Saint Seiya
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Thanatos
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[Frontline] Weird Science 1499171733-feuerberg

Il avait été décidé que la rencontre se déroulerait au Nouveau-Mexique.

Ainsi, un hélicoptère non-répertorié se retrouva-t-il bientôt à survoler le désert en direction de Los Alamos, comptant notamment à son bord le multimilliardaire Malik Al-Aswad et le scientifique qu'il avait emmené avec lui. Si un tel véhicule n'était peut-être pas le plus propice à la discrétion, les hauteurs dans lesquelles étaient situées le centre de recherche les obligeait à passer par là - leur prudence n'en était pas au point de requérir que tout participant soit à même d'y parvenir en grimpant.
Celui-là même qui, dans les années quarante, avait vu naître sous la supervision du brigadier général Leslie Richard Groves ces deux enfants terribles que l'histoire retiendrait sous les noms de Fat Man et Little Boy. L'opération portait peut-être le nom de Projet Manhattan, mais c'était dans ses locaux que la bombe en elle-même avait été créée - et non-loin de là que son brouillon avait poussé son premier cri en un souffle destructeur.

Quand on prenait le temps d'y penser, la situation de l'époque, lors de leurs démêlés avec les forces japonaises, ne différait pas tant de celle à laquelle ils se retrouvaient aujourd'hui confrontés. Dépassés par l'ampleur de la menace, les savants de plusieurs nations consentaient un effort collectif afin de reprendre leur destin en main - si funeste soient les moyens qu'ils devraient employer pour y parvenir.
À n'en pas douter, bon nombre des actuels occupants de la place fortifiée devaient secrètement espérer que le résultat de leur travaux ne soit jamais forcés de prendre un tournant aussi meurtrier... Ou, si ce devait être le cas, que ce soit avec une efficacité tout aussi décisive ; sans cela, gare à la contre-attaque. Si vaste soit la renommée que cela avait valu au bon docteur Oppenheimer, qui avait envie de devenir son direct successeur ?

Ce n'était toutefois pas pour travailler sur la fission de l'atome que le riche homme d'affaires avait amené l'un de ses chercheurs avec lui - quand bien même l'idée de projeter une bombe équivalente sur le siège reconnu d'un groupe d'éveillés avait dû en effleurer plus d'un en ces murs. Ils avaient d'autres choses à faire.
Dès leur arrivée, ils furent pris en main par les soldats déjà présents sur place, sans que les échanges aillent plus loin que les politesses d'usage - et encore. Sans doute avaient-ils reçu pour consigne de n'en dire qu'un minimum et le prenaient-ils un peu trop littéralement ; ils avaient beau être grassement payés, les licenciements dans un tel contexte devant se faire à coups de balle dans la tête, il était bien normal qu'ils souhaitent ne prendre aucun risque.

Procédez comme vous me l'avez montré, et tout devrait bien se passer. prit-il le temps d'adresser à son « employé » en blouse blanche tandis qu'ils évoluaient dans les couloirs à grands renforts de cartes d'accès, de code à douze chiffres et de reconnaissance rétinienne. FIRMAMENT n'aurait, de toute évidence, pas mis longtemps à moderniser l'endroit après l'avoir réquisitionné - un choix judicieux ; il avait fait ses preuves.

Une phrase bien anodine ; quiconque en aurait été témoin aurait pu difficilement imaginer qu'elle cachait d'amorales manipulations commises aux tréfonds de quelque sordide dimension infernale. N'eurent-elles été pratiquées sur des spécimens plus morts que vifs, l'on aurait pu parler de torture ; mais les intéressés étant à peine plus que des tas de viande dont on retardait l'inévitable putréfaction, les risques de plaintes étaient par conséquent assez minimes. Et puis, « géhenner » était synonyme de supplicier ; il eut été fâcheux de faillir à leur réputation.

S'ils étaient toujours aussi réticents à l'idée de laisser des civils se balader sur l'un de leurs sites, les équipes sur place avaient néanmoins accepté sa présence à contrecœur ; après tout, il ne se passerait rien ici aujourd'hui qu'il n'ait déjà vu à l'oeuvre dans ses propres laboratoires, en théorie. Sous quel motif pourraient-ils donc lui en refuser l'accès, tant que les consignes de sécurité étaient respectées ?
À fortiori sachant que, des trois personnes concernées, il était sans conteste celui à avoir fait la meilleure impression lors de leur premier rendez-vous ; cela avait dû les rendre plus réceptifs à ses demandes qu'à toutes celles que les deux autres auraient pu émettre. S'ils voulaient instaurer une relation de confiance, il fallait aussi en passer par là.

Même si son existence avait depuis été révélée au monde, l'installation était à l'origine tenue secrète : aussi n'était-elle en rien aussi vaste que d'autres sites plus moderne. Les têtes pensantes de FIRMAMENT n'entendaient pas à y changer quoi que ce soit : non seulement avait-elle prouvé être parfaitement fonctionnelle dans sa formule actuelle, mais en plus injectaient-ils déjà suffisamment d'argent dans ce programme pour ne pas en dépenser davantage en travaux d'agrandissement.
Toujours est-il qu'il ne fallut donc pas longtemps pour que la petite troupe se retrouve devant les portes de ce qui devait être devenu en quelque sorte l'aile médicale - et les deux hommes qui en barraient le passage. Percevoir le claquement des bottes des soldats parut interrompre la discussion animée qu'ils étaient en train d'avoir. S'il n'en perçut pas toute la teneur, Malik Al-Aswad en avait entendu suffisamment pour savoir que ce n'était pas l'amour fou entre ces deux-là. Le plus âgé d'entre eux vint vers eux ; malgré sa cinquantaine bien dépassée à en juger par son cheveu d'un gris fermement enraciné, son port altier faisait en sorte qu'on ne doute pas de sa bonne santé. Les soudards s'écartèrent, se rangeant sur les côtés pour lui laisser l'accès à leurs « invités ».

Monsieur Al-Aswad, je suppose ? fit-il - malgré un effort notable pour paraître affable, la tension de son précédent échange ne s'était pas encore entièrement résorbée. Si le fait de l'avoir dans les pattes pour cette session le gênait en quoi que ce soit, il fut extrêmement capable pour ce qui est de ne pas le montrer. Maynard Rosenberg. C'est un honneur de vous avoir parmi nous.
Tout le plaisir est pour moi, répondit le grand ponte de l'industrie. En avançant la main pour serrer la sienne, il se figea un instant en constatant - non sans mal du fait de son réalisme épatant - qu'elle était artificielle.
Ah, je vois que vous avez l'oeil, fit Rosenberg en esquissant un sourire un peu plus franc, agitant ses doigts factices avec autant de légèreté que s'ils avaient été parfaitement naturels - une preuve supplémentaire de sophistication. Moi-même, il m'arrive de l'oublier, parfois. Ça fait tellement longtemps.
Impressionnant, fit Al-Aswad en souriant de concert, finissant par aller au bout de son geste malgré cette découverte inattendue. C'est vous qui l'avez conçue ?

Avoir d'avoir pu aller plus loin dans les mondanités, ils furent cependant dérangés par l'irruption du second individu - lequel les dépassa sans même un regard pour aller directement vers le jeune homme caché dans l'ombre d'Al-Aswad. S'il semblait considérablement plus jeune que le sieur Rosenberg dans son grand manteau noir, rasé de frais et avec ses cheveux blonds plaqués en arrière, il n'en évoluait pas moins dans cet environnement comme s'il y était parfaitement à sa place - avec une assurance de conquérant ; d'où l'air suffisant placardé sur son visage.

Voilà donc notre fameux candidat ? fit-il en se penchant légèrement pour le dévisager, sans perdre un seul instant son sourire au parfum d'arrogance. Son accent germanique semblait moins tenir de l'imperfection que d'une forme de fierté. Pour ne rien vous cacher, je vous imaginais plus impressionnant... Mais je suppose que l'habit ne fait pas le moine, n'est-ce pas ? Soyez assuré que nous tous ici avons grand hâte d'assister à votre démonstration. À son tour, il lui colla sa main sous le nez, ne prenant toutefois pas la peine d'en ôter le gant de cuir. Professeur... ? Vous êtes bien professeur, n'est-ce pas ?
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Rogos – ou plutôt Armand Cantor, son identité d'emprunt pour cette mission ô combien sensible – affichait une nervosité de circonstance. Contrairement à son employeur, il ne jouait la comédie qu'à moitié, sans doute moins même : la tâche qui lui échoyait lui avait fait retrouver ses racines, pour le meilleur comme pour le pire. Parmi le pire, il y avait ce qui s'apparentait au stress chronique qu'il avait autrefois ressenti en période d'examen ou en passant devant un jury chargé d'évaluer la qualité de son travail, de le juger. Non non non, ça n'allait pas du tout, c'était aux Spectres de juger les gens et non l'inverse ! Être enfermé pendant des heures avec Thanat... Malik Al-Aswad pendant que leur hélicoptère survolait les étendues constellées de cratères datant de l'âge atomique du Nouveau-Mexique n'avait fait qu'accentuer cet inconfort. Peu d’Étoiles Maléfiques pouvaient se targuer d'être restées aussi longtemps en présence du Dieu mais c'était-là un « honneur » qu'il laisserait bien volontiers à d'autres.

Et puis il y avait la base elle-même bien sûr. Ses longs couloirs mornes, aseptisés et tortueux, ses dispositifs de sécurité omniprésents dignes de Fort Knox et ses gardiens patibulaires... Tout pour le mettre à l'aise tandis qu'il suivait le multimilliardaire tel un ersatz de l'ombre impossiblement noire qui hantait Ses pas lorsqu'Il ne prenait pas la peine de dissimuler Sa véritable nature.

« Oui monsieur Al-Aswad. » répondit-il, laconique, alors qu'Il lui délivrait Ses instructions. Procéder comme il l'avait déjà fait... c'est à dire reproduire sa performance de la trois-cent quatre-vingt-sixième et ultime itération de l'expérience. Il avait passé une éternité dans sa tour, au point d'en perdre la notion du temps, à réviser sans cesse son protocole expérimental pour enfin livrer un produit fini à la hauteur des attentes du Faucheur. Une étincelle d'orgueil professionnel héritée de sa vie humaine déplorait les raccourcis auxquels il avait dû recourir pour parvenir à ce résultat. Il n'avait pas eu le choix : sans les empreintes cérébrales de ses camarades pour le guider ou l'assistance d'Oblivion et d'Andréa pour certains points critiques de ses manipulations, il aurait été bon pour doubler la longueur de sa série de tests... au minimum !

