveillé des deux, un livre quelque peu usé – une usure semblant provenir d'une fréquente relecture, plutôt que du temps lui-même – il pose son regard dans le sien.

« Bienvenue Excellence ! » Il s'incline, toujours observé par le magistrat infernal. Puis, simplement, le Juge sort un paquet de cigarette – où était-il donc rangé ? - avant d'en attraper une entre ses lèvres. Un petit éclat vient rapidement l'allumer, tandis qu'Eurynomos s'éloigne du squelette, sans pour autant sortir de la zone du puits. C'est ici qu'il doit attendre, lui a-t-on expliqué et conseillé – les serviteurs évitent de donner des ordres à leurs supérieurs –. Un Spectre sera t-il chargé de l'accueillir et de l'aider à la transition ? S'appuyant sur le balcon – après avoir posé le livre à ses côtés –, il observe l'horizon, imaginant bien un prétorien des Enfers ouvrir une missive – ce terme est-il toujours d'actualité ? - qui dirait : au premier Spectre, votre mission sera d'accueillir le Juge du Griffon, etc. Ou pas... ? Peut-être que les soldats en garnisons ici ne connaissent pas l'information et ce ne serait que grâce à la présence d'un squelette qu'ils seraient informés. D'ailleurs, les bruits de pas qui s'éloignent du panorama laisse penser qu'un larbin s'est empressé d'aller prévenir un prétorien.

Portant à nouveau la cigarette jusqu'à ses lèvres, il passe ensuite une main contre son surplis, qui s'efface simplement. Ses mains viennent rejoindre son nœud de cravate, le réajustant, tout comme son col peu après. D'un geste simple il retire la poussière qui tente de s'accroche au tissu de son veston sans manche. Entre cette tenue et ce qu'il pouvait porter par le passé, il préfère de loin ces vêtements. Ce détail est certes inutile, mais l'idée de ne plus avoir des toges traînant au sol, ou alors de garder chaque heure de la journée ce surplis... voilà quelque chose de plaisant. Attrapant sa cigarette entre ses doigts, il reprend son observation des lieux, tournant la tête pour regarder, plus loin et en contrebas, les lourdes portes du château. Quel est le nom déjà ? Avant son départ, un serviteur avait prononcé le nom, mais si rapidement qu'Eurynomos avait eu du mal à l'assimiler. D'ailleurs, la petite surprise à son arrivée vient du fait qu'il avait imaginé que le nom soit peut-être la nouvelle dénomination de la région de l'ancien puits. Enfin, revenons en à ce château. L'Étoile a dû intégrer cette donnée - le nom - dans son esprit, mais l'état dans lequel était le Juge lorsqu'il a absorbé les connaissances de l'antique pouvoir n'aide pas à garder certains éléments en tête. Bien qu'il doit avouer: il ne se souvenait plus à quel point cette Étoile - qu'elle soit valeureuse, glorieuse, ou noble - est une bénédiction. Ce livre, par exemple, est un moyen que possède l'antique personnage pour apprendre à lire l'alphabet latin, à comprendre la syntaxe, les règles de la langue la plus parlée, enfin, ce genre de choses – il peut facilement comprendre cette langue, lorsqu'elle est parlée, mais écrire et lire... le cosmos n'est pas la solution à tout. Sans son Étoile et les multiples connaissances qui s'y trouvent – remercions Minos et ses nombreuses incarnations ou apparitions – jamais il ne pourrait suivre cet apprentissage à grande vitesse. Non, il serait comme les humains... lent.

Levant son visage, le Juge tourne les yeux vers les portes de la zone, soufflant quelques volutes tandis que son surplis vient de nouveau le recouvrir. Autant bien se présenter.

Les Enfers apprennent à leurs serviteurs que l'âge n'est pas une donnée importante : la bénédiction d'une Étoile permet de rendre une antiquité aussi puissante que les jeunes combattant de la déesse de la Sagesse. Pourtant, qui ne pourrait être légèrement surpris – sans pour autant en fait tout un plat, ou le montrer à son interlocuteur – de pouvoir observer un visage vieillissant porter un surplis. Pas besoin de connaître Faust et Méphistophélès pour savoir que les humains préfèrent un aspect jeune plutôt que d'observer dans le miroir la dégénérescence qu'entraîne le temps sur leur apparence. Et pourtant, voilà l'exception – enfin, l'une de ces exceptions... Ne connaissant pas les conditions de son arrivée dans les légions infernales, Eurynomos ne pouvait que théoriser sur la raison – ou les raisons – de cette image, mais le Juge reste certain d'une chose. Si cet homme continuait d'arpenter le paysage en portant un surplis et une Étoile des Enfers, alors il fallait considérer le visage comme ce qu'il est : une simple image, qui ne donne ni informations ni vérités à son sujet. Un Spectre n'a que faire de l'âge.

Un frisson parcours malgré lui son dos lorsque que les premiers mots du soldat. Une légère réaction, mélangeant arrogance et petite frayeur. L'arrogance de retrouver ce qu'il était par le passé, la frayeur de retourner dans cette sordide prison. Oh, le phénomène tend tout de même à disparaître complètement : les premiers jours il ne pouvait supporter ces mots, qui lui rappelaient surtout l'endroit d'où il sortait et la façon dont il avait été ramené là où il avait vécu.

D'un geste, il invite la silhouette du Cyclope à se redresser, remarquant d'ailleurs une petite similitude de taille... ainsi que la différence de gabarit. Malgré les pièces d'armures, il est simple de remarquer l'aspect plus robuste et large de Xing Huo, cette apparence renvoyant d'un violent coup de pieds l'hypothétique faiblesse qu'un simple d'esprit pourrait imaginer chez un ancêtre. Retirant son casque, il le pose à côté du livre, avant de répondre tranquillement. « Je suis Eurynomos... » Retirant la cigarette de ses lèvres, il fait tomber quelques cendres sur le sol, expirant en même temps quelques volutes toxiques, sur le côté – évitons d'envoyer de la fumée sur la tête du Spectre qui le guidera. « Juge du Griffon, de l'Étoile Céleste Valeureuse et Glorieuse. » Certains diraient qu'il est inutile de présenter les Étoiles à chaque fois, mais après tant d'années à attendre une étincelle de liberté dans les abysses du Tartare, prononcer ces quelques mots possède quelque chose de... rassurant. Une confirmation personnelle. Lors de sa présentation, il hésita aussi à préciser sa place, par rapport à Minos. Mais à part satisfaire son propre ego... Savoir que l'usurpateur – à ses yeux – était réduit à de simples résidus spirituels suffirait pour cela.

Faisant tourner le bâton de cancer entre son pouce et son index, il le reprend ensuite entre ses lèvres, regardant Xing. « Tu seras donc celui qui me supportera, je ne t'envie pas. » Un léger sourire apparaît contre ses lèvres, tandis qu'il observe son paquet de cigarette.« J'ai récupéré ça à un Squelette qui revenait d'ici. Paquet de cigarette, c'est ainsi qu'il a appelé ceci. Je ne connaissais pas, tout comme je ne connais pas le reste des créations humaines. » Il lance le paquet, avant de le rattraper. « J'ai besoin d'une mise à jour... connaître cette époque, la comprendre. Commençons alors... » Il pointe le puits avec son pouce, gardant la parole, puisque le Cyclope semble attendre que sa mission soit exécutée. « C'est donc ici le Château d'Henstein ? Où sommes-nous exactement ? Je pensais que le puits serait toujours là où l'Achéron s'enfonce dans les profondeurs. » À nouveau, la petite pointe de déception semble apparaître dans sa voix... Qu'il aimait ce lieu. Certes, il fait moins chaud dans cette région du monde – en tout cas en ce moment, la chaleur n'est pas au rendez-vous – mais le bruit incessant de l'eau... c'était agréable, même pour lui. « Et pourrais-tu me rappeler notre année ? Les Squelettes expliquent parfois bien trop rapidement. » Voilà qui devrait donner à son interlocuteur une petite idée de la situation dans laquelle il se trouve.

