Le Père de Tout avait fait connaitre sa décision et il en serait fait selon sa volonté. Le porteur de la Järnskinn de l’Ulfark se préparait à prendre congé, comme le proposait Halfrid, ils ne partiraient que le lendemain. Lorsque soudain le guerrier de la Järnskinn de Nidhogg posa une question directement à Wulf. Ce dernier s’immobilisa alors et se retourna en direction de son collègue, le jaugeant un instant, se demandant si celui-ci était sérieux en posant cette question ? Après un bref instant de silence, il répondit.

-En temps normale, ma présence dans une ambassade n’est en rien un augure de paix, tout le contraire. Je suis l’Ulfark, j’incarne le courroux des dieux du nord et comme l’indique la peau d’ours que je porte, je suis un guerrier-fauve, un guerrier fou habité par la fureur sacrée d’Odin et qui peut sombrer dans des transes guerrières où tous, ennemi comme alliés, deviennent des proies pour moi. Voilà pourquoi je ne suis pas un bon choix pour une ambassade, parce que je suis un tueur né, pas un diplomate.

Cela faisait longtemps que les siens, les guerriers-fauves, avaient presque complètement disparut de Nordheims, en-dehors de quelques rare résurgence au cours des siècles. Mais les souvenirs reliés à leur légende demeuraient vivaces en Nordheims… ainsi que la crainte qu’ils inspiraient. Wulf repartit sans dire un mot, il quitta la pièce. Il espérait qu’Ulrich et Halfrid avait la fibre de négociateur car pour sa part, ses talents de négociateurs n’avaient pas fait des étincelles, loin de là, auprès des parias de Death Queen Island et des Athéniens.

Le lendemain, sur les quais de Norhdeims

Wulf s’était rendus le jour même sur les quais où leur navire les attendraient et avait dormis là-bas. Il avait l’habitude de dormir à la rude, y compris dans le rude climat régnant sur sa terre natale. Le lendemain, il avait attendu sur le quai ses compagnons de voyages, déjà revêtu de sa Järnskinn, celle-ci reflétait parfaitement sa nature sauvage mais, à l’instar de son porteur, elle n’avait pas encore récupéré de ses derniers affrontements, le torse était encore couvert de fissures à l’endroit où elle avait été transpercée par le héraut de Surtr.

Egill était également présent, avant le départ, il fit un bref topo sur ce qu’était Blue Graad et ce qu’on connaissait de la situation là-bas. Il remit enfin au groupe une copie de Draupnir, l’anneau (en fait plutôt un bracelet) d’Odin, symbole de pouvoir et prouvant qu’ils étaient habilités à prendre tout engagement jugé nécessaire dans ces négociations. Wulf se contenta de grogner pour signifier qu’il avait comprit et embarqua sur le Navire-Dragon qui devait les emmener à destination. Blue Graad étant une terre isolée et surtout protégée par nombre de sort, s’y transporté sans connaitre les lieux pourrait provoquer certains désagréments et des complications pour l’ambassade. L’autre raison étant que la précédente ambassade s’y était rendus également par voie des mers, suivre leur route pourrait aider à comprendre ce qu’elle était devenue. Le navire Dragon était une sorte de knorr surdimensionné, un drakkar enchanté pour pouvoir naviguer sur toutes les mers et par tous les climat… et surtout capable de servir de brise-glace dans les mers gelée du nord. Wulf pouvait admirer d’un œil connaisseur la solide coque du navire et le grand nombre d’emplacement de rames… personne dans son village natale n’aurait eut le savoir-faire pour construire un tel navire. Sur la proue, trônait la tête de dragon sculpté. Les éveillé pouvait sentir l’énergie qui s’en dégageait via les enchantements dont bénéficiait le vaisseau, il en était le point d’orgue.

Lorsque tous durent embarquer, l’équipage veilla à n’avoir rien oublié, puis l’un d’entre eux souffla dans une longue corne de brume. Du blizzard entourant le port émergèrent deux Jotunns, enfoncé jusqu’à la taille dans l’eau de la rade et s’avancèrent jusqu’au navire pour saisir les amarres et le tirer vers la sortie du port. Celle-ci étant régulièrement coincé par les glaces, l’une des tâches des deux géants était de briser celle-ci pour permettre aux vaisseaux de partir. Les deux êtres ressemblaient à des nordiques surdimensionnés mais aux traits plus primitifs, ils n’étaient pas esclaves, mais servaient asgard, preuves que les barrières entre les peuples mythiques n’étaient pas si fermées que ce que beaucoup semblaient le croire. Une foi cela fait, les rameurs prirent le relais et élancèrent leur embarcation pour la haute mer, rapidement le port disparut dans la brume du matin, seule la flamme servant de phare fut encore visible pendant quelques dizaines de minutes avant d’êtres à son tour enfouis dans la brume.


Quelques jours de voyages plus tard, sur les côtes de Blue Graad

Le voyage se passa essentiellement sans problème, même si l’équipage était en effectif réduit ceux-ci étaient visiblement des marins aguerris, prouvant que les hommes du nord étaient toujours les Seigneurs de la Mer qui avaient jadis été capable de repousser les frontières du monde connu tout en faisant trembler ses peuples par leurs raids. Maintenant, il n’y avait plus de raids, mais le savoir faire des fils de Njord restait sans pareil. L’officier dirigeant ce navire s’appelait Simö (et était à moitié finlandais) et connaissait son métier, capable de piloter son navire presque à l’aveugle.

Wulf était resté dans son coin, silencieux, l’essentiel du voyage, il ne souhaitait pas sociabiliser…. À son égard, l’équipage faisait preuve d’un grand respect pour ses accomplissements et son statut, mais on ne pouvait se départir d’un certain malaise d’être coincé sur un navire avec le guerrier-fauve. Néanmoins, il n’y eut pas de heurt. Le navire continua à avancer nuits et jours, la glace des mers du nord se brisant d’elle-même à son approche comme pour lui céder le passage. Parfois on rencontrait des couches plus épaisses de glace mais elles fondaient au contact du navire (appelé le Valsgärde) et cela créait un épais nuage de vapeur à l’avant du navire. En une occasion, Wulf vit une ombre imposante se déplacer sous la glace vers le navire, mais elle s’enfuit d’elle-même lorsque l’aura de la tête de dragon du navire commença à s’illuminer. En une autre occasion, l’équipage ouvrit la cage d’un des corbeaux embarqués et celui-ci s’envola en direction de la côte la plus proche, une ancienne technique utilisé par leurs ancêtres lors de leurs voyages.

Finalement, ils accostèrent sur une côte recouverte de neige et battu par un vent froid qui griffait la peau de ses griffes, une plage désolée, dépourvut du moindre signe de vie. Au loin, on entendait un grondement sourd, celui d’un ours blanc transporter sur les kilomètres par le vent (le grondement, pas l’ours). Après s’être assuré que c’était probablement le même endroit où le navire d’Olrik avait accosté, Wulf débarqua pour chercher des signes. Il n’en trouva guère, du moins pas d’exploitable, cela faisait bien trop longtemps que la piste était froide et il ne pouvait en trouver le début.

Le paysage qui l’entourait était bien plus morne et désolé que celui de Nordheims. Wulf en conçut un certain respect pour les habitants de Blue Graad qui devaient vivre dans des conditions au moins aussi rudes que celles des siens, cela devait avoir engendré un peuple fort à son tour. Il fit signe vers l’est.

- Si je me souviens bien des cartes, c’est par là que se tien la cité de Blue Graad.