Débarque de : https://rpgsaintseiya.forumactif.com/t26853-emissaires-infernaux

Wolgorn, après les deux échecs pourtant prévisibles des ambassades chez les Marinas et les Ases, était finalement retourné au Palais de Pandore. Parmi les serviteurs des dieux, les Spectres étaient les seuls à vouloir anéantir la Terre et ses habitants. S'entendre avec les autres et avoir une discussion constructive relevait de l'exploit et les entretiens diplomatiques étaient homériques. Difficile de jurer définitivement de ne plus mener d'ambassade tant qu'il n'aura pas le luxe de la décision, à la place il préférerait cent fois fendre des crânes, bien que la violence aveugle ne le répugne. A cause de ces futilités et de ces missions superflues, il s'était énervé et avait promis de revenir en Asgard mettre une trempe à Andrew. Ce chacal s'était cru malin en affirmant que l'Exécuteur et le Dullahan, par leur présence, faisaient passer le noble Minos pour un couard. C'était le risque, quand on s'entourait de gardes du corps, et la prudence voulait qu'une illustre personnalité -particulièrement un auguste magistrat d'envergure cosmique comme un Juge Infernal- soit entourée de deux gardiens.

Pendant qu'il ruminait la mauvaise foi, la médisance et le sophisme éhonté d'Andrew, le Bourreau ne nota pas que Rogos s'était fait houspiller par une femme Spectre. Il était trop furieux et blessé dans sa fierté pour cela et voir la dégâts causés par Poséidon sur le château ne fit que rajouter de l'huile sur le feu. L'Empereur des Mers avait déclaré la guerre au Monarque des Enfers, ce qui ne fit que confirmer une précédente intuition. Wolgorn émergea de ses pensées quand un Squelette l'informa qu'un conseil de guerre se préparait et qu'autant de Spectres que possible devaient y participer. Les fidèles d'Hadès devaient se réunir dans la chambre de Pandore, actuellement occupée par sa remplaçante, Mohana du Nâga. Puisqu'il en était ainsi, il devait y aller de ce pas.

Toujours crispé par les événements, l’Étoile de l'Exécution affichait un visage presque fermé, des rides creusées par une féroce rancœur trahissant son humeur massacrante. Ce n'était pas aujourd'hui qu'il allait faire preuve d'empathie pour les damnés lorsqu'il s'occupera de gérer les nombreuses prisons du monde souterrain. Le Russe parut donc à la chambre de la Dame Noire, actuellement habitée par une représentante bien trop jeune. Il s’abstiendrait de commentaires, on ne savait jamais de quoi elle était capable et la fourche qu'elle tenait lui inspirait une grande crainte. De plus, la Spectre de la Liche, qui avait sonné les esgourdes de Rogos il y a peu, était sur place. Le Bourreau, le casque sous le bras, s'agenouilla et déclama machinalement son identité:

"Wolgorn du Bourreau de l’Étoile Terrestre de l'Exécution à vos ordres, Maîtresse."

La remplaçante de Pandore, bien qu'ayant l'air un peu perdu, exposa à Wolgorn et Andréa de la Liche ses plans. Le Bourreau la regardait manipuler son trident tout en l'écoutant parler avec conviction, elle qui n'était pourtant qu'une enfant. Elle leur proposait donc de travailler à une mission d'évangélisation, de communiquer au plus grand nombre leur message divin, de parler aux hommes de leurs péchés, de leur châtiment et de leur rédemption. Néanmoins, livrer leur cause en pâture aux médias humains n'était-il pas extrêmement risqué ? S'ils jouaient mal leur coup, les Spectres ne pourraient pas être perçus par l'humanité comme des anges destructeurs et salvateurs comme le voudrait leur logique mais tels de vulgaires démons. Personne ne pouvait comprendre l'immensité de leur cause, ou du moins ceux dotés d'un grand sens de la justice et du sacrifice.