Expirant à nouveau de la fumée, il patiente, certains que les réponses de l'ancien – qui est le plus vieux ? - entraînera d'autres questions.

Le Juge ne peut empêcher un petit sourire étirer ses lèvres lorsque Xing réagis à l'avertissement. Malgré celui-ci, le vieillard semble rester inspirer pour répondre aux différentes interrogations de son supérieur. Difficile de trouver plus respectueux de la hiérarchie qu'aux Enfers... Eurynomos a toujours considéré que cette caractéristique est sûrement liée à la situation naturelle dans laquelle se trouvent les Spectres : ils marchent à la fois parmi les vivants et les morts, jouissant d'une liberté brisant certains règles naturelles et physiques. Même lorsque le Sombre Hadès n'était pas au pouvoir, la peur de perdre cette habileté, ce droit et de subir les conséquences d'un tel phénomène... cela permettait de calmer les fortes têtes. Des exceptions existent toujours, mais le Griffon doute que celles-ci soient majoritaires à l'heure actuelle. Le Seigneur à la Faux est bien moins conciliant que certains dieux...

« Merci pour cette sollicitude. » Il pose ses yeux sur la cigarette, qui patiente tranquillement entre son index et son majeur, quelques cendres tombant au sol. « Mais, il n'y a aucune inquiétude à avoir pour ma santé... » Un éclat argenté brille légèrement dans son regard, légèrement amusé, tandis qu'il continue à écouter le Cyclope. Rapidement, une certaine forme d'incompréhension commence à naître chez le Juge. Si le nom « Pandore » ne lui était pas inconnu, les autres informations, elles, étaient difficiles à placer dans le monde qu'il avait observé de ses yeux. Oubliant pendant quelques secondes le bâton de cancer, le Griffon pose son regard sur l'horizon. Xing, qui semble avoir remarqué le sentiment d'incompréhension d'Eurynomos, tente tant bien que mal de préciser la position, citant la déesse fille de Zeus. « Je peux le certifier... à une époque, le puits se trouvait sur les mêmes terres que l'Olympe. L'Achéron s'écoulant, avant de s’engouffrer dans une faille, s'enfonçant dans les profondeurs, tandis que les serviteurs des Enfers en sortaient. » Mais, à cette époque – ou une partie, en tout cas – Hadès lui-même ne foulait pas l'Olympe, alors encore moins les environs de la montagne sacrée. Reprenant contact avec la fumée toxique de la cigarette, il porte cette dernière entre ses lèvres , le sujet passant rapidement à cette époque précise...

2017 ? Comment fonctionne leur calendrier ? Une nouvelle fois, le Juge ne cache pas son incompréhension et l'ancêtre sait y répondre, bien qu'il offre plus de questions que de réponses, à nouveau. « Jésus-Christ ? Qui est-ce ? Une sorte de... héros légendaire ? » Pour pouvoir être le point de référence du calendrier, cet individu – si s'en est bien un – doit être important et avoir « marqué le monde ». Voici la situation dans laquelle se trouve actuellement le Cyclope : son supérieur, Eurynomos, semble en effet avoir voyagé dans le temps – lui-même utilise cette expression – mais ce voyage aura été long, très long. Alors, lorsque Xing demande quelques détails, importants pour pouvoir se placer par rapport à l'époque actuelle, le Griffon laisse entendre un léger rire, portant à nouveau sa cigarette à ses lèvres.

« Excellente question... » Tournant légèrement la tête, il observe les flux sombres qui remontent du Puits des Âmes, avant de fermer les paupières, quasiment silencieux pendant quelques secondes. Ce n'est qu'après cela que le Juge consent enfin à répondre à cette intéressante interrogation. « Le dernier grand événement que le monde a vécu, à cette époque, a changé les règles du jeu. De nouveaux joueurs se sont installés à la table, en tout cas, exilant les autres après leur défaite. » Il s'arrête, faisant tomber de la cendre du bâton de cancer, avant de reprendre. « Les Titans sont tombés au Tartare, Zeus est monté sur le trône de l'Olympe. Voilà le dernier grand événement qui a bousculé le monde : Hadès, Poséidon, Zeus, se sont partagés les grands royaumes. Oh, il s'est sûrement passé quelques petites choses après : la naissance de certaines divinités, par exemple, mais celle du nouveau « gouvernement » est, selon moi, le plus important changement. » Qui actuellement est encore en place.

« Ces informations... t'aideront-elles ? »

Les précisions sur l'époque du Juge apportent à ce dernier quelques souvenirs. Les conflits entre Cronos et ses fils n'étaient pas des plus discret... la violence de cette guerre ne laisse peut-être plus de trace dans ce monde moderne... mais difficile d'en oublier la violence. Malgré tout, le sentiment dont il se souvient le plus est celui qui est apparu lorsque l'annonce est arrivée jusqu'à lui : les Enfers seraient maintenant sous la domination du Monarque Hadès... Une réelle interrogation s'était alors faufilé jusqu'à lui : que deviendront les terres infernales ? Après tout, il était, avant tout, un serviteur des Enfers.

L'information fait, en tout cas, bouger quelque peu la conversation. Bien que Xing semble incapable de situer le moment parfaitement exact de la victoire des Olympiens, le Cyclope réussi tout de même à donner une durée approximative, séparant l'époque actuelle du « premier conflit divin » entre Poséidon et Athéna. Ignorant quelques instants sa cigarette, cette dernière se consumant lentement entre les doigts de sa main droite, ses lèvres s'animent, répétant ainsi cette information... « Douze millénaires... » Sa seule réaction, après ces mots, est de laisser échapper un rire quelque peu désespéré, accablé. « Plus de douze mille ans, si je comprends bien... Ahah... » Combien ? Combien de jours a t-il passé dans cette sordide prison ? Combien d'heures se sont écoulées, sans lune, sans soleil, pour les observer ? Passant sa main contre son front, il inspire doucement... S'il peut passer pour un Spectre ayant du mal à assimiler l'information temporelle, à l'intérieur, la chose est bien plus chaotique. Souvenirs, sentiment de perte totale de repères, tentent à briser l'éphémère stabilité mentale que le Juge se force à garder en place. « Passons... Je suivrais ton conseil. » Malgré toute la bonne volonté du Cyclope, ce dernier ne semble pas posséder toutes les informations. Le Seigneur Thanatos aura sûrement de bien meilleures informations au sujet du premier conflit Olympien.

Portant la cigarette à ses lèvres, il écoute le Cyclope, intrigué par ces nouvelles paroles. « Un dieu unique ? Cela voudrait dire que les humains se sont... détournés de nos dieux ? Selon cette religion, qui s'occupe de la Mort? Dans quel lieu vont les morts ? Comment sont représentés les concepts ? » Qu'une entité se considère comme l'unique maître de ce monde... « Qu'est-ce qui a mené à cette situation ? Et que doivent sacrifier les humains pour satisfaire ce... dieu unique ? Agneau ? Veau ? Être humain ? » Par le passé, pour s'obtenir les faveurs d'un dieu, il fallait donner. Un échange de service mutuel : en sacrifiant tel animal, à un jour précis, il était possible de recevoir une réponse positive. Jamais trop, juste assez pour aider le croyant... Mais comment demander à un dieu unique ? Un jour il est là pour les cultures, l'autre pour l'argent, le troisième pour une meilleure santé ? Pitoyable concept...