Enfin, l'homme d'affaires et son laquais se retrouvèrent face à ceux qui jugeraient des aptitudes scientifiques de ce dernier. Ils dégageaient tous deux une aura de calme et de compétence mais il semblait y avoir une sorte de distance entre eux, pour une raison que le Dullahan n'arrivait pas à saisir. En tout cas, l'instant était rare : le Spectre avait l'occasion de voir comment le Faucheur évoluait en compagnie de Sa moisson quand la faux restait accrochée au mur.

Son employeur échangea les amabilités d'usage avec le dénommé Rosenberg qui se montrait nettement plus plaisant que les gorilles auxquels ils avaient eu droit jusqu'ici. Le deuxième homme par contre ne prit pas part à ces salutations : il ignora superbement le multimilliardaire et aborda directement le français en blouse blanche, faisant fi des convenances. Le cavalier sans tête n'arrivait pas à savoir s'il devait se sentir flatté, intimidé, gêné ou offusqué de l'affront fait à son Seigneur – sans parler des autres provocations de l'inconnu.

Probablement un mélange des trois derniers mais ce fut la timidité qui l'emporta, à son grand regret et pour un certain nombre de raisons. « Cantor. Docteur seulement. » répondit-il en s'excusant... tout à fait honnêtement, puisque même son doctorat n'était qu'une imposture obtenue par le biais de Thanatos. Il n'aurait pas été surpris de voir la main tendue disparaître compte tenu du ton sur lequel la question avait été posée mais contre toute attente, le gant de cuir ne bougea pas.

« Ce n'est pas grave, que sont les titres après tout ? Tant de gens ne reçoivent pas la reconnaissance qu'ils méritent, surtout dans notre domaine... Et puis vous êtes peut-être encore un peu jeune pour recevoir ce genre de « distinction » de la part de ceux qui se disent vos pairs et vos supérieurs. »

La condescendance dans ces paroles était manifeste à plus d'un égard et n'était pas dirigée que vers Rogos – il allait de soi toutefois que son interlocuteur ne l'incluait pas dans cette catégorie des génies incompris dont il faisait mention. L'homme au manteau noir savait pertinemment qu'il n'observerait que le travail d'un simple docteur, c'étaient les excuses de l'intéressé qui provoquaient son amusement. Il y avait quelque chose de dérangeant chez lui ; Rogos mit fin à son hésitation et lui serra la main le plus brièvement possible.

« Manfred Feuerbach. » annonça l'arrogant individu, daignant enfin se présenter. Sans se départir de son sourire impassible, il se tourna ensuite vers Al-Aswad et le salua à son tour, sans chaleur ni bon mot. Une formalité dont il fallait s'acquitter entre gens civilisés, rien de plus.

Rosenberg, lui, se montra tout à fait correct. Poli mais ne laissant aucun doute quant à leurs positions respectives d'examinateur et d'examiné, ne cherchant pas à attaquer la crédibilité de son invité. Il se montra cependant bien moins tolérant concernant l'allemand :

« Herr Doktor Professor, si vous avez fini de rabaisser le docteur Cantor au sujet de son titre, lequel n'est évidemment dû qu'à son âge et à ses choix de carrière plutôt qu'à un quelconque manquement de sa part, je pense qu'il serait temps d'assister à cette démonstration. »

L'un des gardes actionna l'ouverture de la porte sur ces entrefaites. La réprimande parut glisser complètement sur Feuerbach, qui n'y accorda pas la moindre importance en s'engageant dans le couloir derrière les battants, précédant le reste du petit groupe. Le scientifique plus âgé reprit sa conversation avec le multimilliardaire sans rien afficher de son probable déplaisir.

« Pardonnez-moi pour cette interruption. Pour répondre à votre question, non, je n'en suis pas le concepteur, c'est l’œuvre d'un collègue. Mon domaine d'expertise se trouve ailleurs. Et puisque nous en sommes à discuter de nos petits secrets, je vous avoue ma grande curiosité quant aux circonstances de l'acquisition de votre matériel expérimental ; les rapports sur le sujet m'ont laissé sur ma faim. »
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Thanatos
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Malik Al-Aswad observa du coin de l'oeil alors que son protégé faisait de son mieux pour se sortir des griffes de l'allemand. S'il s'en sortit bien, son malaise était presque palpable ; extrait de son autre costume, Armand Cantor lui faisait l'effet d'un homard prêt à passer à la casserole - sans sa carapace, si cruelle soit la faute de goût. S'il était coutumier de plonger l'animal vivant dans l'eau bouillante, il importait cette fois qu'il le reste ; aussi convenait-il d'en surveiller la cuisson.
Son interlocuteur eut toutefois la bienveillance d'en réguler la flamme par lui-même - fut-ce pour mieux l'échauder plus tard, mais au moins était-il sauf pour le moment. Le milliardaire échangea lui-même les politesses d'usage avec l'individu, sans guère faire de remarque sur le petit numéro qu'il venait de livrer - le sien propre le vouant à une politesse toute orientale. S'il se sentait bien moins d'atomes crochus avec celui-ci qu'avec son confrère, il semblait qu'il ne saurait s'en défaire pendant la visite. Qu'à cela ne tienne ; au moins Rosenberg semblait-il dans une moindre mesure pouvoir le tenir en respect.

Je puis vous garantir que malgré son jeune âge, le docteur Cantor est tout à fait capable, sans quoi je n'aurais pris la peine de vous soumettre ses travaux ; je devine à quel point vous devez être occupés. Je ne doute pas qu'il saura vous convaincre comme je l'ai été avant vous.
En effet, vous n'imaginez pas à quel point nous sommes occupés, cher monsieur Al-Aswad. répondit l'allemand, toujours sans se défaire de son sourire arrogant. Mais voyons plutôt de quoi ce jeune prodige est capable, n'est-ce pas ? Si vous en vantez les mérites, je suis certain qu'il sera à la hauteur de nos espérances !

Sans attendre de réponse, il leur tourna le dos et reprit la marche de même que la tête de leur petite expédition. Son discours transpirait d'une telle dose de sarcasme que même une perte de l'audition n'aurait probablement pas suffi à ne pas s'en rendre compte ; aussi, avec sa sensibilité naturelle, Malik Al-Aswad aurait été fort en peine de passer à côté. Sans surprise, le sieur Feuerbach n'accordait aucun crédit à son opinion - encore moins quand elle touchait à l'un de ses domaines de prédilection. C'eut été optimiste que de penser qu'il voyait en lui plus qu'un portefeuille sur pattes - qui devrait déjà s'estimer heureux que ses chèques à huit chiffres lui ouvrent les portes de sa caverne aux merveilles, même s'il ne pourrait en gratter que la surface.

Ne faites pas attention à lui, leur glissa discrètement Rosenberg avant qu'il n'ait pu répondre - non qu'il en ait eu l'intention - quand son « partenaire » eut pris assez d'avance que pour ne pas être entendus. Ne faites pas attention à lui, Il ôta ses lunettes pour les nettoyer à l'aide d'un mouchoir sorti de la poche de sa veste, semblant fatigué rien qu'à ressasser ses propres échanges avec l'énergumène. Il semble parfois oublier que ses valeurs n'ont pas connu que des heures de gloire... Ou, au contraire, que trop bien s'en souvenir. Je vous dirais bien qu'on s'y fait, mais...
Merci pour cette mise en garde, dit simplement l'homme d'affaires, ne souhaitant pas forcément connaître tous les dessous de cette affaire - ne serait-ce que pour ne pas réveiller de vieilles blessures.

Si effectivement ce cher Feuerbach ressentait le besoin compulsif de frotter son ego sur le visage de tous ceux qui l'entourent, nul doute qu'être nommé à ce poste avait dû donner à ses chevilles une dimension supplémentaire. Quoi de mieux pour se donner de grands airs que de se dire - que de croire intimement - qu'on faisait peut-être partie de la dernière ligne de défense de l'humanité ? Lui et plusieurs autres, bien sûr, tout notamment ceux qu'Al-Aswad avait rencontré lors de son enrôlement - mais il avait tout de l'homme qui se pense être la clé de voûte, la pierre angulaire sans laquelle rien ne serait possible. Il eut été curieux de savoir ce qu'en penseraient les autres responsables du projet ; monsieur Rosenberg ne serait sans doute pas le seul à y trouver à redire...

En sa qualité d'invité, le magnat du pétrole se plaça légèrement en retrait - ne laissant que son propre compagnon de route derrière lui, s'assurant qu'il parvenait à suivre le rythme. S'il s'était arrangé pour que les autres recrues infiltrées dans les rangs de FIRMAMENT, si elles venaient à être découvertes, ne puissent lui être reliées en aucune façon, le cas du docteur Cantor - de par la nature-même de sa tâche - était différent.
À ce titre, la mission qui lui était propre était d'une sensibilité de loin supérieure à celle de ses camarades - d'où le temps de préparation qu'elle avait sollicité ; même ainsi, il ne serait toutefois pas exagéré de dire que la viabilité de leur opération dépendrait de sa capacité à donner le change. Ce pouvait bien être le jour le plus important de son existence jusqu'à ce jour ; un véritable carrefour karmique.

Un heureux hasard, je ne saurais l'exprimer autrement. reprit-il la conversation maintenant qu'on ne risquait plus de les interrompre. Le combat qu'ils menaient les a amenés à pénétrer, sans doute par accident, dans l'une de mes infrastructures. Étant donné le type de matériel qui a fait de moi l'homme que je suis, il va sans dire que ma sécurité est du plus haut niveau ; je ne puis courir le risque que mes produits tombent entre les mains de n'importe qui. Attentif à son récit - par méfiance ou par curiosité, difficile d'en juger, même s'il semblait lui avoir fait une bonne première impression -, le scientifique l'incita à poursuivre d'un signe de tête. Je pense que je ne vous apprends rien en vous disant que lorsqu'on leur retire leurs armures, ce sont des êtres humains tout à fait normaux, tant qu'ils ne se mettent pas à lancer des boules de feu ou qui sait quoi d'autre encore. Et que certaines armures sont très... Légères en terme de protection.
Ils n'ont pas tenté de se défendre ?
Ils ont causé quelques dégâts à mes installations avant d'être... Neutralisés, confessa-t-il, de toute évidence gêné à l'idée d'entrer dans les détails du sort qui leur avait été réservé, mais ils ont été pris par surprise, et comme je vous le disais, ma technologie est à la pointe du progrès. Quelques mètres devant lui, il entendit Feuerbach faire mine de - mal - camoufler un léger rire moqueur dans une quinte de toux ; il choisit de l'ignorer. Je suppose que passer le plus clair de leur temps dans des sanctuaires antiques n'aide pas à se tenir au courant des dernières innovations.

Son regard se reporta devant lui alors que, sas après sas après sas, ils arrivaient à la pièce qui seraient dédiée à leur programme du jour. S'ils avaient croisés plusieurs autres salles sur le trajet, il s'était efforcé de ne pas regarder à l'intérieur - la plupart avaient des vitres teintées de toute façon, quand elles en possédaient, mais il ne voulait pas avoir l'air de fouiller dans ce qui ne le regardait pas. Sa présence ici n'était due qu'à sa qualité de « parrain » pour le candidat qu'il avait à leur proposer.