L'Exécuteur réfléchissait à la piste lancée par Mohana quand des Squelettes firent entrer une inconnue, en bien piteux état. Qui était-ce et que faisait-elle ici ? Une femme venue d'Ubar ? Pourquoi chez eux ? En dépit des réserves nourries par le Russe, ni une ni deux, la prêtresse la fit quand même conduire jusqu'aux appartements des serviteurs d'Hadès. Wolgorn avait deux réclamations à faire, et mieux valait se passer de celle concernant cette étrangère afin de ne pas se faire descendre. Il était préférable de faire confiance au Nâga sur cette affaire. Toutefois, celle sur les médias et la communication passait difficilement et il le fit savoir:

"Maîtresse... êtes-vous sûre de votre idée ? Nous sommes des guerriers apportant la Damnation aux criminels et le Salut aux justes. Comment parviendrons-nous à attirer les foules à nous sans les effrayer ?"

Pour nombre de gens, les Spectres ressemblaient par leur aspect punitif et militaire à des démons et Hadès, Empereur des Enfers, à Satan. Pour éviter une telle méprise, il fallait la jouer serré, montrer qu'ils avaient le pouvoir de purger la Terre du mal et de récompenser les justes. Comme Andréa le disait, ils pouvaient toujours faire de l'intimidation en trucidant des malfrats par paquets, mais quid de la dimension positive de l’œuvre d'Hadès ? Tuer des malfaiteurs minables n'amènera pas à un résultat satisfaisant mais à la brutalité gratuite d'une rixe entre voyous.

"Des gangs de rue ? Mon amie, il faut viser plus haut que ça. Nous ne sommes pas là pour rouler des mécaniques sur des faiblards." rétorqua l’Étoile de l'Exécution à sa collègue.

Décidément le juge du Griffon se rendait bien souvent sur terre ces derniers temps, en tous cas c'est la pensée qui l'agitait quelque peu tandis qu'il ouvrit avec soin la lourde porte menant dans la pièce ou se trouvaient les autres spectres et Dame Mohanna. Minos n'avait rencontré aucun obstacle a son arrivée, a la vérité il n'avait rencontré personne: pas un garde, pas un squelette ni aucune entité pour protéger ses murs antiques.... et pourtant le Griffon sentait que des visiteurs étaient venus il y a peu et cette absence de garde le surprit.
Ainsi il entra dans la vaste pièce, sans artifice, sans déploiement de son cosmos comme il lui arrivait de le faire. Il posa son regard tour a tour sur les personnages présents dans la pièce , terminant par Mohanna a qui il adressa une légère révérence de déférence: les juges n'appréciaient guère la représentante des enfers mais Minos préféraient Pandore de longue date et en son absence il se sentait d'autant plus froissé et mal a l'aise devant celle qui tenait son trident de représentante du monarque des ténèbres

Dame Mohanna j'ai rempli ma mission donnée par vous: cependant je crains que les humains et divinités de la terre ne nous soient d'aucun secours et au contraire se montrent hostiles a notre endroit.... rien de surprenant me direz vous. Dorénavant je vous saurais gré, si une autre mission venait, de me confier une mission de destruction: je suis en colère et l'étoile de la noblesse ne saurait demeurer irradiant de colère n'est ce pas?

Minos considéra les deux spectres présents

Je perturbe peut être une audience? spectre du bourreau je suis navré , j'aurais souhaité te donner de l'ouvrage avec ces stupides humains mais la diplomatie ne souffre pas le sang

Le juge des enfers tourna de nouveau son attention sur la représentante des enfers

Mohanna, puis je demander ce qu'il est advenue de Dame Pandore pour que ce soit ....vous.... qui soyez ici a sa place? Notre maitre n'est pas éveillé et trop de choses étranges se passent un peu partout qui m'échappent depuis l'attaque des Hindous

Minos se tint ainsi immobile, son regard fixé sur la représentante d'Hadès, au fond de son regard maqué par ses cheveux brillait l'étoile de la magie, cette étoile qu'Hadès avait sacrifié dans ce palais, qui avait souffert d'avoir subi les assauts de l'affection, les tourments du cœur.... et aujourd'hui devant lui un autre visage, un autre décor.