« Enfin, poursuivons. J'imagine que j'ai beaucoup de choses à apprendre sur cette nouvelle époque... Comment fonctionne ce monde par exemple ? Quelle est la place de nos dieux suite à l'arrivée de cette religion ? » Deux nouvelles questions, l'une – la première – semblant presque impossible à préciser pour le Juge. Sans le montrer, il doit bien l'avouer : il est un peu perdu, ne sachant pas quelles précisions demander sur le fonctionnement du monde. Depuis ce panorama, la seule chose nouvelle dans ce monde qu'il observe est ce château.

Le reste ? Impossible de dire ce qui a changé sans le voir.

Toujours en quête de réponses, Eurynomos observe le Cyclope, alors qu'il répond, peu à peu, à ce souhait. Plusieurs millénaires séparent le Juge de l'arrivée des Olympiens au pouvoir – dont une grande partie en plein cœur du Tartare – et pourtant, cette information ne sera sûrement pas la plus importante. Les premiers mots de Xing Huo portent une masse importante de données, à assimiler, à écouter... Athéna, par exemple... N'ayant peu de souvenirs sur cette entité divine – à son époque, la Guerre Sainte était plus liée à la possible vengeance des Titans – il connaît tout de même son histoire, son lien avec ce père, maître de la foudre et roi des Olympiens. La fille de Zeus portait bien son titre : en tant que déesse de la Guerre – bien que moins... brutale que son frère – elle s'était fait une liste d'adversaires impressionnants. Et, tout comme son père, elle ne respectait pas ses aînés... « En effet, vous devriez avoir honte. Mais... » Il laisse alors tomber sa cigarette, suivant ses derniers mouvements des yeux – un regard plus sombre qu'à son arrivée, plus froid. Oui, il semble que la masse de données ait un effet différent que l'incompréhension, ou le sentiment d'être perdu. « … les Spectres, à l'inverse des humains, savent racheter leurs fautes. » La confiance ne se gagne pas en une seule rencontre, la seule origine de cette petite remarque venant de sa propre expérience, de ce qu'il avait pu observer... La Mort n'est pas conciliante...

Écrasant le mégot – une habitude qu'il n'a jamais eue à apprendre de quelqu'un d'autre – le Juge continue d'écouter l'exposé de Xing Huo sur les idées religieuses actuelles et plus précisément ce « Dieu Unique »... Différents titres, un nom interdis, des oppositions, des paroles différentes. Quelle religion étrange était née ? Aux yeux du Juge, elle semblait se nourrir bien plus des conflits et autres oppositions que d'une véritable union... « Les chimères ne possèdent aucune cohérence... ceci explique sûrement les différentes... interprétations. » Consterné – peut-être quelque peu amusé, par cette religion vide d'essence, bien que ce sentiment va rapidement disparaître – il garde pourtant toujours l'oreille tendue, intéressé par les réponses du Cyclope. Ce n'est pas parce que le monde est devenu le terrain de jeu d'une illusion qu'il ne faut pas apprendre à le connaître.

« Tout et rien à la fois... voilà ce qu'il semble être. » C'est ainsi que réagi le Juge suite aux explications du Spectre. Traditions, prières et sacrifices sont des moyens de communiquer avec les dieux. À une époque, Déméter répondait aux demandes de terres fertiles, seulement si on lui faisait honneur. Mais, avec une population qui ne peut se mettre d'accord, comment communiquer avec « Lui » ? Comment peut-il utiliser sa « toute puissance » ? Ne pouvant s'empêcher d'esquisser un sourire en entendant le chapitre sur les morts, leur jugement et le choix entre Paradis et Enfer, Eurynomos s'appuie sur le balcon. « Serais-je revenu pour rien ? » Démons... Un terme qui avait bien plus de puissance à l'époque. Basculant le visage en arrière, semblant réfléchir, les bras croisés, il reprend. « Si je comprends bien tes mots... Chaos, le Créateur... L'Elysion, les Prisons Infernales, ou même... le Tartare. » Il penche un peu la tête sur le côté, soupirant en remarquant sa propre hésitation dans l'utilisation du mot. Il fallait vraiment qu'il sorte ces souvenirs de sa mémoire... « Cette religion ne fait pas que copier les différents concepts, elle redistribue tous les rôles à une seule entité, écrasant ainsi toute notion d'équilibre... Quand au corps et au sang de Jésus... Quelle arrogance. Le sang d'un dieu est une substance sacrée... En faisant croire qu'il est possible de symboliser l'Ichor par un rituel routinier... Il faut être un fou arrogant pour bafouer à ce point une chose aussi importante que ça. » Le monde a-t-il changé à ce point ? Oubliant les principes les plus simples – et pourtant essentiels – pour les transformer en des symboles quotidiens ? Instinctivement sa main gauche se sert contre le balcon. Les simples mortels ne comprennent pas le lien existant entre un dieu et ses adeptes... Même lui, malgré ce qu'il est par rapport à Thanatos, malgré ce qu'il a vécu, ne peut voir qu'une petite partie de la puissance d'une telle entité. Alors, eux...

Vraiment, dans quel monde est-il arrivé ? Est-ce vraiment le même qu'il a quitté ?

Le sujet dérive de nouveau, se concentrant sur la situation actuelle des dieux olympiens. Ainsi, Athéna aurait vaincu des « ennemis voulant s'en prendre à la Terre » ? Quelle étincelle avait fait naître le désir, dans l'âme divine du Sombre Monarque, de conquérir au-delà de ses frontières ? Les terres immortelles ne sont pas les plus simples à gérer, pourtant... Malgré toute la bonne volonté de Xing Huo, seul un dieu pourrait répondre à cette question. C'est en tout cas la pensée du Juge, ce dernier continuant d'écouter les explications de l'Ancien. Guerre Sainte, tentative de retour au pouvoir des dieux originaux, l'évolution de l'être humain... Voilà le genre de choses qui se déroulent durant une absence de plusieurs millénaires... Les repères se brisent, les mentalités changent. Mais le retour peut parfois être violent et c'est Poséidon, selon les propos du Cyclope, qui s'est occupé de ça. « Que s'est-il passé avec Poséidon ? Une raison particulière l'a poussé à s'attaquer aux Humains ? D'ailleurs, comment les humains se sont comportés suite aux deux révélations, celle d'il y a trente ans et celle d'aujourd'hui ? » Concernant les raisons, Eurynomos avait l'habitude de dire, par le passé, que les dieux n'avaient pas besoin de raisons. Ce sont des dieux, c'est tout.

« J'ai une autre question. » Un détail l'avait marqué dans tout ce qu'avait pu dire l'Ancien et cela concernait Thanatos. « La Mort est d'ordinaire le pouvoir dominant ce monde. Les humains naissaient, vivaient, puis ensuite le destin était respecté et ils mourraient. J'imagine que cela n'a pas changé. Par contre... » Se caressant le menton, essayant d'imaginer sa propre question, de la concevoir, de l'accepter... avant de se lancer. « Qu'est-ce qui offre à un être humain... » Ou un dieu se faisant passer pour un mortel, dans notre cas. « … une influence dans ce monde ? »

HRP : Xing Huo, service de renseignements des Enfers.

