Olrik but une gorgée de son thé encore chaud tandis qu’Egill parlait. Depuis plusieurs heures, les deux hommes étaient installés dans la bibliothèque du palais et discutait de la situation de Nordheim. Le Sénéchal avait principalement alimenté la conversation grâce aux multiples rapports qu’il possédait. À plusieurs reprises, des serviteurs étaient venus apporter boissons et nourritures aux deux hommes sans qu’ils n’aient besoin de le réclamer. Olrik soupçonnait le vieux Polaris d’avoir effectué les demandes à l’avance.

Egill posa un nouveau parchemin sur la table qui les séparait et jeta un regard à Daudr qui somnolait devait la cheminée qui brulait d’un feu constant. La présence de la chienne semblait perturber le vieil homme mais il s’abstint de le dire. À son tour, le Sénéchal saisit sa tasse de thé et la porta à ses lèvres. Olrik posa alors la sienne et se passa une main sur le visage. Il était éveillé depuis longtemps et la fatigue commençait à se faire sentir. Les nombreux évènements de ses derniers jours pesaient sur ses épaules d’une manière à laquelle il n’était pas habitué. Il se leva et se dirigea vers l’une des fenêtres de la bibliothèque afin de regarder à l’extérieur. La nuit était tombée depuis longtemps et la neige tomba assez drue. Les températures avaient encore chutée depuis la fin de la guerre contre Surt et elles continueraient de baisser dans les prochains jours.

L’Ase poussa un fort soupir : les choses allaient mal pour les neufs royaumes. Beaucoup auraient du mal à se relever des derniers conflits et il faudrait qu’Asgard les soutiennent. Mais Asgard était lui-même au plus mal et Olrik ne voyait pas comment aider. Une pensée lui vint alors, une parole qu’avait eu Egill plus tôt lui revint à l’esprit. S’il voulait aider Nordheim, il n’aurait pas le choix, il lui faudrait faire appel à l’extérieur. Beaucoup seraient contre mais la situation l’exigeait. De toute façon, le domaine d’Odin vivait à l’écart du monde depuis bien trop longtemps. Certes cette manière de vivre protégeait les traditions mais le peuple passait à côté de beaucoup trop de chose qui lui permettrait de bien mieux vivre.

- Blue Graad… Egill, vous avez parlé de Blue Graad tout à l’heure.

- Effectivement mon Seigneur. Il s’agit d’une province qui nous est annexée depuis longtemps mais que nous avons plutôt oubliée.

- Oui... Peut-être est-il temps de s’en rappeler. Comment pourrions-nous nous relever si nous oublions nos alliés ? Les Saints semblent vouloir continuer à être nos « amis » mais il serait certainement plus utile de conserver l’aide de ceux qui sont plus proches de nous.
Il va encore falloir du temps avant que les royaumes n’envoient leurs émissaires pour la réunion que je désire, cela me laisse donc le temps de me rendre à Blue Graad pour ranimer les liens qui nous unissent.
 

La décision du souverain d’Asgard était prise, il irait dans cette région qui lui était inconnue avec un petit groupe de garde. Egill et lui-même passèrent encore plusieurs heures à faire des recherches sur la localisation de l’endroit et sur le meilleur moyen de s’y rendre.

Vu les moyens dont disposait Nordeims, le bateau était, comme bien souvent, le meilleur moyen de rejoindre la destination. Fort heureusement, Asgard bénéficiait d’une flotte conséquente et de bâtiment capable de traverser les mers les plus froides. Les textes que les deux hommes parvinrent à trouver se révélèrent fort intéressant mais ne donnaient que peu d’information sur Blue Graad. Le détail le plus important fut l’importance des relations que ce royaume avait pu entretenir avec le Sanctuaire d’Athéna jadis. Mais toutes mentions de rapport entre eux avaient disparu de tous les textes depuis plusieurs siècles.

Uautre détail intéressant, fut la mention d’un trésor que les habitants du royaume était chargé de protéger. Rien ne précisait la nature de ce trésor mais la curiosité d’Olrik était piquée au vif.

Après encore une paire d’heures de recherche et de planification, le représentant décida qu’il avait assez d’information et qu’il était plus que l’heure de se reposer avant de prendre la mer dès le lendemain. Dès qu’elle sentit l’esprit de son compagnon prêt à aller se reposer, Daudr s’éveilla et se releva en s’étirant. Le sol vibra sous le poids de la chienne et Egill fit une grimace.

- Je vais prendre congé mon Seigneur. Je m’occupe des dernières préparations afin que votre navire et votre escorte soit prêt dès que vous le désirerez.

Le vieil homme sortit de la bibliothèque en effectuant un salut respectueux envers son supérieur.

Resté seul avec Daudr, Olrik resta silencieux quelques instants afin de mettre de l’ordre dans ses pensées.

- J’espère qu’on va bien s’amuser là-bas, ça nous fera du bien.

La chienne semblait enthousiaste à l’idée de se rendre à Blue Graad mais le Représentant allait vite calmer son entrain.

- Je suis désolé ma belle mais tu ne seras pas du voyage. Je ne connais pas ce peuple, j’ignore quelles pourraient être leurs réactions devant toi et surtout, j’ai une mission plus importante à te confier…

Daudr écouta sagement la demande de son compagnon et fut extrêmement surprise de sa nature. Elle comprit rapidement pourquoi il lui confiait à elle cette mission mais elle demeurait contrariée de ne pas l’accompagner.