Mohana semblait d'accord sur le fait qu'une simple démonstration de force n'amènerait à rien et qu'il fallait arriver à contrebalancer l'image punitive des Enfers avec la récompense des cœurs emplis de droiture. Le problème restait cependant le même: comment mettre en forme leur propagande évangélisatrice tout en équilibrant efficacement les aspects positifs et négatifs de la justice infernale et divine ? Arriver à faire accepter aux humains leur sort, leur faire comprendre leurs erreurs et forcer leur sincère repentance n'allait pas se faire en acidulant ou en défigurant les convictions d'Hadès et de ses Spectres. L'Exécuteur ne voyait vraiment pas comment se sortir de cette tambouille de communication.

Dans un fracas retentissant et une insigne majesté arriva le noble Griffon dont le cosmos en ébullition dégageait la même fréquence que celui du Bourreau, un cosmos d'amertume, de frustration et de colère. Wolgorn abaissa la tête à son passage et l'écouta contredire le projet de médiatisation de la cause spectrale à l'attention de l'humanité. Son supérieur était bien de la même humeur que lui et avait aussi des envies belliqueuses. La mission auprès des médias d'information ne lui plaisait guère et il s'interrogea sur la présence du Nâga sur le trône de Pandore.

Malgré les réserves des hommes de l'assemblée, la jeune prêtresse insista pour que l'on envoie Andréa et le Russe faire du prosélytisme. La Liche souleva quand même la perspective intéressante d'être ceux qui mettraient fin à une guerre opposant purement les hommes. Elle avait pris le Bourreau au mot, c'était fort ambitieux, parfait pour démontrer leur force et leur capacité à châtier tout en résolvant les problèmes. Peut-être ne pourraient-ils pas faire tout le boulot tout seul, avec les armements à la puissance sacrilège dont les humains s'étaient dotés, mais ils pouvaient porter un gros coup de ce côté. C'était une piste à considérer sérieusement, mais il préférait se charger de frapper et d'intimider que du texte. Au niveau de la diplomatie, il était excédé. Intéressé, Wolgorn se tourna donc vers l’Étoile de l'Immortalité et lui glissa furtivement une remarque:

"Il y a de bons éléments dans ton plan, mais hors de question de me farcir le texte sur les sucreries et les câlins. Je n'arrive qu'à convaincre les Spectres récalcitrants de notre Utopie... quoique "persuader" serait un terme plus exact."

Puis il se tourna vers la remplaçante de la Dame Noire, tout en lançant quelques regards au Juge des Enfers, pour signifier qu'il n'était pas foncièrement opposé à l'affaire voire relativement ouvert.

"Maîtresse, cette histoire peut effectivement s'avérer fort rentable si nous abattons bien nos cartes... mais je ne serai pas tendre sur les châtiments que les pécheurs subissent et subiront. Du sang impur abreuvera la Terre et l'humanité le saura, soyez-en assurée. Si des insensés se ferment les portes des Champs Elysées, tant pis pour eux." gronda le Russe.

Minos avait de plus en plus de mal a masquer son impatience et son amertume. Il restait comme a son habitude immobile et de marbre en apparence, mais, les bras croisés, il faisait bouger nerveusement ses doigts, ces doigts si déterminant pour le jugement des âmes

Bien, bien, a quand la fin des péroraisons qu'on en finisse: ou allons nous? Je n'aurai aucun mal a jouer ce rôle de bon pasteur mais j'avoue qu'après mes rencontres avec des humains bornés et stupides représentant des dieux je suis peu enclin a guider les autres vers la vertu.... mais enfin s'il le faut pour la gloire des enfers l'étoile de la noblesse ne se défilera pas!

Minos considéra les personnages alentour, seul comme lui le spectre du bourreau marquait des signes évidents de nervosité, ce qui encouragea le juge a s'adresser aux autres en le regardant lui comme un signe passif d'accord avec le spectre

Messieurs dames allons y! l'affaire s'annonce .... prometteuse!