« Je ne manquerais de demander à cette personne des précisions à ce sujet... Quel est le nom de cette collègue ? » Il faut bien faire travailler les autres Spectres, bien que l'envie ne soit pas de poser des questions par pur plaisir. Plusieurs réponses et précisions permettent d'avoir un meilleur regard... Ce n'est qu'ainsi que le Juge pourra laisser derrière lui cette période de transition. Malgré tout, l'apprentissage terminé ne sera pas synonyme de parfaite assimilation et Eurynomos devra lui-même faire quelques... compromis. Une perspective qui ne l'enchante guère, mais si les armées du Seigneur Thanatos, sont présentes actuellement dans ce monde et que lui-même s'y est intégré, la logique, ainsi que la loyauté et le respect de la hiérarchie, veulent qu'il en fasse de même. Au moins d'une certaine façon.

Puis, actuellement, peu de choses enchantent le Griffon : l'apparition d'une nouvelle forme de spiritualité, au détriment du culte polythéiste. Les différentes défaites de l'armée infernale contre celle de la fille de Zeus. Pourrait-il en venir à regretter l'enfermement ? La question ne se pose pas réellement... Après tout il avait été sorti du Tartare par Thanatos. Peu peuvent se vanter de devoir quelque chose à la Mort elle-même.

Toujours appuyé sur le balcon, il pousse sur ses bras, se soulevant pour se poser totalement sur l'avancée en pierre. S'installant en tailleur, le Spectre ignore totalement la présence du vide infâme derrière lui, se concentrant sur les prochaines paroles du Cyclope. Hochant la tête, le Juge comprend plutôt bien les premiers mots – cela fait longtemps – de son interlocuteur. « Oui, tu as raison. Voilà une mentalité qui n'a pas trop changé. Bien qu'à l'époque, les religieux possédaient une certaine importance dans la société, eux aussi. Peut-être est-ce toujours le cas ? » Cela ne serait pas surprenant pour lui. Un Dieu Unique est une figure puissante, il est impossible de nier ceci et ses représentants doivent sûrement avoir un mot à dire... C'est en tout cas ce qu'il arrive à imaginer dans son esprit. Mais les rapports entre la religion et la politique ont toujours été étrange, subtiles... Et il est difficile d'imaginer que plusieurs millénaires suffisent à modifier cette vérité. Voilà en tout cas un élément que je peux facilement assimiler.

La suite n'est d'ailleurs pas plus difficile à comprendre, en tout cas les bases... Le troc avait ainsi été remplacé par ce système... l'argent. Ils ne semblaient pas s'être foulé pour le nom... La suite rappelait à Eurynomos les échanges qui pouvaient exister entre pays, l'utilisation de trésors pour s'attirer des faveurs, ce genre de choses... Les mots étaient différents, mais une grande partie du concept restait le même juste... simplifié. « Cet... argent est donc utilisé par tout le monde ? Et... sur chaque chose ? Par exemple, si je prends ce livre... » Montrant l'ouvrage en question. « Pour pouvoir le posséder, je dois donc donner de l'argent ? » Et sous quelle forme ? Mais plutôt que d'écraser Xing Huo avec des questions, il préférait déjà comprendre un peu plus le système, le laissant ainsi continuer tandis qu'il précise la position de Thanatos dans le monde mortel. D'ailleurs, il ne peut cacher une certaine surprise en entendant que la Mort possède une armée en plus. « Pourquoi un tel rassemblement de forces ? Les Spectres ne suffisent pas ? » Encore des questions... mais que peut-il y faire, à chaque réponse, le Philippin apporte de nouvelles révélations et, fatalement, de nouvelles interrogations.

Et elles continuent d'arriver. Science ? Voilà un mot dont il ne connaissait pas totalement la définition, bien que les propos du Cyclope l'aident à se forger une possible idée sur le sujet. Inventions, développement du corps... Ils tentent donc de fuir la mort. Un léger rire traverse ses lèvres à cet instant précis. Gagner de l'espérance de vie ne fait que retarder l'inévitable. Et pour ceux qui, comme lui, se sont approchés du dangereux fruit de l'immortalité, regrettent rapidement ce geste. En tout cas, celle du Tartare. Qui voudrait, au prix de plusieurs années d'existence en plus, ressentir l'agonie la plus ignoble de ce monde ? Lui-même continue de ressentir les séquelles, alors un simple humain ? Si la Mort existe, c'est pour une raison bien précise... « L'espérance ne les sauvera pas... Je pense que j'aurais besoin de plus d'informations sur cette science, mais ce n'est pas le plus urgent. » Et en ce qui concerne la Lune... Espérons que ce soit l'œuvre d'une femme et non d'un homme. Artémis reste quelque peu pointilleuse sur le sujet. Tout comme l'est Poséidon avec la défense des Océans.

Une situation explosive, voilà ce qui est venu au monde suite à l'évolution du comportement humain. Si la faute n'est pas forcément à la « science » - le Juge ne connaît pas suffisamment le sujet – c'est bien le respect, ou plutôt l'irrespect, de l'Homme envers la nature qui est en cause. D'un simple point de vue extérieur, les raisons poussant Poséidon à agir ainsi restent... louables. Le frère de Zeus défend son territoire et cherche à détruire la « pourriture » qui a pu s'y infiltrer. Que les humains apprennent de cet événement... Dans ses souvenirs, oui, les mortels respectaient les différents éléments de la Nature. La raison était simple. « Il y a bien longtemps, les civilisations vénéraient la Nature car ses fragments, ses éléments, étaient représentés par des dieux. Certains étaient même l'essence de ceux-ci... C'était un devoir, ainsi qu'une question de bon sens. » Le courroux du Roi des Océans laisse imaginer pourquoi. Maintenant, a-t-il attaqué les humains seulement pour cette raison ? Qui sait... Écoutant le reste de l'histoire, il ne s'étonne pas de savoir qu'Athéna s'est exprimée, lors des deux révélations... Son absence d'action, tout de même, est surprenant, selon le portrait dressé par le Philippin.

Pourquoi une telle inaction alors qu'elle semble jouer le rôle de gardienne de l'ordre sur Terre ?

Une question qu'il n'a pas le temps de poser – peut-être au grand plaisir de Xing Huo – puisque son interlocuteur commence à fouiller sous son surplis. Penchant un peu la tête sur le côté, Eurynomos plisse les yeux. Mais que cherche-t-il ? Puis, après quelques secondes, le Philippin sort enfin l'objet tant convoité, avec une fierté non dissimulée. Avançant un peu le visage vers lui, son regard devient plus intrigué... « Quelle est cette chose ? » Comprenant qu'il voit un léger reflet de lui-même, il lève un peu la main – une petite vérification embarrassante – avant de poser ses yeux sur l'Ancien. « Ce... miroir... va me permettre d'observer le passé ? » Oui, bon... c'est ce qu'il a compris.

« Smartphone... » Ça y est, son esprit commence à décrocher. Se grattant la tempe, il regarde l'objet, tout en suivant les rapides explications du Philippin. Communiquer avec des gens se trouvant à l'autre bout du monde en ayant l'impression qu'ils sont à côté ? Le concept lui semble difficile à croire... Mais la suite est encore plus irréaliste pour lui. Comment remplir ce petit objet avec autant de contenu ? Et quel est ce pouvoir qui lui permet de montrer les images du passé ? Mais plutôt que de poser ces questions, il continue d'écouter ce qui est – depuis le début de la conversation – un véritable exposé. Il ne peut pourtant s'empêcher de lancer un premier commentaire, au sujet de cet objet... « Cela devrait... m'aider à mieux découvrir ce monde. Enfin en partie. » La dernière partie du commentaire était extrêmement importante pour le Juge... Ce dernier ne voulait pas considérer qu'une « boîte à miracle » devait être la seule chose sur laquelle il pouvait compter pour son apprentissage.