Je ne suis pas fier de la manière dont j'ai acquis ces personnes, monsieur Rosenberg, fit-il d'un air grave. Je vous prie de croire, quoi que mon métier puisse laisser à penser, que je connais très bien la valeur de la vie. Mais... Ses yeux allèrent vers les tables qui avaient été apprêtées et les formes inertes qui reposaient déjà dessus. Étant donné la situation qui nous préoccupe, il aurait été contre-productif de les garder de vous, eux et les secrets que leurs corps peuvent contenir.
Et bien, en piste, cher docteur Cantor. fit Feuerbach en revenant vers eux, désignant au concerné tant ses « patients » que tout le matériel dont il aurait besoin - et plus encore - qui avait été mis à sa disposition. Il est temps de nous montrer l'étendue de vos talents. Si vous avez besoin de nous, nous serons derrière la vitre. À moins que vous n'ayez besoin de plus amples préparations ? fit-il avec un piètre simulacre de sollicitude. C'est que je ne voudrais pas vous brusquer.
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Ce n'était pas tous les jours qu'un Dieu volait au secours d'un péon ; quel dommage qu'Il ne prenne sa défense que pour les besoins de la mission. Quel dommage également que le teuton soit à ce point insensible à Ses paroles. Qu'à cela ne tienne, le Spectre s'était attendu à être accueilli avec scepticisme, il s'y était préparé mentalement et résolut de se replonger dans les détails de la procédure à venir, ce qu'il fit en dégainant le carnet de notes qu'il gardait dans sa poche. Il ne s'agissait pas là que d'un moyen de fuir les piques, l'opération étant d'une telle complexité que même après l'avoir déjà pratiquée des centaines de fois, il était toujours bon de se rafraîchir la mémoire à la première occasion.

C'est donc un Dullahan studieux qui entendit Rosenberg et Al-Aswad reprendre leurs échanges, d'abord pour discuter – brièvement – des manières de Feuerbach puis en abordant la question délicate de la provenance de leurs sujets d'expérience. Le visage du scientifique grisonnant ne trahit rien de ses émotions mais Rogos doutait qu'il se satisfasse de la réponse qu'on lui livrait. Le rapport qu'il avait mentionné devait déjà contenir ces mêmes informations, il n'apprenait sans doute rien de nouveau... Il choisit pourtant de ne pas s'attarder davantage sur le sujet, faisant peut-être confiance aux collègues qui avaient eu droit à la version complète de l'histoire de Thanatos et l'avaient jugée suffisamment convaincante. Quant à l'allemand, son intervention s'était limitée à une énième expression de dérision... est-ce que ce serait comme ça tout du long ? Comment arrivaient-ils à supporter cet individu ?

Heureusement la longue marche touchait à sa fin : il allait pouvoir oublier ces préoccupations en se plongeant dans son travail. La pièce était spacieuse et immaculée, les seules touches de couleurs venant du bleu des lits d'hôpital, du marron-jaune des flacons de médicaments et produits chimiques ainsi que de l'occasionnel bouton rouge ou vert tranchant sur le blanc aseptisé ou le gris métallique du matériel médical. L'ensemble était d'une propreté scrupuleuse et de la plus haute qualité. Le Faucheur n'avait pas regardé à la dépense lorsqu'il avait fallu équiper le laboratoire de la tour au Château aussi était-il habitué à utiliser ces mêmes machines mais cet endroit si nettement ordonné dégageait une impression autrement plus professionnelle.

Des agents étaient venus prendre son ordinateur pour inspection il y a deux jours ; il le récupérait maintenant, dans une sacoche posée sur une chaise. Ils avaient dû en profiter pour copier tous ses dossiers, fruits d'innombrables nuits blanches passées à déguiser ses notes pour dissimuler la véritable nature de ses tests. Cela n'aurait jamais été possible sans l'existence des troupes éveillées au service de l'identité humaine du fils de Nyx : autrement, comment justifier l'important volume de données nécessaire au succès du docteur Cantor ? Jamais ils ne le croiraient capable d'obtenir de tels résultats à partir de seulement trois cobayes...

Et ils auraient bien raison. Il avait triché. Déclinant poliment « l'offre » de l'allemand, le français se dirigea vers les lits d'hôpital, ôta les draps blancs recouvrant leurs occupants et dévoila trois corps humains émaciés et scarifiés, au crâne rasé et recouvert de bandages, raccordés à des machines assurant la stabilité de leurs fonctions vitales – respirateurs, perfusions et appareils de mesure divers et variés. Le mot-clé était corps : ces enveloppes charnelles ressuscitées par Thanatos ne pouvaient être considérées comme vivantes que selon la définition la plus basique du terme. Elles ne contenaient pas d'âme, leur électroencéphalogramme montrait à peine assez d'activité pour qu'on ne les déclare pas en état de mort cérébrale. Des légumes reproduisant toutefois à la perfection les circuits neuronaux d'éveillés décédés soigneusement sélectionnés par le Dieu. Chacune de ces coquilles vides avait péri trois-cent quatre-vingt cinq fois sous le scalpel imprécis du cavalier sans tête ou bien sous l'effet d'une électrode mal placée, de drogues mal dosées avant de revenir à la vie par l'entremise des pouvoirs de l'Outre-Tombe. Des cobayes réutilisables, indispensables quand on avait recours à des méthodes dignes d'un certain compatriote tristement célèbre de Feuerbach.

« Vous n'êtes pas le seul à avoir fait des choses dont vous n'êtes pas fier. » déclara Rosenberg, s'adressant autant à Malik Al-Aswad qu'au docteur Cantor. « Comme vous vous en doutez et sans trop en dévoiler, nous n'avons pas le luxe de pouvoir nous comporter en preux chevaliers. Cela ne s'arrêtera pas à une simple violation du serment d'Hippocrate... mais nous avons bel et bien un code de conduite ainsi que la décence de regretter les extrémités auxquelles nous devons trop souvent en arriver. »

Étrangement, Rogos n'était pas sûr que l'allemand – qui faisait pourtant pour la première fois l'effort de remiser au placard son air goguenard – soit du genre à se préoccuper d'éthique. Quant à savoir ce qui se cachait précisément derrière les insinuations de Rosenberg... Mieux valait laisser tomber et se concentrer sur son travail. Alors que son patron et ses examinateurs quittaient la pièce un par un, il passa méticuleusement en revue les outils et substances à sa disposition. Scalpels, bistouris, électrodes de plusieurs modèles, adrénaline, dopamine, endorphine et autres composés chimiques plus exotiques aux noms imprononçables... tout y était, il ne manquait de rien. Il passa un moment à stabiliser sa propre respiration et son rythme cardiaque, réprimant les effets du stress tout en enfilant masque, lunettes, gants, micro et calotte après s'être copieusement désinfecté.

« Parlez-nous de la procédure et de vos sujets. Je sais que ces informations sont déjà présentes dans votre rapport mais je veux vous l'entendre dire. »

La voix de Feuerbach provenait d'un haut-parleur. L'heure des démonstrations de pédantisme était passée, son ton était devenu froid, clinique et détaché.

« Nous n'avons pas su les identifier, tout au plus pouvons-nous supposer qu'il s'agissait de chevaliers noirs de bas niveau, au vu du peu de surface protégée par leurs armures. Ils étaient en très mauvais état après leur capture et nous avons eu le plus grand mal à les maintenir en vie. Un seul d'entre eux a pu reprendre connaissance et il a eu le temps de blesser plusieurs membres de notre personnel malgré une paralysie des membres inférieurs, ce qui nous a forcés à les placer tous trois sous sédation permanente. »

Les sévices dont ils portaient les marques avaient en fait été infligés à dessein pour rendre l'histoire plus crédible. Le Dullahan s'affairait à défaire les bandages crâniens, révélant des implants placés là au préalable et s'enfonçant jusque dans le cortex des sujets. Il commençait à placer les électrodes lorsque Rosenberg l'encouragea – à sa façon – à poursuivre son histoire, ce qu'il fit :

« Il n'y avait pas grand-chose à en tirer s'il nous était impossible de les réveiller. Les examens tissulaires, cellulaires et génétiques ne nous ont rien appris. J'ai proposé un protocole expérimental, un test très invasif et risqué qui ne pouvait pas être pratiqué sur nos propres recrues éveillées... »

« Car cela en aurait fait des légumes dans le meilleur des cas, ce qui n'était pas vraiment un problème ici. »

« En effet. Je me suis donc appuyé sur les données récoltées chez nos hommes pour identifier les zones du cerveau impliquées dans l'exercice des pouvoirs cosmiques : les aires visuelles et motrices bien sûr mais aussi le thalamus, l'amygdale... La partie la plus importante a été de trouver dans nos rangs des éveillés aux facultés similaires afin de localiser plus précisément les centres nerveux. Ensuite, il a fallu trouver la stimulation électrochimique appropriée pour réactiver les circuits neuronaux associés à ces facultés : cette approche a été infructueuse jusqu'à ce que je me rende compte du rôle joué par le système nerveux périphérique, que j'avais négligé jusqu'alors... »

S'ensuivit un long discours très technique qui rythma ses gestes pendant qu'il injectait des doses précautionneusement ajustées – selon le poids, l'âge, la taille... – de plusieurs substances à ses cobayes, déplaçait et réglait ses électrodes, consultait régulièrement les instruments, son ordinateur et son carnet. Cette récitation l'aidait à discipliner le fil de ses pensées et à évacuer la tension, alors même qu'il devait prendre garde à ne pas laisser échapper par mégarde les événements réels qui l'avaient amené à ses conclusions. Ironiquement, c'était dans une de ses défaites les plus humiliantes qu'il avait trouvé la clé : se faire immobiliser pas une mais deux fois par Oblivion avec la même technique lui avait fait comprendre que le système nerveux central n'était pas seul à réguler le cosmos, autrement sa prison d'aiguilles ne serait pas capable de sceller l'aura en même temps que les mouvements.

Restait à savoir si son public verrait à travers le tissu de mensonges ou non. Les principes scientifiques étaient tout ce qu'il y a de plus véridiques mais s'ils s'apercevaient de la supercherie concernant son histoire et la falsification de certaines données... Rogos fit taire ses appréhensions – qui concernaient moins les conséquences immédiates d'un tel scénario que ce que la Mort lui ferait subir après-coup – et récapitula chaque étape de la procédure qu'il venait de suivre. Il ne pensait pas avoir oublié quoi que ce soit...