A ces mots, soudainement, sans s'attarder davantage le griffon infernal tourna les talons et se dirigea vers la sortie de la pièce

Nul besoin de me dire ou vous allez: je vous trouverai sitôt pour notre nouvelle mission

Un petit geste d'au revoir de la main quelque peu ironique et le juge des enfers disparut

Minos accepta finalement de participer à l'évangélisation des masses, mais comme Wolgorn, il n’exclura sans doute pas la force du processus. Mohana, quant à elle, valida les suggestions d'Andréa tout en mettant le Bourreau en garde sur l'usage de sa violence et des mots qu'il allait employer. Hélas, il était le Punisseur, que pouvait-il faire de plus pour l'humanité que de la débarrasser de sa lie dans le sang ? Toutefois, il entendait bien qu'il ne fallait au grand jamais souiller le nom de son souverain et sa cause. Puisque l'affaire était entendue pour tout le monde, même pour l'impérieux Griffon, il devait suivre et se mettre au travail. Prenant soigneusement en compte les directives de la remplaçante de la Dame Noire, il abaissa de nouveau la tête et rendit hommage au chef provisoire des Spectres.

"Qu'il en soit selon votre volonté et celle de sa Majesté le Divin Hadès."
 
De meilleure humeur à l'idée de châtier les criminels, l'Exécuteur se leva, se déporta vers le Juge des Enfers et répondit cérémonieusement à son invitation:

"Nous vous suivrons pour cette mission, ô Auguste Minos !"

Le Russe remis alors son casque, l'esprit anxieux. Le flou sur la destination du séminaire le perturbait sévèrement et même si la perspective de se défouler lui plaisait, rater sa vocation de pasteur auprès des hommes l'inquiétait encore plus.

Lorsque le Griffon et les deux Étoiles Terrestres quittèrent la chambre de Pandore, Andréa en profita pour répliquer à Wolgorn. Elle lui proposait de se répartir les tâches : le Bourreau se chargerait d’intimider les humains et la Liche de leur dévoiler les horizons de grâce et de volupté réservés aux justes et à ceux qui chercheront sincèrement à marcher sur le droit chemin. Sans doute faudrait-il réexpliquer aux humains la fonction et l’utilité de l’Enfer à l’échelle de la Terre, eux qui ne voient plus que châtiments et cruauté dénuée de sens. Mais puisque Andréa se dévouait pour convaincre les hommes par la douceur, il n'avait techniquement pas à s'en faire. Quoique... l'Exécuteur ne connaissait rien du caractère de la Liche, cette fille avait l'air fort diligente, mais pour le reste ? Mégère ou pas ? De toutes façons, le Russe souhaitait plus tenir le bâton que la carotte, au moins il ne ferait pas de gaffes.

"Très bien, je me charge de mettre l'humanité en face de ses fautes et de lui rappeler ce qu'est l'Enfer. Toi tu leur montres la voie à suivre et la lumière." conclut Wolgorn.

Andréa suggéra ensuite au Bourreau d'aller retransmettre leur message à la BBC de Londres pour un maximum de visibilité. Ce n'était carrément pas idiot, même lui en avait entendu parler durant sa jeunesse. Mais entendre "BBC" et "excellente réputation" ensemble le choquait, car les médias russes ne s'étaient pas privés de rapporter certaines nouvelles peu ragoûtantes du Royaume-Uni. Ça parlait d'un certain Saville et d'autres, qui aimaient jouer à la poupée notamment...

"Euh... excellente réputation...? La BBC, ce ne serait pas le repaire de dépravés sexuels par hasard ?" l'interrogea-t-il.

En Sainte Russie, on n'avait de cesse de dénoncer avec virulence la décadence morale de l'Occident, surtout lorsque cette déliquescence était avérée et touchait les plus hauts sommets. Même pour un Spectre comme l'Exécuteur, le naturel revenait au galop. Néanmoins, s'il n'y avait que cette antenne de suffisamment percutante pour sa longévité historique et son efficacité, ils devaient s'y rendre. Avant toute chose, trouver matière à intimider et à prouver au monde entier qu'Hadès était leur sauveur.