Saint Seiya
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[OTS 2] Vous prendrez bien une tasse de thé ?
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Oblivion
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Le thé n’est pas très fort, mais il est sucré. Tout déborde de sucre, assez pour rendre malade juste à la vue de cette opulente table, qui est censée n’être qu’une collation, mais il en faudra plus que ça pour m’empêcher de m’empiffrer. Je m’arrête seulement pour lancer un regard pas amusé du tout en direction de notre hôtesse, qui s’amuse à nous rappeler que de « belles et jolies » jeunes filles comme nous ont besoin de manger. Soit c’est sa façon d’être polie, soit elle préfère ignorer mon existence… en grognant, je gobe un cupcake d’une seule bouchée sans aucune autre cérémonie, et sans l’intention de me présenter ou d’être plus agréable. Tant qu’à être ici…

Mais je ne suis pas là pour faire du grabuge. Les deux autres éveillées sont là pour enquêter sur la mort de l’un de leur client, qui est peut-être liée à l’attaque contre le Compte et… les Sempouri? Je passe près de m’étouffer avec mon cupcake, mais je me redresse tout de suite dans ma chaise pour écouter plus attentivement. Quelles sont les chances?! J’étais juste là, quelqu’un a tenté de me blâmer pour ces meurtres, et maintenant je me retrouve dans la même demeure qu’une autre victime… en compagnie d’une agente de FIRMAMENT. Dur, dur de croire à la chance ou au destin, mais ils ne pouvaient pas savoir où je serais ni ou j’étais cachée, même moi je ne le savais pas…

Madame Z croit qu’il y a bel et bien un lien entre ces attaques, en précisant qu’un objet a été volé et que c’est peut-être le cas pour les autres scènes de crime aussi. Je bondis sur mes pieds quand la dame invoque son cosmos pour matérialiser une sorte de projection, mais ce n’est pas pour nous attaquer, seulement pour nous montrer le dit objet, et nous expliquer que ce dernier était extrêmement bien protégé… même pour moi. Ce qui n’est pas pour me rassurer. Elle pouvait peut-être se douter que je n’étais pas une humaine normale, mais comment…? En observant les réactions des deux autres, je me mords la lèvre. Ce serait mieux si nous étions tous sur la même page.

-Je suis une Spectre. Il y a peu de choses capables de me tuer… et encore moins qui peuvent me garder morte.

Car si l’effort demandé pour se débarrasser de moi n’est que le résultat de ma propre force, le dernier point est d’origine divine. Bien au-delà de ce que de simples mortels peuvent contrer seuls, et plusieurs pièges n’en sont plus quand la mort n’est pas une fin. Rien ne dit que même ce manoir empêche le processus, mais si ce devrait être le cas…
Je fais taire cette pensée intrusive pour me concentrer sur le plus gros problème : l’apparition d’une pyramide en Égypte qui, à son tour, a peut-être un lien avec les meurtres et les vols d’artefacts, ou pire encore. Voilà qui change la mauvaise humeur de place.

Mon ton se fait plus dur alors que je plante mon regard dans celui de Zlatanna.

-Les dieux égyptiens n’ont pas été vus depuis longtemps. Très longtemps. Est-ce que vous comprenez ce que vous insinuez?

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Gorislava
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Zhihao s'engagea dans un exposé plus détaillé de la situation des mercenaires auprès de Madame Z, choisissant ainsi de ne rien lui dissimuler, à l'exception de leur statut de Black Knights. Elle précisa également qu'elle ne connaissait rien de la véritable identité de la mendiante, une énigme qui restait pour l'instant sans réponse, du moins selon Gorislava. Le comte paraissait pour le moment incapable de répondre à leurs questions, ce qui signifiait que les trois invitées devaient se résoudre à en passer par la matrone des lieux. Ravie par l'accueil chaleureux qui lui avait été fait, la rouquine n'était guère disposée à se méfier d'elle et ne voyait aucune raison de remettre sa parole en doute. Toutefois, cette bonne humeur pouvait facilement changer dans l'éventualité où la bourgeoise se comporterait avec la même insolence que l'orgueilleux Vincenzo. Néanmoins, étant donné que Madame Z n'avait aucune obligation de déférence hiérarchique envers les Chevaliers Noirs, ces derniers devaient s'efforcer de tolérer un potentiel manque de respect de sa part. De toute évidence, les circonstances dans lesquelles ils se trouvaient ne leur laissaient pas d'autre choix que d'écouter sagement ce que la maîtresse du domaine avait à leur raconter.