Le moment fatidique était donc arrivé. Le doigt sur le bouton qui activerait la stimulation électrique ainsi que plusieurs injections différées, il se retourna vers la vitre et ceux qui l'observaient à travers. Le stress était de retour ; il déglutit péniblement.

« Je... je suis prêt. Donnez-moi le signal quand vous voudrez. »
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Conscient de l'importance de sa tâche, « Armand Cantor » s'était mis à réviser ses notes. Il y avait tout intérêt : de lui dépendait le bon déroulement futur de leur opération, plus encore que des mercenaires qui étaient venus grossir les rangs de FIRMAMENT.
En le présentant devant les hauts responsables, Malik Al-Aswad prenait un risque : celui de le voir échouer, entamant d'autant sa crédibilité - et lui fermant, peut-être définitivement, l'accès à un niveau supérieur de confidentialité.

De par le risque que représentait toute fuite d'information, chaque personne mise dans le secret devait être choisie avec la plus grande précaution. S'il était de loin le plus fiable des trois grands noms de l'armement auxquels ils avaient ouvert leurs portes, son inclusion continuait à faire grincer des dents ; ils ne s'en cachaient pas, et il n'aurait pas été assez naïf pour les croire s'ils avaient affirmé le contraire. C'était à lui de leur prouver qu'il pouvait être un atout dans l'impossible combat qu'ils avaient choisi de mener.

Conscient de cette hostilité plus ou moins généralisée, il devait calculer chaque mouvement avec précaution : ils seraient ravis de saisir le moindre prétexte pour remettre quelque distance entre lui et leurs opérations. Non qu'il soit proche du coeur de ces dernières en aucune façon, mais nombre d'entre eux dormiraient plus sereinement avec la garantie que ce ne serait jamais le cas - avenir proche ou non.

N'en restait pas moins que pour l'heure, ils évoluaient de concert dans une infrastructure dont ni Carlson, ni Kaganovich ne devaient connaître l'existence - et qu'ils avaient encore moins de chance d'approcher de près ou de loin ; la générale Ho Sun avait semblé avoir déjà suffisamment de mal à supporter leur présence dans un bureau pourtant détaché de toutes leurs installations.
Qu'ils aient pris la peine de la lui dévoiler et, mieux encore, de l'y inviter - fut-ce essentiellement à but pratique pour que Rogos puisse y faire sa démonstration - prouvait au moins qu'ils prêtaient l'oreille à ses propositions. Qu'ils le fassent de mauvaise grâce n'avait que peu d'importance : ça n'en était pas moins un pas dans la bonne direction.
À son employé de faire en sorte que ce ne soit pas le dernier.

Malik Al-Aswad prit place en second, bientôt rejoint par Rosenberg après que celui-ci eut pris le temps de vérifier quelques données, laissant son « confrère » - le désigner de la sorte lui soulevait le coeur à chaque fois - superviser la partie théorique de cette mise à l'épreuve.

Le marchand de mort n'était pas sans se douter que ses explications l'avaient laissé insatisfait - contrairement au teuton, qui semblait s'en moquer du moment qu'ils avaient de nouveaux jouets - mais une histoire trop ordonnée, dont chaque détail semblait avoir été pensé à l'avance, n'aurait été que plus suspecte.
Si son domaine d'activité confinait au militaire, il n'était après tout qu'un simple civil - et la confiance qu'il plaçait dans ses installations n'était que très naturelle, compte tenu de la part de lion qu'il occupait sur le marché. Ce n'était pas tant à lui qu'il faudrait s'adresser qu'à son responsable de la sécurité s'il était encore nécessaire de faire lumière sur certains points.

Un meurtrier en temps de paix peut devenir un héros en temps de guerre, fit calmement l'homme d'affaires. Se retournant vers lui alors que Feuerbach poursuivait l'interrogatoire, il se para d'un léger sourire : C'est du moins ce que je me souviens avoir lu quelque part. Au fond, vous ne faites que rejoindre une bataille qui dure déjà depuis des milliers d'années, dit-il d'un ton qui faisait passer le fait qu'il ne s'inclue pas dedans pour de la pure modestie. Qu'est-ce que ça pourrait être d'autre, de toute façon ? Si tragique que ce soit, il est inévitable que cela donne lieu à son lot d'horreurs... Portant à nouveau son regard vers les corps allongés dans la pièce d'à côté, il prit un air pensif. ...Le tout étant de s'assurer qu'elles fassent une différence.

La rentabilité des vies humaines était parfois tout ce qui séparait le sacrifice nécessaire du massacre gratuit. Il doutait d'être le premier à tenir ce discours à son interlocuteur - et que ses prédécesseurs aient eu plus de succès pour ce qui est de le convaincre du bien fondé de ce qu'ils faisaient. Non que ce soit véritablement nécessaire, sans quoi il ne serait pas là - lié par un engagement dont il pourrait difficilement se défaire ; mais il était appréciable de savoir que certains des participants à cette vaste entreprise avaient encore des états d'âme.

Et, qu'à l'inverse, d'autres n'en avaient aucun, se dit-il alors que son attention revenait lentement vers Feuerbach. Non content de mettre son poulain en difficulté, celui-ci lui adressa un léger sourire carnassier - comme s'ils ne faisaient que jouer à un jeu et qu'il était bien normal que cela s'accompagne de quelques coups bas.
Rosenberg - ne serait-ce que par antipathie envers le personnage ; même s'il essayait de ne pas trop le montrer, il eut été difficile de l'ignorer - tentait bien de rétablir l'équilibre à travers la sobriété de ses propres interventions, mais hélas, l'allemand était passé maître dans l'art de distiller son poison. Une mauvaise langue aurait pu en dire qu'il personnifiait ainsi les pages les plus noires de l'histoire d'une nation...

Si cela lui était désagréable, Malik Al-Aswad veilla à n'en rien montrer. Il n'était ici que spectateur, sans parler de son naturel discret : il n'était nullement apte à discuter leurs méthodes de travail, si peu déontologiques qu'elles puissent lui sembler. Encore moins pour prendre la défense de quelqu'un qu'il avait lui-même proposé. Il devrait se défendre par ses propres moyens - leur montrer qu'il avait des raisons d'être ici, en se jouant de tous les pièges qui pourraient lui être tendus sur le chemin. Trop souvent, Rogos manquait de confiance en lui : peut-être était-ce le traitement de choc dont il avait besoin.

Je pense que cela suffira pour le moment. coupa finalement Rosenberg alors que son collègue s'apprêtait à poser une nouvelle question - à moins que ce ne soit pour corriger l'une des formulations employées par celui qu'il voyait déjà comme sa nouvelle tête de turc ; Al-Aswad avait perdu le fil quand ils s'étaient lancés dans les détails techniques.
Bien que sa connaissances des sujets aussi modernes soit limitée, il aurait pu en comprendre plus qu'il ne le laissait paraître, mais ça n'aurait pas eu grand intérêt : ce n'était pas lui que l'on examinait.

Ce jeune homme sait de toute évidence ce qu'il fait, reprit-il tout en ôtant ses lunettes pour en nettoyer les verres, tentant par ce biais de chasser une irritation dont la cause n'était guère difficile à deviner. Si nous avons d'autres questions, nous les poserons après l'expérience.
Oh, excusez-moi, je me suis laissé emporter, répliqua Feuerbach, laissant son sourire s'étirer : Il m'arrive de croire que c'est mon travail de faire preuve de rigueur scientifique.

La main de Rosenberg se crispa sur le chiffon, mais il n'ajouta rien de plus, sachant pertinemment qu'il ne ferait qu'encourager l'escalade ; il était trop malin pour se laisser pousser à la faute - si insupportable qu'il soit de laisser son homologue avoir le dernier mot. Satisfait, celui-ci adressa au postulant un signe nonchalant, parent de celui d'un dignitaire romain perché dans les tribunes intimant à un gladiateur d'aller mourir en son nom.

À la bonne heure, fit Feuerbach avec juste ce qu'il faut de son sarcasme habituel - dont la production continue suggérait l'idée qu'il fasse partie intégrante de son code génétique. Les derniers verrous se mirent en place dans un son caractéristique, assurant l'étanchéité de la pièce au cas où quoi que ce soit devrait aller de travers.
À défaut d'être de plaisante compagnie, au moins faisait-il correctement son travail, fut-ce uniquement par intérêt pour par sa propre préservation. Ayant terminé les réglages, il se rapprocha de la vitre blindée - qui, si parfaitement transparente soit-elle, devait compter son épaisseur en dizaines de centimètres -, insufflant à sa posture un sérieux qui ne suffit hélas pas à faire disparaître ce crispant sourire en coin de son visage. Quand vous voudrez. Nous vous regardons.

Probablement tentait-il là encore - par pur acquit de conscience, cela va sans dire - de voir comment il réagissait à ce surplus de pression, ignorant le mal qu'il aurait à lui en faire éprouver plus que ce n'était déjà le cas. Après tout, le curriculum qui leur était parvenu le concernant - et qu'il n'avait probablement dû lire que d'un œil - le disposant d'aucun champ consacré aux moeurs religieuses, il n'avait aucun moyen de soupçonner que le docteur Cantor était animé d'une foi robuste - et qu'il avait de bonnes raisons de croire que son dieu le regardait en ce moment.
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Le verrouillage complet de la pièce avait suivi de peu l'annonce de la fin de ses préparatifs. Une fois le lieu de l'expérience isolé de l'extérieur, un second niveau de quarantaine – interne celle-là – se mit en place : des cloisons transparentes descendirent du plafond, enfermant séparément chaque cobaye dans une boîte hermétique. Un son électronique invita le docteur Cantor à rediriger son attention vers le terminal centralisant les flux de données en provenance des appareils médicaux. Les informations présentes à l'écran avaient changé : les modèles d'activité cérébrale étaient toujours là, de même que l'électrocardiogramme, les résultats des analyses sanguines en continu et autres renseignements plus ou moins spécifiques sur ce qu'il se passait dans le corps de ses « patients » mais l'ensemble était maintenant complété d'une pléthore de nouveaux relevés. Température, humidité, pression et composition atmosphériques, charge électrique ainsi que d'autres indicateurs plus ésotériques.

Une mesure de sécurité doublée d'un dispositif visant à éviter les interférences entre les trois chambres, réalisa l’Étoile Terrestre de l'Ombre. Bien sûr, à moins que ses examinateurs ne soient eux-mêmes éveillés ils ne pourraient observer qu'indirectement le cosmos des cobayes à travers ses effets sur le monde physique. Et même s'ils disposaient d'un Sixième Sens pour le percevoir directement ils ne se contenteraient pas de leur ressenti personnel, il leur faudrait des chiffres, des données solides à transmettre à leurs confrères et supérieurs.