Il avait besoin des Spectres pour ça. Xing Huo, ou encore... « Andréa de la Liche donc... » L'Étoile Terrestre de l'Immortalité. Dans l'esprit du Juge, il a toujours observé cette Étoile comme le « rêve fou » des êtres humains de posséder ce qu'ils ne peuvent atteindre. Un espoir les guidant à s'approcher de trop près de la Mort... d'en devenir de simples pantins. Mais ce n'est qu'un avis personnel et ses propres souvenirs sont bien trop lointains pour qu'il arrive à se souvenir de l'avis qu'avait Kochtcheï à ce sujet. L'ancienne Liche a dû en vivre des Guerres Saintes contre la déesse de la Sagesse. Qu'était sa réaction lors de la première ? Qu'elle aurait été celle d'Eurynomos ? « Je me souviendrais de son nom et... tant qu'on est sur ce sujet. Quels juges sont actifs actuellement ? »

Reposant ses yeux sur le smartphone, il suit les doigts du Cyclope – heureusement qu'il n'en a que le surplis, le résultat aurait été désastreux – s'activer sur l'écran. Récupérant en même temps son paquet de cigarettes, il en sort une pour l'attraper entre ses lèvres. À nouveau, une petite étincelle cosmique vient l'allumer, posant le paquet à côté de lui. Peu à peu, ce monde commence à se dévoiler à lui. L'argent n'est pas une simple méthode « d'échange », la société semble s'appuyer dessus. Oh, à l'époque, il y avait déjà des éléments de finance, mais aux yeux du Juge, l'évolution est bien plus importante... Ceci explique ainsi pourquoi cet argent est important dans la définition de la puissance d'une personne. Le Dieu Unique n'est peut-être pas la seule entité dirigeant, finalement, ce monde. L'argent, bien plus matériel – de ce que le Spectre comprend – a bien plus d'impact sur la vie de ces utilisateurs... là où un dieu sans traditions définies ne peut rien faire. « Je comprends... ainsi Sa Seigneurie peut agir tout en s'intégrant parfaitement dans cette nouvelle société. De plus, j'imagine que les glaives, lances et autres armes... primitives... ne sont plus d'actualité. » Comment se battent-ils ? Comment survivent-ils ?

Cette question, il n'aura pas à attendre longtemps avant de connaître la réponse, car la vidéo elle-même lui offrir ce qu'il souhaite. Des scènes défilant, montrant parfois Poséidon prendre la ferme décision de se dévoiler, de prendre la tête d'une véritable action. L'apparition des créatures du Seigneur des sept mers et les démonstrations de puissances de son armée, voilà qui accompagne la réponse à son commentaire : oui le fer et l'acier se sont effacés face à la puissance du feu. Quelques frissons parcourent même son corps, alors que des images montrent la puissance des dieux. Ce genre de spectacle – extraordinaire, avouons le – a toujours eu un impact important, qu'importe l'époque. Mais si tous les habitants de ce monde sont équipés de ce smartphone, ou d'autres moyens identiques, alors ils s'en souviendront, tous... Ils se rappelleront, dans dix ans, dans cent ans, le discours de Poséidon. Les enfants de leurs enfants parleront à leurs progénitures des créatures aquatiques, s'élevant en front commun contre l'Homme Destructeur.

Encore faut-il que ce soit l'histoire qu'ils décideront de raconter...

« Ce que j'en pense ? » Réagir à ceci reste difficile, même pour lui. Portant la cigarette à ses lèvres, il attrape le paquet, invitant le Cyclope à en prendre une s'il souhaite, réfléchissant en même temps. « Les colères de Poséidon sont mémorables... Cela suffira-t-il à faire changer le comportement de la race humaine ? La vérité est que j'ai du mal à croire en eux et ce, depuis toujours. » Fermant les paupières, le Juge hausse légèrement les épaules, avant de pointer du doigt l'appareil. « Quelle décision avait pris Sa Seigneurie au moment des faits ? Et tout à l'heure tu m'as parlé de la réaction d'Athéna... j'aimerais bien la voir, si tu peux. » Puis, caressant son menton, il demande alors, simplement.

« Et toi, en tant que Spectre, que penses-tu des actes de Poséidon ? »

« Uhm... Nous ne sommes donc pas au complet. » Mais la situation ne semble pas catastrophique pour autant. D'une certaine façon, le premier Griffon ne regrette pas l'absence d'un Rhadamanthe, les rejetons de Zeus n'étant pas la chose qu'il souhaite voir le plus rapidement. Ainsi, apprendre que l'actuelle Garuda répondait au nom de Lyne satisfaisait sa profonde rancœur... bien qu'il existe toujours la possibilité que le Roi des Myrmidons ait la possibilité de remplacer son âme par la sienne, mais sans échanger avec cette collègue, impossible d'en être certain. Et concernant les mesures prises... Le Griffon n'avait pas besoin de beaucoup d'éléments pour imaginer ce qu'avait pu subir cette Wyvern à la loyauté incertaine.

Ramenant le paquet de cigarettes à ses côtés, les yeux du Juge observent toujours Xing Huo préparer la nouvelle image, tandis qu'il replace dans son contexte celle-ci, tout en répondant à une question sur les décisions du Seigneur Thanatos. À ce sujet, Eurynomos ne pouvait qu'acquiescer au premier argument, incontestable. La politique infernale a toujours été et ce bien avant qu'Hadès lui-même ne monte sur le trône, de juger les humains pour ce qu'ils font durant leur vie. Il n'y a donc rien de surprenant à être en accord avec les actes du dieu des mers, qui se pose comme « juge et bourreau » dans la défense d'un domaine naturel. Et cela serait un bon exemple de la puissance des déités, bien que le Griffon doute déjà de la capacité de l'être humain à accepter l'évidence... Un second argument par contre s'incruste dans la conversation. « Une défaite ? C'est sûrement hors contexte, mais face à quel ennemi ? Athéna ? » Incontestable lui aussi, il intrigue pourtant le Juge qui commence à évaluer les potentiels alliés et adversaires des Enfers. Mais, rapidement, autre chose vient s'ajouter à sa curiosité : l'artefact dont fait mention le Philippin. « Pour que ce soit la clé de leurs victoires précédentes... cet artefact devait utiliser une des faiblesses de notre armée... Scellait-il nos Étoiles ? » Pour avoir lui-même ressenti quelque chose de similaire, il n'imaginait pas pire scénario.

Le contexte expliqué, le Cyclope lance enfin ce qu'avait demandé son supérieur. Dès les premiers mots de la déesse, une certaine noirceur apparaît dans le regard du Juge... Protection de l'humanité ? Protection du monde ? Malgré tout le respect qu'il possède pour la supériorité divin, leur règne, principalement celui de Zeus, n'est pas né d'un désir de défense... Au mieux, c'est la vengeance qui animait l'actuel roi des dieux, mais en rien la sympathie de ce monde. L'introduction amorcée, la déesse aborde enfin le sujet le plus brûlant : les différentes actions publiques des dieux. Entre la participation de différents panthéons, où tout simplement les actes de Poséidon, elle avait entre les mains une situation explosive – qui ne doit pas avoir changé tant que ça.

L'un d'entre eux à aider l'humanité ? De quoi parle-t-elle à cet instant ? Bien que ne connaissant peu les armées de Poséidon – il aurait été plus simple pour lui de faire face à des Titans – le Juge imagine mal les soldats d'un dieu réagir autrement qu'en respectant scrupuleusement les ordres de celui-ci... Mais plutôt que de gêner son écoute, il préfère garder pour lui ce commentaire – basé plus sur sa propre perception que de véritables faits. La suite du discours, par contre, lui demande de chercher dans sa mémoire la plus récente, des souvenirs qui datent de quelques minutes à peine. Xing Huo lui avait lui-même exposé l'absence d'action de la déesse. Et c'est peu après que le discours prend fin...

