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Les étoiles s’illuminent,
Semblables à un fanal.
Le cor au loin résonne,
Avisant un destin fatal.
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Le Verseau avait opté pour un retour éclair au Sanctuaire, lequel lui avait permis de devancer le forgeron de l’île noire de près d’une journée. Après une douche salvatrice, un repas et quelques maigres heures de repos, l’albinos s’était enquis de l’issue de la confrontation opposant l’oiseau du paradis déchu à la championne des Gémeaux. Plus que l’issue du combat, ce fut surtout le comportement de la demoiselle qui l’intéressait. Cette dernière avait finalement maîtrisé son mauvais caractère et su épargner la vie de son adversaire, quoiqu’il n’eut pas vraiment mérité un sort aussi clément au regard des crimes commis.

Le chevalier avait ensuite passé un peu de temps avec l’administrateur du Sanctuaire, afin de disposer d’un résumé tout aussi concis que détaillé sur le combat et ses retombées immédiates en termes financier, politique et médiatique. La vindicte populaire, attisée par la charogne journalistique, se déchaînait comme jamais contre la posture adoptée par les protecteurs de l’humanité dans cet épisode. Il n’avait que faire de l’avis d’ignorants et d’imbéciles qui gobaient goulûment toute la bouillie déversée par la presse, pas plus que de celui de ces politiciens nantis qui applaudissent ou critiquent ouvertement les éveillés sans connaissance de cause et sans imaginer un instant les enjeux cosmiques opposant les divinités et leurs forces armées. Les desseins de l’ancien Marina se révélaient bien plus complexes que ce que ces non éveillés ne pourraient jamais imaginer. Certaines choses devaient être vérifiées, certains messages occultés devaient être délivrés, certaines mécaniques devaient et devront se mettre en place.

Le rapport disant vrai : une bonne partie de la Palestre avait été transformée en un véritable champ de ruine. Les travaux prendraient sûrement plus de temps que prévu, l’occasion pour revoir quelque peu certains dispositifs de protection, tout en renforçant les structures les plus exposées. Un garde interrompit cette inspection, bien heureux de trouver enfin un supérieur hiérarchique, pour signaler la présence d’un étranger à l’allure évocatrice dans les prisons souterraines.

- « J’espère que vous ne vous apprêtiez pas à faire une regrettable bêtise. », interrompit-il après avoir écouté subrepticement les derniers morceaux du soliloque du sbire à la crête.

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Notre esprit vogue sur le flot,
De cet océan de sentiments.
Notre âme sombre lentement,
Entrainée par ce lourd fardeau.
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Le chevalier d’Athéna intercepta l’avion en papier entre l’index et le majeur de la main droite, puis prit connaissance du semblant de trait d’humour du petit être.

- « Pardonnez cette question, laquelle vous paraitra sans doute déplacée. Dois-je vous qualifier de Monsieur ou Madame Ntikuma ? », interrogea le jeune albinos sans relever le mot du forgeron.

Pensif un instant, le nouveau Verseau installait un silence de quelques secondes voulu assurément pesant, fixant tour à tour son interlocuteur et les pensionnaires de la cellule renforcée, conçue spécialement pour accueillir des pensionnaires peu ordinaires.

- « J’étais à mille lieues de me douter que vous vous seriez enquis du bien-être de Monsieur Reagan aussi rapidement. Je pensais que la santé de la demoiselle vous aurait retenu près d’elle bien plus longtemps. Se porte-t-elle mieux au moins ?  », ajouta-t-il ensuite sur un ton détaché.

Le petit encapuchonné s’était rendu en ces lieux sans juger bon d’en référer au préalable à l’ordre d’Athéna et plus étonnant encore, les gardes lui avaient donné libre accès à cette portion la plus reculée de la Palestre. Les dysfonctionnements et failles de sécurité semblaient monnaie courante au Sanctuaire. Le manque de leader durable et de hiérarchie bien établie faisait sombrer peu à peu cette institution séculaire dans l’anarchie la plus complète : du pain béni pour d’éventuels détracteurs.

- « Je ne vous cache pas que vous ne devriez pas vous trouver en ces lieux. Vous avez de la chance que je vous ai trouvé et non un autre moins… conciliant. Je me propose de vous escorter et de me porter garant de votre… sécurité. Mais pas trop longtemps tout de même. », annonça-t-il sur un ton détaché et en affichant un sourire.