Rogos était lui-même curieux de voir ces chiffres : le laboratoire de la tour n'était pas exactement l'environnement le plus propice à l'installation de capteurs sophistiqués, aussi avait-il toujours mesuré les progrès de ses expériences à l'aide de ses propres sens d'éveillé et d'instruments basiques. Le problème de cette méthode était sa part de subjectivité inhérente, un manque de scientificité inacceptable pour le genre de recherches sérieuses menées par les Agences.

Il inspira un grand coup au signal de Feuerbach puis appuya finalement sur le bouton, déclenchant la stimulation électrochimique et accompagnant le geste d'une réplique de circonstance : « Alea jacta est. Dix secondes avant franchissement de la barrière hémato-encéphalique, quinze avant début de métabolisation... »

« Dix-huit avant réaction. » murmura Rosenberg un instant avant que le Spectre ne prononce exactement les mêmes paroles. Un compte à rebours était apparu à la fois sur l'écran du démonstrateur et sur celui de son public, de l'autre côté de la vitre blindée. Les modèles virtuels montraient une activité cérébrale croissante suite à la mise en marche des électrodes mais la véritable explosion eut lieu lorsque le chronomètre tomba à zéro et que les substances psychoactives commencèrent à faire effet.

Chaque fois qu'il contemplait les trois presque-cadavres, il ne pouvait s'empêcher de penser au Monstre de Frankenstein. Heureusement et malgré le pouvoir divin – et celui de la science – parcourant leur être, ceux-ci ne risquaient pas de se relever d'entre les morts pour se retourner ensuite contre leur créateur. Du moins, pas tant que Thanatos ne leur rendait pas leurs âmes... lesquelles étaient superflues pour les besoins de cette démonstration, comme le démontrait l'aura d'énergie que le trio de morts-vivants commençait à émettre en dépit de leur statut de simples amas de chair.

Leur cosmos était bien sûr très faible : s'il était possible de quantifier la chose, le Dullahan aurait estimé que les coquilles vides n'avaient accès qu'à un pour cent de la puissance qu'elles généraient de leur vivant. Le contrôle de ce cosmos était quant à lui quasi-inexistant sans conscience pour insuffler un minimum d'ordre à ce phénomène, un état de fait prévisible mais ô combien regrettable qui, lors de la phase initiale de l'expérience, l'avait forcé à ne laisser aucun élément combustible à moins de cinq mètres du sujet 2 et à toujours garder un extincteur à portée de main pendant les essais. Impossible de faire autrement après quatre départs de feu maîtrisés à la hâte en autant de tests...

La température dans la première cage transparente baissait rapidement, de la buée se formait sur les parois et ne tarda pas à se muer en givre. À l'inverse celle de la deuxième cellule augmentait et l'air y ondulait sous l'effet de la chaleur. Enfin, de petites étincelles électriques illuminaient périodiquement le dernier enclos, sautant d'un objet métallique à un autre.

« Bel assortiment que voilà. » badina nonchalamment l'allemand dont le regard alternait entre le spectacle de l'autre côté du verre blindé et le terminal informatique. Il appuya sur une icône de l'écran tactile, faisant disparaître les données biométriques des cobayes au profit d'un affichage plus exhaustif des changements environnementaux à l’œuvre dans les chambres hermétiques.

« Le rapport mentionnait un cryokinésiste, un pyrokinésiste et un électrokinésiste. » commenta Rosenberg, l’œil rivé sur les mêmes relevés. « Mais en fait... »

« Deux électrokinésistes et un aérokinésiste. »

Le scientifique grisonnant ne se formalisa pas de cette interruption – pas plus qu'il ne s'était formalisé du reste en tout cas – et accueillit cette confirmation de sa propre hypothèse par l'arrogant teuton avec un professionnalisme résigné. « Bel exemple d'applications convergentes de facultés parapsychiques. » se contenta-t-il de reconnaître avant de laisser son collègue prendre la suite. Puisqu'il aimait tant entendre le son de sa propre voix...

« Le sujet 1 ralentit l'agitation atomique par l'intermédiaire d'un champ électromagnétique. » expliqua Feuerbach sur le ton d'un professeur délivrant une leçon magistrale tout en pointant du doigt plusieurs inscriptions, graphiques et colonnes de chiffres sur le moniteur. « Quant au sujet 2, il manipule les molécules d'air et rien d'autre, la hausse de température est le produit d'une compression adiabatique. Vous nous gâtez, Herr Al-Aswad. »

Pendant que le blond « complimentait » l'irakien au sujet des surprises contenues dans Son cadeau, son aîné s'approcha d'un second ordinateur – celui-là équipé d'un clavier – et se mit à taper une longue liste d'instructions, s'arrêtant de temps à autre afin de vérifier quelque chose sur de mystérieuses fiches couvertes d'un charabia incompréhensible sorties de sa poche. Rogos, lui, était bien trop occupé à surveiller le déroulement de son expérience et à opérer une multitude de corrections en temps réel pour s'intéresser à leur manège : sa tâche requérait la plus grande délicatesse ainsi qu'une concentration de tous les instants. Quel ne fut donc pas son étonnement lorsqu'il vit apparaître un message sur son écran tandis que la voix de Rosenberg résonnait à travers le haut-parleur :

« Auriez-vous l'obligeance de procéder à ces quelques réglages, docteur Cantor ? »

La question était rhétorique. Le Spectre dirigea son regard vers Thanatos, demandant sans un mot le consentement de son « employeur », qui le lui donna. Il s'exécuta alors docilement, mettant fin à la stimulation du système nerveux de ses sujets et laissant leurs auras s'évanouir puis se dirigea vers les cages du centre et de gauche. Les panneaux transparents remontèrent dans le plafond, laissant simultanément s'échapper une masse d'air chaud et une masse d'air froid dont la brusque rencontre provoqua l'apparition de volutes de brouillard ; il traversa le microclimat en serrant contre lui les pans de sa blouse blanche, s'approchant en premier lieu du cobaye qu'il avait pris pour un simple manieur de glace.

Qu'est-ce que l'américain avait en tête ? Était-il en train de corriger sa méthode ou tout simplement d'évaluer sa capacité à suivre les ordres ? S'attendait-il à ce que le candidat Cantor comprenne ses intentions et justifie la démarche ? Dans ce cas...

« Nos soldats éveillés ne sont pas si nombreux, il y a donc des trous dans nos bases de données, d'où notre méprise. Vous êtes en train de me faire ajuster la stimulation neurologique pour qu'elle corresponde mieux à la véritable nature des pouvoirs de nos sujets. » réagit-il en joignant le geste à la parole, déplaçant légèrement les électrodes, modifiant leur voltage et le dosage des drogues. Il rejetait du même coup – et à raison – une large part de la responsabilité de cette erreur d'identification sur ses prétendus collègues de Nebula. Pourquoi devrait-il porter le chapeau pour ça, ce n'était pas le rôle d'un médecin que de mesurer les variations de paramètres physico-chimiques environnementaux et d'en déduire le mode d'action des facultés paranormales du trio de zombies. Une fois les rectifications effectuées, il revint à son poste de commande et redémarra l'expérience, sincèrement impatient de voir ce qui allait changer : cela lui offrirait en effet un aperçu – modeste et communiqué à dessein certes, mais quand même – du savoir-faire de FIRMAMENT...

Le décompte s’égrena derechef et les énergies surnaturelles s'élevèrent à nouveau. Les diagrammes à l'écran superposaient les relevés du test actuel à ceux du précédent, soulignant automatiquement les différences – pratique ça –, cependant le français n'en avait pas besoin pour constater une nette amélioration à la fois qualitative et quantitative. La température changeait plus rapidement, le stress subi par l'organisme était moindre... Les sujets 1 et 2 étaient passés d'1% de leur potentiel d'origine à... 1,15, voire 1,2% s'il utilisait les données chiffrées comme base d'une estimation indirecte ? Sans doute pas loin de la limite pour des réceptacles en si mauvais état combinés à un matériel humain.

« Alors là je m'avoue vaincu. Vous avez raison professeur, c'est plus efficient comme ça. » admit-il de bonne grâce.
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Répéter cette petite comédie jusqu'à l’écœurement semblait avoir conféré à Rogos l'assurance qui lui manquait au naturel. C'est avec une hâte maîtrisée - plutôt qu'une urgence paniquée - qu'il se mit à manœuvrer l'équipement à sa disposition. Quand bien même ce dernier lui était entièrement nouveau, il devait être suffisamment proche de celui dont il avait disposé lors de ses révisions pour ne pas en être dépaysé.
Resté en retrait, Malik Al-Aswad se contenta de fixer la scène d'un oeil observateur. Il n'était, après tout, rien de plus que le chéquier finançant les travaux du docteur Cantor, et le sésame qui lui valait d'être ici ; il n'avait pas vocation à comprendre ce qui se jouait derrière les vitres blindées de la salle d'expérience, et c'était un rôle auquel il entendait se tenir.

Évidemment, en tant qu'entité cosmique du plus haut rang, il n'avait nulle besoin de formation scientifique pour distinguer clairement les forces qu'allaient mettre en branle les pantins de Rogos - mais cela, ils n'avaient pas besoin de le savoir. Et il avait plus d'expérience qu'il n'en fallait s'agissant de se faire passer pour ce qu'il n'est pas - d'autant qu'il est plus facile de feindre l'ignorance que le savoir.
Non qu'il faille s'attendre à une quelconque surprise : s'il n'avait pas passé autant de temps que l'Étoile Terrestre en leur compagnie, il n'en était pas moins parfaitement conscient de ce dont ils étaient capables. Et pour cause, puisqu'il les avait personnellement sélectionné sur critère de leur médiocrité : des prises d'un trop gros calibre n'auraient fait qu'éveiller davantage de soupçons.

Les deux hommes qui lui tenaient compagnie au sein du poste d'observation, pour leur part, ne se privèrent pas de commenter la démonstration - pour ne pas dire de la décortiquer à chaque tournant. Il les laissa converser entre eux sans intervenir, se complaisant là encore dans son rôle de spectateur, jusqu'à ce que l'allemand lui adresse la parole - ce qui ne fut pas sans le surprendre : au vu du dédain démontré précédemment, il aurait cru que celui-ci avait oublié jusqu'à son existence.

Je m'étonne que des éveillés de si faible niveau soient capables de produire des effets aussi spécifiques, répondit-il sans réellement s'attendre à ce que la conversation se poursuive au-delà, signifiant d'un léger signe de tête à son employé son accord pour effectuer les manipulations demandées.
Sans doute n'avaient-ils eux-mêmes pas conscience du vrai potentiel de leurs pouvoirs, ou ils n'en seraient pas là.
Peu d'éveillés réalisent l'ampleur des forces qu'ils manient, opina Rosenberg à la place de son collègue, lequel était déjà de retour à ses observations. La réaction chimique que demande l'apparition spontanée d'une « simple » boule de feu, par exemple. Ils s'en tiennent à leurs applications les plus élémentaires, sans chercher plus loin. Rajustant ses lunettes, il émit un léger soupir et commença à se détourner au profit des données affichées à l'écran, le visage un rien plus sombre qu'auparavant : Estimons-nous heureux que les sanctuaires antiques ne dispensent pas de cours de science pour collégiens.
Ah, si seulement vous me laissiez travailler sur ce projet pour les repérer à la naissance... lança Feuerbach - mais le regard noir que lui adressa son confrère le fit taire immédiatement, sans pour autant effacer son sourire narquois.