« Elle surveille ses arrières... » Portant à nouveau la cigarette à ses lèvres, le Juge semble certain de ce qu'il avance. « Elle défend son manque de mobilité sur tous les fronts tout en mettant en avant là où elle a pu intervenir. D'ailleurs, cela a-t-il été efficace ? » Là est la question : si une seule action d'Athéna s'avère efficace, elle peut consolider son mensonge efficacement. Mais pour ce genre de critiques, un regard extérieur au conflit – et les spectres l'étant – est bien plus intéressant qu'une personne qui dirige l'opposition aux actes de Poséidon. Ou en tout cas une partie de celle-ci. C'est aussi pour cette raison que le Juge souhaite connaître l'avis du Cyclope : bien plus expérimenté que lui dans les affaires qui concernent cette époque – la sensation de savoir qu'un spectre bien plus jeune que lui en connaisse beaucoup plus est étrange –, il doit être suffisamment extérieur au conflit pour avoir ses propres opinions.

« Poséidon a disparu ? » Surpris par cette révélation, il se pince un peu la lèvre, écoutant l'avis de Xing Huo, hochant alors la tête. Il devait se résoudre à accepter l'évidence : la situation mondiale est différente que par le passé et les... nouvelles évolutions du genre humain peuvent se retourner contre les dieux, en tout cas, d'une certaine manière. « Tu n'as pas totalement tord. La colère de Poséidon sera inoubliable... et ce genre de choses va aider à le rappeler. » Il montre de sa main libre l'appareil du Philippin, avant d'expirer quelques volutes toxiques, reprenant ensuite la parole. « Mais... cela va aussi avoir un impact négatif. Tout le monde se rappellera son absence, dès qu'elle sera remarquée, parce qu'il s'est mis en avant, peut-être trop. De plus... Dans un monde où les humains se sont éloignés de leurs dieux, il n'est pas difficile d'imaginer ce qu'ils vont penser : les dieux reviennent pour faire souffrir la race humaine. Ils vont craindre Poséidon... puis le détester. »

Si un dieu est lié à la foi de ses croyants, que se passe-t-il lorsqu'il est détesté ? Au mieux, même si le roi des sept mers revient, il ne deviendra qu'une entité dont le monde ne voudra plus... Sera-t-il capable de reprendre alors sa place ?

Il n'était pas trop difficile pour Eurynomos d'imaginer l'envie des Spectres de récupérer enfin cet artefact et la réussite de cette opération supprimait la seule faiblesse véritablement handicapante des prétoriens infernaux. Quant à l'emprisonnement du Sombre Monarque... le Juge n'avait jamais eu besoin de demander à Xing Huo ce détail. Le Seigneur Thanatos s'était lui-même fait porteur de cette... nouvelle. Après réflexion, Hadès n'aurait sûrement pas accepté le retour de la créature. Une époque révolue, selon le Roi des Enfers. Et les raisons sont nombreuses, allant d'une envie de se débarrasser de ces êtres du passé – trop infernaux, pas suffisamment olympiens – à un possible conflit qui aurait pu naître entre eux et le dieu. Le tout passant aussi par le souhait de Zeus de diriger au mieux chacun de ses frères en intégrant dans leurs armées certains de ces élus.

Mais certaines histoires restent secrètes, en tout cas pour le moment. Mettre en avant un passé de possible opposition entre le maître des Enfers – bien qu'absent – et un général de son armée serait une très mauvaise idée. Il y aurait un risque important que cela se retourne contre le Faucheur lui-même. Après tout, s'il est celui qui a ramené un ancien esprit emprisonné du Tartare, ne ferait-il pas preuve d'une certaine désobéissance envers Hadès ? Les Dieux sont des entités à la mémoire extrêmement développée... ils n'oublient rien et surtout pas les prisonniers envoyés dans les tréfonds du Tartare. Ainsi, par respect pour le Seigneur Thanatos, le Griffon reste le plus secret sur son propre jugement concernant le dieu des Enfers – que ce soit son absence, sa capacité à gérer le domaine, ou tout simplement la relation qui a pu exister entre eux. « Bravo pour la réussite de cette mission. » Faisant tomber de la cendre sur le sol. « Espérons qu'aucune autre divinité ne possède un artefact aux pouvoirs identiques. Cela serait bien dommage. »

Il n'y a qu'une seule véritable méthode pour qu'un Spectre disparaisse – définitivement. Sombrer dans le domaine le plus profond de la Mort, là où aucune Étoile ne pourrait briller. Après tout, aucune âme n'est suffisamment valeureuse ou glorieuse pour échapper au Faucheur.

« Il n'y a pas de problèmes. » Depuis sa libération, le Juge s'est lui-même surpris à perdre le contrôle de ses paroles, ces dernières déviant totalement de l'image qu'il conserve en ce moment. Alors, il ne serait pas celui qui critiquerait un seul petit écart - plusieurs ? Ce sera à voir. Puis la frustration est parfois difficile à canaliser, surtout lorsque celle-ci naît d'un discours parfaitement biaisé par l'inaction de la Sagesse. D'ailleurs, au fil des explications de son interlocuteur, Eurynomos tentait de comprendre ce manque de réactivité de la déesse. « Je n'ai jamais eu le... plaisir... d'échanger avec Athéna... » Rien de bien surprenant, quoique qu'elle était déjà bien présente à l'époque... Le Juge refusait simplement de s'impliquer dans les affaires des Olympiens – frustration, quand tu nous tiens. « ... malgré tout, je sais qu'on lui donne aussi la stratégie militaire comme symbole. Il est bien possible que la déesse utilise cette situation à son avantage. Je ne connais pas toutes les décisions militaires prisent par les Spectres, mais je conseillerais de toujours garder une certaine surveillance à leur sujet, dans la mesure du possible. » Conspiration, politique interne, etc. Difficile à croire, peut-être, mais dans un monde où les dieux se battent jours après jours, il ne serait pas surprenant que l'un d'entre eux ne tente pas de profiter d'une situation. Puis, après tout, n'était-ce pas le but de sa position de Juge des Enfers ? Évaluer une situation, selon les faits qu'on lui donne et, au mieux prendre une décision, au pire conseiller.

Et si des informations manquent, nul doute que Xing Huo saura les apporter.

Chose qu'il semble faire le mieux possible, puisqu'il ajoute une petite information à un précédent jugement d'Eurynomos. Se penchant pour respecter le cadre quasi-confidentiel de cette information, il reste quelques secondes silencieux, levant ses yeux vers le visage du Philippin. « Bien... Si Sa Seigneurie s'occupe d'enquêter personnellement nous devrions avoir des réponses à ce sujet. Maintenant, je ne connais pas encore suffisamment cette nouvelle société humaine mais... ils risquent beaucoup pour garder leur pouvoir, aussi éphémère qu'il soit. C'est pitoyable. » Penchant la tête sur le côté alors que son interlocuteur semble se parler à lui-même, le Griffon se souvient alors de quelques explications de l'ancien. Les humains se sont développés efficacement, surtout au niveau de l'armement. Selon lui, ils sont capables de vaincre de faibles éveillés...

« Cet arsenal... » Il se redresse légèrement, regardant en direction du puits des enfers. « À quel point est-il puissant, par rapport aux forces militaires des dieux ? Devons-nous rester vigilant face à cette … pêche fructueuse des armées de Poséidon ? » Et que veut dire nucléaire au fait ?