- Tu seras prudent hein, la dernière fois que tu es parti sans moi, on peut dire que ça c’est plutôt mal passé.

L’Ase laissa un petit rire s’exprimer.

- C’est plutôt toi qui devra être prudente, j’ignore ce que tu vas rencontrer là-bas.

La chienne s’approcha d’Olrik et posa son crâne sur le front de l’humain. Aucunes paroles supplémentaires n’étaient nécessaires entre eux, le silence et le contact suffisaient pour qu’ils se comprennent.
 

Olrik passa encore un long moment dans la bibliothèque. Il profita de ces instants pour prendre en compte les derniers rapports qu’il avait reçus. L’Ase commençait seulement à se rendre compte de la charge de travail que représentait sa fonction. Parmi la multitude d’information, deux retinrent son attention : un rapport de Skärn à propos de Moscou et un autre d’un garde quelconque du palais.
Le Représentant fut donc satisfait de lire que Moscou avait accepté l’accord que leur avait proposé le porteur de Garm et qu’Eurydice s’était parfaitement comportée. Même Skärn semblait donc favorable à une alliance avec le Sanctuaire. Sans attendre, Olrik inscrit grâce à son Harm un nouveau message qu’il transmit à un corbeau. L’oiseau connaissait parfaitement sa destination et qu’il devait y trouver.
Le second message était plus surprenant. Apparemment, un nouveau Guerrier Divin avait fait son apparition. La Jarnskinn qu’il portait était inconnue et le dépositaire du cœur d’Ymir conclu rapidement qu’un nouveau Protecteur était apparu.

Après avoir encore fait un peu de paperasserie, Olrik décida qu’il était plus que temps de prendre du repos et rejoint donc ses quartiers pour quelques heures de sommeil. L’absence de Daudr se faisait douloureusement sentir mais il savait que la chienne remplirait la mission qu’il lui avait confié mieux que quiconque.

Le réveil fut difficile pour l’Ase, la nuit avait été loin d’être complète. Olrik se prépara rapidement afin de ne pas faire attendre le navire qui devait l’emmener à Blue Graad. Dès qu’il sortit de ses quartiers, les serviteurs du palais s’enquérir de ses besoins pour le voyage et de ce qu’il voulait manger avant de partir. Il fit de son mieux pour être aimable avec eux, bien qu’il ne fût guère d’humeur sociable. Une fois son repas avalé rapidement, il se dirigea vers le port rattaché au palais.
 

Dès qu’il fut proche du port, Olrik sentit une présence. Il ne fut que peu surprit de la sensation, le message de Wulf était encore frais à son esprit.
Il se dirigea donc directement vers l’homme en armure qui semblait attendre, adossé à des caisses non encore chargées.

L’agitation régnait sur le port. Tous s’activaient afin que le bateau du Représentant soit prêt le plus vite possible. Avant de s’adresser au quasi inconnu, Olrik prit le temps d’observer les activités et fut satisfait de voir que le drakkar était presque paré à appareiller. Ce fut donc avec un sourire aux lèvres, qu’il s’adressa au guerrier.

- Bienvenue à Asgard étranger ! Je suis Olrik Surturson, Représentant d’Odin et seigneur de Nordheims. Ton armure me laisse déduire que tu es nouveau dans ces terres. On m’avait signalé la présence d’un nouveau Protecteur mais je ne pensais pas le rencontrer si tôt. Malheureusement, tu arrives au moment même où je vais m’absenter pour un voyage important.
Si tu désires que l’on s’entretienne ou avoir des informations, je pense que ton choix se limite à m’accompagner. Si tu es partant, rejoins moi à bord et nous pourrons faire plus ample connaissance autour d’une bonne choppe.

L’Ase n’avait pas laisser le temps à Rakkan pour s’exprimer mais il se doutait déjà de la décision du Corbeau. Il se détourna donc de son interlocuteur pour se diriger vers le bateau…

 

En entendant les paroles de Rakkan, Olrik stoppa sa marche. Il imaginait facilement la froideur que Wulf avait dû avoir envers lui : le fauve d’Odin n’était guère jovial, surtout vis-à-vis d’un sudiste. Se retournant avec un franc sourire, l’Ase décida de se montrer plus communicatif.

- Tu as donc rencontré Wulf. C’est amusant que la première personne que tu rencontres soit aussi porteuse d’une armure des Protecteurs, le hasard où des forces supérieures ont certainement voulu être joueuses.
Sinon pour te répondre, notre voyage doit nous mener à Blue Graad. J’ignore si tu connais ce territoire mais sache qu’il est rattaché à Nordheims mais que nous avons perdu tous rapport depuis longtemps. J’ai donc décidé qu’il était plus que temps de renouer avec eux. J’ignore encore ce qui nous attend là-bas, donc ta présence est plus que la bienvenue à mes côtés.
Si ma réponse te convient, je pourrais t’en dire plus une fois en mer. Tu verras, je suis un petit plus sociable que Wulf, même si je suis loin d’être un modèle en la matière.

Le Représentant se retourna vers le drakkar et monta à son bord. Il ne doutait nullement que le Corbeaux allait le suivre et il était satisfait qu’Odin puisse compter sur un combattant de plus. Les temps étaient sombres pour Nordheims et ils avaient besoin de toute l’aide possible. Olrik demeurait néanmoins curieux de voir que seules les armures des Protecteurs semblaient trouver porteurs, le fait que Loki était celui qui les avait réveillés ne pouvait pas être une coïncidence dans ce fait.