Si un tel dispositif serait sans aucun doute d'une aide précieuse - y compris pour les différentes factions, qui devaient pour l'heure s'en tenir au repérage de talents à l'ancienne -, le mettre en oeuvre demanderait des dispositions encore plus contraires aux droits de l'homme que ce à quoi s'employait Rogos au même moment - et à large échelle, cette fois.
Si FIRMAMENT était prête à certaines extrémités pour défendre l'humanité, cela ne servirait à rien si elle se mettait à dos cette dernière dans la foulée. Et c'était sans parler de ce que l'allemand projetterait de faire avec les nourrissons chez lesquels l'on pourrait distinguer une particularité cosmique : aucune des options ne semblait enviable.

Sans parler de l'important risque de ségrégation qui risquerait d'en résulter : au vu du sujet sensible qui semblait être pour beaucoup dans l'animosité entre les deux hommes, il n'était pas surprenant que Rosenberg ne veuille pas même en entendre parler.
Bien que l'un comme l'autre semblaient trop concentrés sur leurs petites querelles pour lui prêter attention, Malik Al-Aswad se contenta d'observer un silence poli, sans ne serait-ce que songer à prendre parti - bien qu'il ne fut pas sans apprécier, d'un point de vue purement pragmatique, l'ingéniosité d'un tel projet.

Une erreur tout à fait compréhensible, docteur Cantor. Nous ne vous en tiendrons pas rigueur. C'est bien là toute l'utilité d'avoir un oeil extérieur. reprit Rosenberg d'un ton parfaitement neutre via l'installation sonore - non sans lorgner son homologue au cas où celui-ci aurait quoi que ce soit à ajouter, mais ce dernier se contenta de lever les mains en gage de passivité. Pouvez-vous nous en montrer davantage avec le troisième, je vous prie ?

S'il se contentait de suivre la procédure, quelque chose dans son attitude dénotait une certaine satisfaction quant à la rapidité avec laquelle l'examiné avait saisi le sens des réglages qui lui avaient été demandés. En somme, tout portait à croire que Rogos était sur la bonne voie : il ne tenait qu'à lui de ne pas trébucher dans la dernière ligne droite.

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Même avec toute la concentration qu'exigeait son travail, il lui était difficile de ne pas prêter attention aux échanges de ses examinateurs. Un programme de dépistage infantile pour les facultés cosmiques ? Voilà qui titillait la curiosité du cavalier sans tête, bien qu'il ait de sérieux doutes sur la faisabilité de la chose. Il se racontait chez les chevaliers qu'à l'ère mythologique, chaque être humain avait accès au Septième Sens et qu'ils avaient perdu ce talent ensuite. Si tel était bien le cas...

Il n'avait jamais pensé à rechercher les lumières de son Seigneur – bel oxymore que voilà – à ce sujet, afin de démêler les faits de la légende. Cela aurait pu lui être utile mais il n'était pas sûr que Thanat... Malik Al-Aswad accepterait d'être ainsi questionné par Son subordonné. Il ne put s'empêcher de garder à l'esprit ce qu'impliquaient les paroles de l'allemand et ses propres connaissances – véracité douteuse ou non – en la matière alors qu'il se pliait derechef à l'ordre de Rosenberg.

Les parois de la troisième enclave se rétractèrent et il se mit à l'ouvrage. Les deux scientifiques lui avaient livré un indice, attendant sans doute de voir s'il serait capable de faire le lien tout seul : comme l'avait fait remarquer Feuerbach – dont le petit discours se révélait être plus qu'un simple étalage de sa propre expertise –, le cobaye numéro 1 était en fait un électrokinésiste, le même type de pouvoir que le numéro 3. Logiquement, les ajustements qu'il venait d'effectuer sur le premier mort-vivant devraient être au moins partiellement transposables au troisième... Non, il fallait aller plus loin : certains réglages suggérés par l'homme à la prothèse étaient communs aux sujets de test 1 et 2. Potentiellement applicables à n'importe quel éveillé ou presque, dont le numéro 3 ? Les neurosciences représentaient un domaine complexe entre tous, il devait forcément y avoir des différences d'un individu à l'autre et pas seulement entre les catégories d'éveillés, aussi procéda-t-il plus lentement cette fois-ci, s'occupant d'abord des manipulations dont il était certain du résultat tout en réfléchissant à la logique derrière les opérations à l'issue moins prévisible afin de les adapter aux caractéristiques de son dernier zombie, commentant ses actions tout du long.

La tâche lui fit prendre encore davantage conscience du niveau que devaient avoir atteint ses examinateurs. S'ils parvenaient à améliorer son protocole alors qu'ils rencontraient ces cobayes pour la première fois et que les modifications somme toute superficielles qui s'ensuivaient avaient un tel impact... Il devrait revoir à la hausse son estimation de ce qu'ils seraient capables d'accomplir avec un travail plus approfondi. Pas de beaucoup mais il avait déjà pu constater que la loi du rendement marginal décroissant était à l’œuvre dans ce genre d'expériences : s'il était initialement possible d'obtenir des gains importants avec assez peu d'efforts, plus on avançait, plus il devenait ardu de grappiller quelques points de performance supplémentaires, le même effort fourni n'étant plus aussi bien récompensé qu'au début. Le fossé technique entre un sujet exprimant 1,2% de son potentiel et ce même sujet en exprimant 1,25% était bien plus large que celui qui séparait le 1% d'un 1,2%... ou le 0 du 1%.

Le Dullahan acheva de recalibrer son outillage et retourna à son pupitre. Il ne pria pas pour l'exactitude de ses déductions : le seul Dieu qui pourrait répondre à ses supplications l'observait en ce moment-même à travers la vitre blindée et Il l'avait explicitement chargé, lui, de mener à bien cette expérience ; Il lui avait déjà donné tous les coups de pouce nécessaires, il ne fallait pas en attendre plus.

Il embraya sur la troisième partie du show du docteur Cantorstein – ou était-ce Rogostein ? – en appuyant sur un bouton. Légèrement anxieux, il fixa les graphes à mesure que leurs tracés se dessinaient avec l'arrivée des nouvelles données. En admettant que numéro 1 et 2 soient à 1,2% de leur véritable pouvoir, en progression par-rapport au 1% de base, numéro 3 oscillait à présent entre... 1,175 et 1,18% ? Pas mal !

« Un travail tout à fait convenable, docteur Cantor. » fit Feuerbach, l'appréciation contenant une pointe de critique à peine dissimulée. Oui, bon, d'accord, ce n'était pas parfait mais le français faisait de son mieux...

« Très bien pour un premier essai. » rectifia son collègue sans pour autant totalement invalider les réserves de l'homme en manteau noir. « Vous avez rapidement incorporé et mis en pratique ces nouvelles connaissances, la maîtrise viendra avec la répétition. »

« Merci, professeurs. » répondit le Spectre. Il fit très attention à ne pas interpréter la dernière réplique comme un signe tacite de réussite à l'examen, il doutait d'être si vite tiré d'affaire...

« J'ai remarqué un certain intérêt de votre part quand nous avons mentionné la détection des facultés parapsychiques chez de très jeunes sujets. » reprit Rosenberg, confirmant qu'il avait eu raison de se méfier. Sournois, surtout pour quelqu'un qui n'avait pas l'air d'apprécier le sujet... mais il n'était apparemment pas homme à laisser passer une opportunité. « J'ai vu dans votre dossier que vous avez obtenu votre diplôme avec un major en neurologie et un minor en biochimie, un curriculum faisant appel à de multiples disciplines... »

« À ce titre, vous ne nous en voudrez pas si nous sortons un peu du cadre purement expérimental. » compléta le blond, démontrant une synergie surprenante avec son confrère, au-delà des frictions personnelles. « Alors, que pensez-vous d'un tel projet ? Sur le plan technique et non éthique ou logistique bien sûr. »

Merveilleux... mais FIRMAMENT n'allait évidemment pas ouvrir ses portes au premier venu, il ne devrait pas s'étonner d'être soumis à de telles épreuves. Il lui fallait maintenant prouver qu'il était capable d'articuler les informations limitées à sa disposition au sein d'un raisonnement cohérent. Si on lui avait dit qu'il aurait à subir un entretien d'embauche après avoir reçu son Étoile Terrestre...

Il lui fallut un moment pour organiser ses pensées, puis il se mit enfin à leur exposer ses idées. « Il me semble que pour pouvoir repérer les éveillés à l'avance, encore faut-il connaître très précisément les éléments visibles qui les différencient d'un humain lambda ainsi que les facteurs qui causent l'apparition de ces éléments. Dans le cas de tests pratiqués sur des sujets jeunes à très jeunes, on recherche généralement des prédispositions génétiques, puisque nombre de facteurs interviennent ensuite au cours du développement et amenuisent la précision d'autres types de tests – notamment ceux visant à cartographier les circuits neuronaux. »

Ses juges l'écoutaient dans un silence poli. Ils ne tentèrent pas de l'interrompre : soit il n'avait pas encore dit d'énormité, soit ils attendaient de voir jusqu'où il pouvait s'enfoncer tout seul.

« Comme vous vous en doutez, nous nous sommes documentés sur les éveillés en établissant notre propre contingent. Vu l'état de l'art en la matière et l'inaccessibilité des recherches sérieuses sur le sujet – je dirais même invisibilité, puisque menées par des organisations comme la vôtre – nous n'avons eu d'autre choix que de nous tourner vers des sources à la fiabilité plus qu'incertaine. En d'autres termes, les légendes narrant le passé des factions divines, lesquelles prétendent qu'à l'époque antédiluvienne, la population entière était éveillée. »

Le français avait l'impression d'échafauder un édifice théorique précaire, fait de planches pourries reposant sur des fondations branlantes. « Vous voyez, Guido von List et Jörg Lanz-Liebenfels n'ont rien inventé – ou plutôt réinventé. » intervint le teuton taquin. Pour une fois Rosenberg concéda le point mais il invita l'examiné à continuer, ce qu'il fit en évitant strictement de déborder de son domaine de compétences : la biologie. Ce n'était pas à lui d'aborder la question d'éventuels phénomènes physiques ou chimiques qu'un éveillé provoquerait autour de lui et qui pourraient constituer une sorte de « signature »...