« Je n'imagine pas les dieux partager les nombreux secrets et objets dont ils sont propriétaires » Enfin, il y a bien quelques exceptions. Réussissez des épreuves que le commun des mortels ne pourrait dépasser, tuez une créature cent fois plus précieuse qu'un millier d'âmes humaines ou soyez le fruit de l'union étrange entre un dieu – Zeus, principalement – et votre mère, alors ces différents secrets vous seront dévoilés. En fait, les meilleurs candidats sont ceux qui possèdent les trois qualifications à la fois. Enfin... tout ça pour montrer à quel point il était difficile de repérer de tels objets et surtout totalement inefficace de fouiller la planète entière en espérant trouver quoique ce soit. Quand les dieux veulent cacher leurs secrets, ce sont les plus doués pour... Mais même sans savoir si ce type d'objets existait, les Spectres gardent toujours un semblant d'avantage... ne serait-ce que grâce aux actions qui se sont déroulées suite à la confiscation de l'artefact en question aux Saints. Même si, pour être totalement honnête... « Je ne connais pas cet arbre, mais cela ne change rien : félicitations à eux pour un tel exploit. C'est une grande victoire pour nous et la disparition de leur artefact est une formidable perte pour les forces armées d'Athéna. »

Mais l'effet de cette défaite ne sera que temporaire et la Sagesse saura utiliser ses ressources. Les dieux et les humains – ou mêmes les non-humains – qui se lient à eux sont capables de renverser une situation... Si les Spectres se sont bien débrouillés pour récupérer l'avantage, il ne fallait pas le perdre. Bien entendu, ne connaissant pas les prochains mouvements de son Maître, Eurynomos ne pouvait que théoriser sur les envies de celui-ci, bien que certaines informations sont certaines. Par exemple, le Philippin a affirmé du souhait du Faucheur d'enquêter sur les projets des humains. « C'est prévu, même si j'imagine que notre Seigneur est très occupé en ce moment. J'espère pouvoir échanger avec lui sur cette affaire. » Et sur quelques éléments plus privés. Quelques réponses demanderont la sagesse de la Mort elle-même. « De plus, il est rare que les conflits dominés par les dieux laissent place à une quelconque forme de hasard... Il est certain qu'Athéna sait diriger ses troupes, sinon elle ne serait pas ce qu'elle est. » Un dieu reste un dieu, malgré ce que le Juge peut ressentir pour lui – elle, dans ce cas précis. Bien entendu, il ne doute pas que le Seigneur de la Mort soit déjà au courant... Après tout, combien de Guerres Saintes a-t-il observé ?

Combien sont-ils, ces humains bénis par Athéna, à s'être pris pour les défenseurs de la vie en combattant les Enfers ? Il sert son poing en imaginant les différents combats, ces défaites... La seule consolation que le Juge arrive à trouver à cette mascarade est l'espoir brisé de ces combattants au moment de leur mort. Qu'importe les efforts d'un adversaire divin, ou de l'humanité tout entière, la mort elle-même ne peut être vaincue... Elle est parfaitement naturelle, même si ses moyens, eux, peuvent être liés à une intervention. Maladie, meurtre, guerre, agonie, sommeil voir le temps... il y a autant de façon de mourir qu'Odin possède de nom – enfin, c'est ce qu'on dit. Et même si un miracle venait à apparaître – du genre, trouver la formule de l'ambroisie...

... les messagers de la Mort s'occuperont de briser leurs espoirs. Car toute chose doit mourir. Et cette constatation, cette vérité, apporte une certaine ironie aux explications du Cyclope concernant cette magnifique invention qu'est le nucléaire.

« Ne sont-ils pas... fascinants ? » Se redressant, le Juge avance de quelques pas, tandis que ses lèvres s'étirent en un sourire, bien plus expressif que les précédents. S'appuyant sur le balcon, il observe les profondeurs du puits, un léger ricanement accompagnant ces nouvelles paroles. « Les humains ne peuvent faire preuve de sens du sacrifice, d'humanité, de... compassion. Leur objectif est bien plus simple : la survie. Ils prient les dieux pour recevoir des bénédictions. Ils veulent du pouvoir, garder celui-ci et en gagner encore plus. Ils plongent dans de longues recherches pour trouver un moyen de vivre plus longtemps... Et voilà le plus ironique... Pour détruire leurs ennemis, ils sacrifieront leurs frères et leurs sœurs, leurs enfants et leurs parents... jusqu'à leur propre monde et vie. Leurs pulsions autodestructrices... voilà ce qui est fascinant. Éviter la mort, tout en s'y approchant, souhaitant danser à ses côtés. » Un frisson traverse son corps, alors que la vision d'un enfer terrestre – formé par l'utilisation de cet armement disproportionné – traverse son esprit. Fascinant ! Oui, cette idée est vraiment fascinante... L'ambition des humains prenant la forme d'un souffle destructeur, d'une chaleur purificatrice ou d'un poison éternel, tout ça pour annihiler ses propres concepteurs. Voilà ce qui arrivera à ceux qui tentent de jouer aux dieux. « Ils ressemblent à Icare. »

Inspirant légèrement, il écrase sa cigarette, son sourire s'effaçant. « Mais, seront-ils punis par les dieux ou par leur propre ambition ? En tout cas, s'ils détestent Poséidon, ce n'est pas pour leur propre extinction... Ils se débrouillent bien tous seuls. De plus, il y a des lieux bien plus terrifiants que le monde des morts. » Haussant légèrement les épaules, ses paupières viennent cacher ses yeux. Pendant un court instant, il a réussi à perdre le contrôle de sa propre fascination... Harcelée depuis le début par cette masse d'informations, il semble normal de passer par ce point de rupture.

Ouvrant et fermant sa main gauche il reprend, changeant de sujet – ou plutôt revenant au sujet premier de cette rencontre. « Que faut-il connaître d'autre sur ce monde ? Si le mode de vie à changer, j'imagine que m'intégrer ne sera pas le plus simple. As-tu des conseils ? »

« Le Maître des carnages qu'est Arès a dû apprécier cette évolution de l'être humain. Plus d'armes, plus de guerres. » Malheureusement pour Athéna, elle partage son titre – bien qu'avec des perceptions totalement différentes, le Vautour en convient – avec son frère guerrier. Un dieu de la mort lui-même pourrait y trouver son compte... Plus d'armes, plus de façon de tuer – un principe qui fascine tant Eurynomos. Mais un autre constat arrive jusqu'à lui en se rappelant les mots de son interlocuteur sur l'argent et sa présence importante dans ce système de vie. Les humains marchandent-ils aussi la mort ? Une telle idée est suffisamment surprenante pour le Juge, qui cherche à comprendre – par des chemins tortueux – de quelle façon ils peuvent donner une valeur à un objet de mort. Est-il lié à celle d'une vie et de sa capacité à tuer ?

Mais un tel débat serait bien trop difficile à comprendre pour lui actuellement. Sa seule expérience de cette nouvelle société est une conversation jugeant et dévoilant son évolution. Le système, sa capacité à évaluer la valeur d'une chose... Non, une telle question pourrait le perdre. Autant la garder, dans un coin de son esprit... La garder jusqu'à ce qu'il se sente prêt à poser cette question. De plus, est-il vraiment nécessaire de parler de nombreuses heures des erreurs humaines, ainsi que du fonctionnement de la pensée des Filles et Fils de Prométhée ? Ils en avaient déjà bien assez dit comme ça.