A la suite de la requête du petit chevalier noir, l’acolyte du musculeux fit la démonstration de ses talents de comédien, suppliant et priant pour une rédemption pour des actes apparemment forcés. Une telle bassesse révulsait intérieurement l’ancien Marina, lui qui avait analysé les vidéos du combat contre le Lion d’or dans leurs moindres détails. Au moment du naufrage, les rats quittent le navire…

« Mes chers amis, je comprends parfaitement vos inquiétudes respectives. Je ne suis malheureusement pas en mesure d’acter quoi que ce soit : seuls Athéna, le grand Pope ou encore le conseil des chevalier d’or sont habilités à prononcer un jugement ou à gracier quiconque. Je suis toutefois certain que la lumière sera faite sur les évènements et tragédies provoqués par Monsieur Reagan et que les innocentes victimes comme vous, Monsieur, seront reconnues et traitées comme telles. », énonça le finlandais avec un calme olympien.

Hakon n’était pas encore rompu à toutes les procédures administratives et judiciaires du Sanctuaire. Toutefois, ses connaissances de l’administration d’Atlantis, extrapolées aux divers documents de fonctionnement du Sanctuaire qu’il avait pu consulter, lui avaient permis d’en déduire un schéma réaliste et plausible à plus de 90%.

« En attendant ce moment, je peux vous faire apporter une bonne soupe chaude et des couvertures. Nous ne sommes plus au moyen-âge après tout. », conclut-il avec une mine compatissante feinte.

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Mes pensées voguent paisiblement,
Sur l’océan de nos sentiments vrais.
Mon cœur saigne systématiquement,
Au cauchemar de nos âmes séparées.
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Le finlandais n’en saurait pas plus sur l’identité de l’étrange chevalier noir. A vrai dire, ce dernier lui inspirait une certaine sympathie, toutefois pas au point d’oublier que les deux individus appartenaient à deux factions différentes, deux groupes aux points de vue et intérêts tantôt compatibles, tantôt divergents.

La pauvre jeune fille survivrait. Une maigre victoire au regard des atrocités commises par le renégat à la musculature hypertrophiée et son acolyte patibulaire. Le jeune atlante d’autrefois fut soulagé par cette nouvelle à l’allure d’étincelle dans une nuit empreinte de violence et d’instabilité.

- « Vous me voyez ravi de savoir cette jeune personne tirée d’affaire et en sécurité. », prononça-t-il avec sympathie à l’attention de l’atypique forgeron.

Le petit être semblait préoccupé par les répercussions pouvant découler de cette affaire ‘Reagan’. En effet, il eut été aisé de penser que le Sanctuaire souhaitait ne pas en rester sur ce dénouement et retourner son attention vers l’île de la Reine morte. Pourtant, les agissements du musculeux s’avéraient bien être mus par une volonté propre dans un objectif purement égoïste.

- « Mon avis sur la question est que cet individu est seul responsable de ses actes et de son sort. Que l’ordre noir ne se soit pas préoccupé de cette menace et n’ait pas su la traiter est une chose, créer des tensions diplomatiques inutiles en est une autre. Bien qu’il ne s’agisse que de mon humble avis de néophyte, je ne pense pas que les chevaliers d’Athéna iront vous chercher querelle pour les fautes de ces deux-là. Après tout, le Sanctuaire aussi a eu des cas qualifiés de 'difficiles' par le passé… », expliqua-t-il sur ton se voulant rassurant.

- « Je m’interroge tout de même quant à votre intérêt pour cette histoire et ces personnes. Vos supérieurs ne semblent pas faire grand cas de ce dossier alors qu’un de leur subalterne se démène comme un beau diable pour préserver un statu quo délicat, tout en s’inquiétant du sort d’individus qui ne méritent assurément pas une telle attention. », ajouta-t-il en plissant les paupières, comme s’il s’apprêtait à sonder l’âme de son interlocuteur.

Le punk poursuivait ses simagrées. Cette comédie aurait quelque chose d’amusant, si seulement tant de personnes n’avaient pas eu à souffrir des activités de l’improbable duo. Hakon décida d’ignorer tout simplement le comportement du vil acolyte, préférant concentrer son attention sur l’araignée noire.

- « Bien qu’affaibli, le pronostic vital de Monsieur Reagan ne semble pas engagé. Malgré les graves blessures subies, je ne doute pas un seul instant qu’il puisse se rétablir même si des séquelles physiques sont à envisager. Vous devriez plutôt vous inquiéter de son état mental, le plus grand frein à sa guérison. Je doute à ce niveau que vous puissiez lui être d’une grande utilité : Monsieur Reagan est à l’heure actuelle lui-même son plus grand ennemi. », expliqua le jeune albinos.

- « En outre, je ne puis décemment pas vous exposer au danger de pénétrer dans cette cellule. Je ne serai alors plus en mesure de garantir votre sécurité et au regret d’appliquer strictement les protocoles de sécurité. Le service de santé du Sanctuaire saura s'assurer que l'état de santé de Monsieur Reagan ne se dégrade pas.  », ajouta-t-il avec une once d’impatience savamment dosée dans la voix.

A ce stade, il s’était montré des plus magnanimes envers l’encapuché et n’était désormais plus disposé à lui accorder de faveurs.