« L'hypothèse est difficilement testable mais si elle s'avère fondée, cela nous complique la tâche : tous les humains modernes descendent de ces ancêtres éveillés, ils devraient donc tous avoir le même potentiel s'il s'agit d'un trait héréditaire... ou au moins une grande partie d'entre eux, je vois mal un caractère bénéfique tel que celui-ci être entièrement évacué du génome de l'espèce au gré des mutations en à peine quelques millénaires. Je pense donc que le facteur génétique seul ne constitue pas un déterminant suffisant, à supposer qu'il s'agisse bel et bien d'une faculté innée qu'on puisse dépister à un tel âge ; les causes doivent être épigénétiques et / ou environnementales, inhibant ou activant un potentiel héréditaire commun. »

« Vous nous dites donc que nous ne devrions pas rechercher un marqueur inné mais des facteurs environnementaux proches de ceux de l'Âge d'Or que vous avez mentionné, qui auraient largement disparu à la fin de cette période et dont l'absence aurait causé la mise en sommeil de ces capacités parapsychiques. » résuma – ou plutôt anticipa – l'aîné des deux scientifiques. Le Dullahan nota la terminologie employée et acquiesça.

L'allemand choisit ce moment pour lui lancer un os à ronger : « Pour votre gouverne, nous avons plusieurs systèmes de catégorisation en place pour les éveillés, ce n'est pas un grand secret, d'où le fait que je partage l'information avec vous maintenant. Celui qui nous intéresse sépare les détenteurs de capacités parasychiques en quatre types – pas toujours mutuellement exclusifs – selon le mode d'obtention de leurs pouvoirs. Le type Darwin – le pauvre Charles doit se retourner dans sa tombe, ils auraient dû l'appeler Lyssenko – regroupe ceux qui acquièrent leurs facultés sous l'influence d'une pression environnementale, généralement suite à un événement particulièrement traumatisant. Le type Lamarck concerne grosso modo les enfants d'éveillés héritant leurs facultés de leurs parents. Le type Mozart rassemble les « naturels » dont les dons ne semblent venir de nulle part. Enfin, le type Jordan, ceux dont les pouvoirs leur ont été conférés par le contact avec un artefact ou une méta-entité. Vous voyez où je veux en venir ? »

À part le fait que d'après FIRMAMENT, le Spectre et la plupart de ses coreligionnaires appartenaient à la classe Jordan tandis que les rangs d'Athéna accueillaient plutôt des Darwin... sans blague, qui avait choisi ces noms ?

« Hum... Faute de dépistage génétique à la naissance, il serait possible de procéder à d'autres types de tests pendant la petite enfance mais ceux-ci ne permettraient de repérer que les Lamarck et Mozart les plus précoces ? À supposer que les parents des Lamarck ne défendent pas leur progéniture ? »

« Je vois. Et si l'hypothèse de départ est fausse, que les pouvoirs des habitants de l'Âge d'Or ne sont qu'un mythe ? » interrogea le scientifique grisonnant.

« Alors la situation reste tout aussi compliquée. Je me doute que votre organisation a déjà dû comparer les génotypes de tous les éveillés qu'elle a rencontré, sans mettre en évidence de facteur génétique particulier expliquant la présence de capacités parapsychiques y compris chez les Lamarck, autrement on pourrait s'attendre à les retrouver chez les Mozart – sans doute sous forme d'allèles récessifs –, ce qui expliquerait leur origine et invaliderait votre description. L'existence des types Darwin et Jordan m'amène à penser que nous avons bel et bien affaire à une faculté dormante, présente chez l'ensemble ou à tout le moins une part importante de la population, qui peut s'exprimer spontanément chez certains mais nécessite une activation extérieure chez les autres ; il faudrait étudier les proportions d'éveillés de chaque type dans l'effectif total pour se faire une meilleure idée... Donc nous serions là encore à la recherche de déterminants épigénétiques et environnementaux. Au final, la question de la véracité des légendes est... secondaire. »

Attendez une minute... il ne savait pas comment c'était possible, mais ses interlocuteurs l'avaient amené à abandonner l'une des prémisses de son propre raisonnement. Et il ne savait toujours pas s'ils étaient satisfaits ou non. Pas plus qu'il n'avait résolu la question posée ; n'était-ce au final qu'un appât agité par l'agaçant teuton ? Peut-être que le projet était en effet réalisable mais ça il ne pouvait pas le savoir sans disposer des mêmes connaissances que les examinateurs... Il avait l'impression d'avoir perdu pied après s'être aventuré en eaux trop profondes.

Et il attendait maintenant le verdict de l'assistance après cette conversation déroutante...
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Alors que Rogos s'employait à satisfaire leurs exigences au mieux de ses capacités, ses examinateurs faisaient ce que les gens de leur profession savaient faire de mieux : ils l'étudiaient. L'observaient sous toutes les coutures pour s'assurer que son profil convienne aux critères stricts que se devait de respecter l'organisation.

Rosenberg s'était peut-être montré plus avenant envers « Armand Cantor » que son collègue, mais même lui ne pouvait se permettre de faire preuve de clémence. C'était bien normal : la pérennité de leur cause en dépendait - et avec elle le sort de l'humanité, peut-être bien.
Oui, prudence était de mise : il suffirait d'un élément perturbateur, d'un engrenage défectueux dans la machinerie, pour que l'ensemble de la structure perde en stabilité - ou s'effondre. Tout serait alors perdu. Ils n'avaient pas droit à l'erreur.

Fort heureusement, le fils de Nyx n'en tolérerait pas davantage de la part de ses troupes - ou celles d'Hadès ; qu'importe. Et bien qu'il n'ait pas élevé la voix un seul instant, il s'était assuré que ce soit parfaitement clair pour tous les Spectres participant à cette mascarade.
Une consigne que le Dullahan avait plus que tout autre prise au pied de la lettre en pratiquant son art sans relâche ; et s'il n'avait pas les traces physiques pour le montrer, il y avait sans conteste investi autant d'efforts qu'un ménestrel se saignant les doigts sur son instrument.
Mis toute son âme, pour ainsi dire - craignant sans doute pour le sort de cette dernière s'il ne parvenait pas à compléter le programme qui lui avait été assigné. Il était le seul capable de le faire - et même si ce n'avait pas été le cas, il était fort peu probable qu'ils laisseraient un simple investisseur - quels que soient les fonds déployés - leur soumettre un autre candidat si le premier avait déçu leurs attentes.

Que ce test d'admission se solde par une réussite ou un échec, l'Étoile Terrestre en porterait toute la responsabilité ; sentir sur lui le regard du Faucheur n'était pas sans le lui rappeler à chaque instant sans que celui-ci ait besoin de faire quoi que ce soit, l'incitant à se dépasser.
Il était aussi prêt qu'il pouvait l'être, le Grand Moissonneur lui ayant fourni tout ce dont il aurait pu avoir besoin pour s'exercer et s'exercer encore - et pour un Spectre, il n'était pas irraisonnable de mourir d'épuisement, pourvu que cela donne des résultats.

Ainsi surveillé, ainsi jugé par celui-là même à qui il avait juré d'obéir, le Dullahan n'avait d'autre choix que d'y mettre toute son âme - ne serait-ce que par crainte de ce qui lui arriverait s'il ne le faisait pas. C'était une saine appréhension ; si elle pouvait lui éviter de se relâcher et de commettre un impair fatal dans la dernière ligne droite, c'était tout à leur avantage.

Car à moins qu'il s'imagine que le docteur Cantor, dont le nom n'était pas parvenu à leurs oreilles avant aujourd'hui, dispose d'un stock illimité de corps sur lesquels s'exercer, en lui disant que la maîtrise viendrait avec la répétition, Rosenberg marquait déjà son approbation.
Quant à son confrère, et bien... Compte tenu de sa carence pathologique en empathie, il serait surprenant qu'il se retienne de briser ses espoirs si telle était son envie. Au moins ne faisait-il pas savoir son désaccord, donc - et c'était déjà beaucoup venant de lui.

Ma foi, c'est un raisonnement pertinent, fit Rosenberg, dont les doigts croisés soutenaient le menton. Il manque de quelques éléments, mais dans la mesure où vous avez dû je suppose vous contenter des informations accessibles au grand public, on ne peut pas vous le reprocher.

Non ? intervint Feurbach, paré de ce même sourire qui aurait donné au plus saint des hommes l'envie de l'effacer de son visage par tous les moyens nécessaires. C'est le travail d'un homme de science que deviner ce qu'il ne peut apprendre. Du moins, c'est ce qui sépare les grands esprits de la médiocrité de la masse.

Rosenberg l'ignora purement et simplement, entendant sans doute ne pas donner d'eau à son moulin - ce qui, hélas, ne suffirait sans doute pas à l'arrêter.

En tous les cas, vous avez su démontrer une maîtrise remarquable de votre sujet. Cela vaut la peine d'être souligné.

C'est le moment que choisit Malik Al-Aswad pour s'avancer, se raclant la gorge pour rappeler sa présence aux deux chercheurs. Ceux-ci l'avaient en effet pratiquement oublié, tout absorbés qu'ils étaient par la performance de l'examiné. Le Dieu de la Mort ne leur en tiendrait pas rigueur : cela lui éviterait d'avoir à se faire passer pour plus bête qu'il n'est afin d'endormir leur méfiance.

Excusez-moi d'intervenir, mais cela veut-il dire que je peux laisser le docteur Cantor à vos bons soins ? fit-il, désireux d'abréger le suspens.

Les deux hommes échangèrent un regard. L'on ne pouvait pas vraiment parler de connivence - il s'agissait plutôt de Rosenberg s'assurant que son collègue ne trouverait pas encore à médire -, mais l'idée était là. Rogos s'était montré compétent, oui, mais pouvaient-ils lui faire confiance ?

Même si une nouvelle recrue ne pourrait bien sûr pas voir tout ce que FIRMAMENT gardait sous clé, il aurait accès à suffisamment de choses pour que ce leur soit dommageable s'il n'était pas aussi fiable qu'ils l'avaient imaginé. Ils devaient peser sagement cette décision.
Bien sûr, c'était sans compter que le loup était déjà dans la bergerie - mais cela, ils ne pouvaient pas le savoir. Ladite bête ne nourrissait néanmoins pas d'intention néfaste à leur égard... Pour le moment.