C'est donc avec un certain intérêt – et une envie de se concentrer sur sa propre intégration – qu'Eurynomos écoute les nouvelles explications de son interlocuteur. Tout conseil est bon à prendre et l'ancien semble avoir une certaine expérience. Les Spectres, ironiquement, sont ceux qui peuvent le mieux utiliser le « leçons de la vie ». Hochant légèrement la tête, il partage tout de même son avis sur les premiers objectifs à atteindre. Malgré son manque de connaissance de cette nouvelle époque, il peut facilement imaginer la différence entre une « petite localité » et une importante cité. Bien que le terme « états-uniennes », entre autre, soit assez étrange à ses yeux... Le petit passage concernant ses pouvoirs, ou même les dieux, ne surprend guère Eurynomos, après tout ce que Xing Huo avait pu lui expliquer. Les humains doivent maintenant être tendus, de peur de croiser un éveillé ou pire, un dieu, au coin de la rue. La discrétion, meilleure amie du Spectre.

« La Liche ? » Se caressant le menton, ce serait une bonne idée d'y aller avec elle. Le Griffon n'a jamais trouvé très intéressant de causer avec les Squelettes... Bien qu'il en ait rencontré quelques uns depuis, le dernier milicien à s'être intéressé à lui – de près, de trop près – n'a pas survécu. Mais qu'importe. « Si elle n'est pas occupée par un ordre de Sa Seigneurie, sa compagnie sera, je pense, bien plus intéressante pour moi que les Squelettes. » D'une certaine façon qui est le plus à plaindre ? Un Garde Squelette se prenant cette petite insulte dans la figure, ou la Liche qui sera obligée de répondre aux différentes interrogations du Griffon ? Enfin, aura-t-il la capacité à poser cette question, installé dans cet « avion » ? L'idée de s'installer dans une machine et de la ressentir s'envoler... Icare était en fait un très bon exemple de l'évolution humaine, ils ont réussi beaucoup d'exploits, allant même jusqu'à travers les airs, ou empêcher un Spectre de voler – ou quelconque éveillé capable d'utiliser les ailes de son armure. Les mains dans le dos, il tourne un œil en direction des ailes de son surplis. Il semble que ce petit plaisir ne sera pas pour maintenant. Voler dans le ciel des Enfers est bien différent que dans le ciel du monde des humains. « Avions, trains et voitures... » Au moins connaissait-il maintenant le nom de certains moyens de transports. « C'est noté, il ne faut pas utiliser pas les ailes et... » Il cogne un peu contre son surplis. « Nous gardons secrètes nos allégeances. Quant à l'argent... »

Penchant légèrement la tête sur le côté. « Je ne pense pas en avoir actuellement, en tout cas cela me semble difficile. Sauf si l'influence de Sa Seigneurie nous permet d'en avoir ? » Inutile de lui demander plus d'informations sur les différentes inventions citées par le Cyclope. Avions, trains, voitures, internet... D'une certaine façon, il devait aussi voir par lui-même, car c'est ce qui manquait au Juge... ainsi qu'à cette conversation. Bloqué dans cette conversation, il ne peut préciser sa pensée : loin de tout, comment peut-il de demander le nom de telle ou telle chose ? Hochant la tête, Eurynomos attrape son livre. « Je comprends. Notre Seigneur sera mis au courant de l'aide que tu as pu m'apporter. Maintenant, j'aimerais savoir si la Liche est disponible ? Ou peut-être toi ? Il me faut écouter ton premier conseil... plonger dans cette nouvelle époque. Une première localité, peu importante, est un bon début. » Tournant les yeux vers le puits des âmes, une pensée vient jusqu'à lui. Il n'est pas si différent des morts qui plongent, après leur décès, dans les entrailles des Enfers. Faire face à la Justice du Monde des Morts, découvrir les nouvelles règles, de nouveaux lieux...

La seule différence, c'est qu'on invite rarement une autre âme à nous accompagner lors de ce – dernier – voyage.

Voilà donc à quoi ressemble les guerres actuellement ? Une situation dans laquelle on accule l'adversaire, entretenant des tensions, sans avoir la folie de franchir l'ultime limite ? Peut-être, en effet, que le raisonnement du Juge était faux alors. Mais à quel point cela a-t-il de l'importance ? Malgré l'intérêt que porte Eurynomos sur l'évolution actuelle des humains – dans ce secteur en particulier – et sur la mort, oui, malgré tout ceci, son plaisir et son existence ne se reflètent pas en allant guerroyer, qu'importe la définition actuelle de la guerre. Il peut certes répondre à ce besoin – par devoir, par exemple – mais l'aspect du combat, les différentes méthodes employées, ne font pas naître en lui de réflexions.

« Le mot est, peut-être, différent, mais le but est identique. Vaincre son ennemi, c'est l'essence même de ces événements. Embuscade, trahison, stratégie, assassinat, guerre... Des moyens, des détails. Mais il est vrai que par principe, peur, bon sens, ou désir de survie – à toi de choisir le terme qui convient, selon ton point de vue – certaines méthodes ne doivent pas franchir certaines limites. » L'armement nucléaire, par exemple. Bien que la bêtise humaine fait naître des comportements intéressants à observer, il serait dangereux de laisser ces équipements militaires propager leur colère à travers les continents. Le résultat ne pourrait pas être à l'avantage des dieux... « Même si je persiste : l'être humain est doué pour trouver les moyens de tuer ses frères et ses sœurs. »

Avoir cité Arès pousse l'esprit du Juge à penser aux autres Olympiens, dont le Maître d'entre eux. Pourquoi a-t-il laissé les choses se dérouler ainsi ? Malgré le possible intérêt qu'il a pour les humains – ou plutôt, les humaines – cela n'explique en rien une potentielle inaction. Zeus n'est pas connu pour laisser d'hypothétiques menaces se réveiller – le meilleur exemple restant Athéna. Mais à quoi cela sert de réfléchir sur le comportement des dieux ? Si les dieux ne peuvent comprendre les non-divins, eux-mêmes ne peuvent le faire... qu'importe l'argile qui compose le corps de certains.

Ignorant les grognements des Squelettes frustrés, le Juge hoche doucement la tête. Il est agréable de voir que, malgré l'époque, certaines choses ne changent pas. L'ordre naturel des choses, le respect de la hiérarchie. Oh, il ne s'attendait pas à autre chose des armées infernales : les Spectres savent, mieux que quiconque, respecter cet ordre naturel. Il serait bête pour un soldat affilié au monde des morts de ne pas comprendre l'importance d'une hiérarchie. Le destin dirigeant les existences, les dieux dirigeants leurs armées... « Il ne sera pas nécessaire pour toi de quitter les lieux. » Observant la Fée apparue entre les doigts de Xing Huo, il l'invite d'une main à contacter la Liche, quelques mots accompagnant son geste. « Je dois tenter de rencontrer d'autres membres de l'armée des Enfers et ta participation a été très... appréciée. Tu peux la contacter... » Bien entendu, il fallait déjà choisir le lieu du rendez-vous.

Par chance il prendrait le temps, avec le Cyclope, de voir ses différentes options. Les différentes actions des Spectres permet de cibler quelques territoires précis, contrôlés par les armées infernales... Choisissant d'écouter le conseil du Spectre Terrestre, ils se penchent alors sur deux choix intéressants. Lochranza, un village situé dans une région du monde appelée l'Écosse et Elis, petite localité grecque. Le choix fait – sa nature appelant à voir ce qu'était devenu l'une des rare place religieuse du Sombre Monarque – il ne fallait plus que rencontrer la Liche... et prendre l'avion, c'est en tout cas ce qu'avait compris le Griffon des explications...

En espérant que les ailes de celui-ci n'aient aucun problème. Dans ce genre de cas, le vautour n'a toujours eu confiance qu'en une seule chose : ses propres plumes.
Mais la suite de cette découverte de ce "nouveau monde" continuera dans un prochain chapitre. Un chapitre vers lequel il se dirige, dès que les informations sont données.

HRP: Je pense en finir là, comme nous en avions discuté sur la CB. Désolé pour cette réponse longue à venir et merci à toi pour ce RP.