En d'autres temps, Thanatos aurait pu entrebâiller la porte de leur esprit pour savoir ce qu'il s'y tramait - et altérer leur jugement, si le besoin s'en faisait sentir. Néanmoins, sa maîtrise des arts psychiques manquait de raffinement ; s'il se risquait à un tel exercice, il y avait de fortes chances qu'il fasse de la casse. Qui plus est, il n'était pas sans se douter que FIRMAMENT avait dû prévoir des contre-mesures ; les pouvoirs mentaux étaient relativement répandus et parmi les plus à même de compromettre leurs opérations.
Même si son ego avait été revu à la baisse depuis les événements d'il y a trente ans, le Faucheur ne doutait pas de sa capacité à passer outre de telles protections, si élaborées puissent-elles être - mais ce serait risquer d'attirer une attention dont il se passait bien pour le moment. Mieux valait donc faire confiance à Rogos ; toute Étoile Terrestre qu'il soit, il en dépit de son manque de confiance en lui, il ne lui avait jamais failli jusqu'à présent.
Et ce ne serait pas encore pour cette fois.

Je pense, en effet, que vous pouvez laisser ce jeune homme entre nos mains, monsieur Al-Aswad. Il a bien mérité sa place à nos côtés.

Se levant de son siège, Rosenberg vint serrer la main à l'hommes d'affaires - non sans avoir d'abord adressé un léger sourire bienveillant à l'intéressé, qui dut avoir l'impression qu'Atlas était rentré de vacances pour le décharger de son fardeau. Malik Al-Aswad la serra de bon coeur, pendant que Feurbach faisait mine de quitter la pièce sans se fendre de la même politesse - nul ne s'y serait attendu, de toute façon.

Je ne peux que vous remercier de nous l'avoir amené. Je suis sûr que nous allons faire ensemble du très bon travail.

Le PDG de Nebula sourit à son tour, dévoilant des canines qui, selon l'éclairage, pourraient sembler un rien trop pointues.

Oh, je n'en doute pas.
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Il n'avait apparemment pas fait de faux pas : que son raisonnement soit ou non en adéquation avec la réalité des faits n'était pas la question, l'important était qu'il se tienne, que son auteur parvienne à un cheminement logique cohérent à partir des informations limitées à sa disposition. L'allemand émit bien évidemment une énième critique concernant sa capacité à se procurer lesdites informations mais Rogos ne mordit pas à l'hameçon. Même avec toute la mauvaise foi du monde, Feuerbach ne pouvait ignorer qu'une multinationale – aussi puissante soit-elle – n'égalerait jamais les capacités d'un gouvernement en matière de recherche scientifique et n'aurait de toute façon aucun intérêt à tenter la chose. L'objectif d'une entreprise était d'être rentable, pas de faire progresser le savoir humain, les chercheurs employés du secteur privé étaient donc assujettis aux commandes – et à l'étroitesse d'esprit – de leur employeur, leur laissant très peu de liberté pour mener des projets de haute volée.

L'agaçant examinateur savait tout cela, ce qui amenait le Dullahan à penser qu'il le faisait exprès. Sans doute pour le déstabiliser, jauger son comportement face au stress et à l'autorité, évaluer la taille de son ego – ironie suprême pour un personnage clairement aussi imbu de lui-même – et son niveau de résistance aux brimades. En d'autres termes, cela devait faire partie du test, quand bien-même cette personnalité désagréable ne serait pas feinte. Le français était assez grand pour reconnaître une dynamique de type gentil flic / méchant flic entre ses deux juges...

« Merci, professeurs. Je tiendrai compte de vos remarques et ferai tout mon possible pour m'améliorer. » énonça le Spectre en ce qu'il espérait une réponse satisfaisante à leurs paroles respectives. Il retint son souffle lorsque Malik Al-Aswad s'immisça dans la conversation, demandant qu'ils en arrivent au fait. Le résultat final tomba après une longue pause et il l'accueillit avec un soulagement plus profond et sincère que ses futurs collègues ne pouvaient l'imaginer. Il avait réussi, il était dans la place... mais son enthousiasme fut aussitôt douché par la perspective de tout ce qu'il lui restait encore à accomplir.

Le temps n'était pas encore arrivé de se reposer sur ses lauriers, loin de là : le pire restait à venir et il aurait fort à faire. Il ne pouvait se permettre de demeurer en bas de l'échelle s'il comptait être utile à son Seigneur, il lui faudrait gravir les échelons et vite, les Enfers restaient en sous-effectif et il ne pouvait pas rester éternellement en mission d'infiltration. Il ne lui faudrait pas seulement faire preuve de compétence et de fiabilité pour cela, il devrait surpasser ses pairs pour mériter une promotion ! Or cette fois-ci il ne pourrait pas tricher : il n'y aurait pas de raccourci, pas de cobayes réutilisables à l'infini, pas d'accès aux précieux indices qu'avaient pu fournir son Dieu ou ses coreligionnaires ; si l'on ajoutait à cela une surveillance 24 heures sur 24 et le poids des attentes du Faucheur, on obtenait la recette parfaite pour provoquer la mère de toutes les crises de nerfs chez la plus fragile des Étoiles Terrestres.

Quelques échanges d'amabilité plus tard et la Mort abandonnait Son subalterne à son sort en compagnie du seul Rosenberg – et d'une poignée de gardes, ne pas oublier les gardes –, Feuerbach ayant visiblement mieux à faire ailleurs.

« Félicitations docteur Cantor, et bienvenue à FIRMAMENT. » fit le scientifique grisonnant en invitant son jeune confrère à le suivre dans les couloirs. Contrairement au multimilliardaire, ils ne retraçaient pas l'itinéraire exact suivi à leur arrivée.

« Merci encore, professeur. »

« J'imagine que vous devez avoir beaucoup de questions sur ce qui vous attend à partir de maintenant ; je vais donc les devancer pendant les quelques minutes qu'il nous reste. »

Rogos acquiesça sans interrompre son aîné, qui avait deviné juste. Il avait déjà eu droit aux interrogatoires, signatures de documents légaux, briefings de sécurité et au plus déplaisant, la pose des kill-switches. Il avait été bien incapable de localiser ces derniers ensuite, n'ayant pas osé se servir de son cosmos pour inspecter l'intérieur de son propre corps de crainte que les implants ne soient conçus pour punir définitivement une telle tentative ; de toute manière, il était peu probable que les Agences se soient limitées à cette méthode pour s'assurer de la loyauté de leurs collaborateurs. Il avait déjà mis à profit son entraînement de biochimiste pour analyser des prélèvements de son propre sang – entre autres fluides corporels – et s'était rendu compte qu'ils avaient fait quelque chose qui avait affecté diverses hormones dans son organisme, mais il aurait été bien en peine d'en identifier la cause, les effets ou de contrecarrer le dispositif sans déclencher accidentellement une autre laisse chimique dans l'opération. Mieux valait ne pas y toucher, c'était un coup à griller sa couverture.

« Le test d'aujourd'hui n'a fait que prouver votre aptitude générale à travailler pour nous. » exposa Rosenberg. « Lors des prochaines semaines, vous effectuerez une rotation au sein de différents services du Département Recherche et Développement où vous vous contenterez d'observer et de participer à des tâches simples, sauf quand les responsables voudront prendre votre mesure et vous confieront des travaux plus importants. Il s'agira autant pour vous d'une occasion de vous familiariser avec notre manière de faire que pour nous de nous faire une idée plus précise de ce que vous avez à nous offrir, ce qui nous aidera à décider de votre placement permanent. Vos éventuels vœux en la matière seront pris en considération mais les besoins des Agences priment, suis-je clair ? »

« Limpide. »

« Vous aurez également un peu de lecture à faire, vous avez clairement de bonnes bases mais nous nous tenons ici à la pointe de la pointe de la recherche scientifique. Mon collègue n'a pas tort – même s'il pourrait le formuler avec un peu plus de tact –, il nous faut les meilleurs. Nous ne tolérerions pas ses excentricités autrement. »

Vu l'attachement que les Agences semblaient porter au sérieux, au professionnalisme et à la discipline du fait de leur organisation militaire, le cavalier sans tête se doutait que le teuton ne pouvait se permettre d'être aussi irritant au quotidien à moins d'être un élément des plus brillants. Il fallait espérer que le Spectre ne terminerait pas sous ses ordres, cette mission serait déjà assez difficile sans avoir en plus à supporter un tel individu...

« J'ai vu que vous aviez eu la prudence de coder vos recherches, c'est très bien, cela devrait vous faciliter la vie : vous commencerez par des cours de cryptographie où l'on vous inculquera des méthodes plus efficaces. Tout est codé ici à l'exception des documents les plus triviaux – et encore – et il vous faudra mémoriser à la perfection les différents systèmes de cryptage qui vous seront affectés, sachant qu'ils ne représenteront qu'une infime partie de ceux employés par les agents des autres sections ou niveaux d'accréditation. Nous pratiquons un haut degré de compartimentation de l'information : si vous n'arrivez pas à déchiffrer quelque chose, c'est que ça ne vous est pas destiné. »

Et dire qu'il s'y était mis de peur qu’Éris ne vienne farfouiller dans son laboratoire... Le Dullahan passa la suite du trajet à écouter attentivement l'homme à la prothèse, ne réagissant que périodiquement pour confirmer qu'il comprenait ce qu'on lui disait. Ils finirent par sortir du bâtiment, débouchant à l'air libre et plus précisément sur une autre piste de décollage où attendait un avion curieusement dépourvu de hublots. Il allait maintenant s'envoler vers sa première affectation ; il échangea une poignée de main avec Rosenberg, prenant le temps d'admirer à son tour la belle ouvrage que représentait son membre artificiel, puis embarqua dans l'aéronef.

Lorsqu'il prit place à son siège, il ne put que remarquer la présence d'une monstrueuse pile de livres et revues placée sur les deux sièges en face, d'épais volumes extrêmement techniques accompagnés de publications prestigieuses. Une note manuscrite ainsi qu'un fascicule surplombaient les ouvrages :

« Docteur Cantor, je vous présente la première partie de votre programme de révisions. Vous n'y trouverez pour l'instant que des titres disponibles dans le commerce, les publications internes des Agences n'étant pas autorisées à sortir des murs ; vous devrez de toute façon avoir complété les premiers cours de cryptographie avant de pouvoir vous attaquer à ces dernières. Ceci devrait suffire à vous occuper d'ici-là. »

La courte missive était signée Feuerbach. Rogos la relut, puis contempla la pile, puis de nouveau le message, puis pour la troisième fois l'édifice de papier dont la taille n'avait évidemment pas diminué malgré l'apparition de ses sueurs froides. Il y avait plus de livres là-dedans qu'il n'avait dû en utiliser lors de l'ensemble de son cursus universitaire – incluant les ouvrages feuilletés à la va-vite à la recherche d'un unique passage à référencer – et ça n'était qu'une entrée en matière ?! Le fascicule se révéla être une bibliographie listant les articles et chapitres à consulter pour chaque recueil de connaissances, il n'avait donc pas besoin de tout lire de A à Z... la quantité d'informations à ingurgiter restait néanmoins colossale, l'équivalent de deux années d'études médicales poussées ou plus.

« Ils appellent ça “un peu de lecture”... » murmura-t-il avec un rire nerveux.

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