Paradoxalement, le récit que celle-ci avait à leur transmettre se révéla d'une prévisibilité étonnante, tant et si bien que cela en devenait presque comique. Manifestement, le coupable derrière toute cette sordide affaire serait une momie égyptienne, probablement revenue d'entre les morts afin de se venger de ceux qui lui auraient volé ses possessions. Logiquement, il ne restait plus qu'à se renseigner sur le propriétaire originel de la dague, de la tablette et du collier antiques qui s'étaient retrouvés entre les mains d'Ethan Crest, de Karlyle et du couple Sempouri. Si ce qu'affirmait la bourgeoise était vrai, ces meurtres abominables devaient être l'œuvre d'une malédiction conjurée par un fantôme particulièrement vindicatif. Elle appuya ensuite son hypothèse en ajoutant que les assassinats seraient liés au funeste Anubis, le dieu des nécropoles, des obsèques, de l'embaumement et de la psychostasie. La clocharde, qui en savait plus que ce qu'elle ne laissait croire, la prévint que le panthéon égyptien n'était plus en activité depuis longtemps. Cette information jetait un voile de doute sur la théorie de Madame Z, mais Gorislava n'en avait cure : elle était prête à dessouder du chacal ou de la momie si cela lui permettait d'accomplir sa mission ! Affronter des créatures dignes de films d'horreur constituait pour elle un défi intéressant et elle avait l'intention de se lancer dans l'action le plus tôt possible.

"Une momie, vous dites ?" demanda la rouquine d'un ton exalté, des étoiles dans les yeux. "Voilà un truc qui m'parle ! Ça veut dire qu'on doit juste trouver à quel enfoiré appartenaient ces breloques pour ensuite nous rendre en Égypte et lui faire sa fête ! Qu'y ait Anubis derrière lui ou pas, je m'en cogne le coquillard avec une babouche ! J'vais lui apprendre à ce guignol moi, à sortir de son sarcophage sans not' autorisation, nan mais oh !"

Elle ponctua ses fanfaronnades en se frappant énergiquement le torse puis se rafraîchit le gosier en buvant une gorgée de thé. Cependant, elle avala le contenu de sa tasse de travers et commença à étouffer, se mettant alors à taper répétitivement contre sa poitrine afin de forcer l'ingestion du liquide. Finalement, le Fourneau parvint à débloquer son œsophage et à avaler laborieusement sa boisson, le souffle court. Cette mésaventure de côté, il se mit à réfléchir de nouveau aux trois antiquités qui étaient au centre l'enquête des émissaires de Death Queen Island. Soudain, il se rappela que les mafieux de Miami avaient mentionné un casque ayant jadis appartenu à un centurion sous les ordres de Scipion. Toutefois, il était précisé que le général romain n'avait pas mené ses troupes jusqu'en Égypte, ses campagnes militaires en Afrique ayant seulement concerné Carthage et la Numidie occidentale. Cette pièce d'équipement ne pouvait donc guère informer les Black Knights de la position du responsable des meurtres au nord-est du continent, s'ils en restaient strictement à la piste indiquée par les objets dérobés et Madame Z. L'unique point commun était l'Afrique du Nord, sauf qu'ils en revenaient à une zone géographique trop générale pour mener des recherches efficaces.

L'ouragan qui balayait le territoire égyptien était également à prendre en compte, ce qui rendait cette destination difficile à ignorer pour les mercenaires. Ce phénomène météorologique attisait la curiosité de Gorislava, qui décida d'en référer à ses interlocutrices :

"Tant que j'y pense, z'avaient pas causé aux infos d'une tempête de sable suspecte en Égypte ? Manquerait plus qu'elle soit liée d'une manière ou d'une autre à not' histoire de momies et d'Anubis... T'en dis quoi, Tsing Tao ?"

Sans remarquer qu'elle venait d'écorcher une deuxième fois le nom de la Boussole, elle se saisit d'un macaron au citron et le mangea goulûment. De toute manière, la rouquine avait déjà gaffé en dévoilant l'identité de sa coéquipière par négligence au détour d'une conversation, ce n'était pas comme si elle pouvait faire pire de ce côté-là. Non contente de vider la table basse à elle toute seule, elle s'empara ensuite d'un cookie et se mit à le grignoter, tant qu'il y en avait encore. Palabrer et mettre ainsi ses méninges à contribution, cela lui donnait une sacrée faim de loup, mine de rien.
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Zhihao
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L’électrokinésiste avait une impression de déjà vu, à tel point qu’elle se demandait si Vincenzo et Mme Z ne s’étaient pas passés le mot. D’abord la nourriture, puis les compliments déplacés sur leur apparence, à ceci près qu’il s’agissait d’un numéro de charme dans le cas des siciliens et d’un numéro de mamie gâteau – littéralement – dans celui de leur hôtesse actuelle. Un numéro rendu beaucoup moins convaincant par les circonstances de leur rencontre et cette aura qui se dégageait d’elle.

Gorislava ne paraissait pas se formaliser de cette réplique infantilisante, contrairement à l’Étoile Maléfique… dont la réaction à l’évocation du nom des Sempouri était des plus intéressantes. Pas si ignorante que cela, on dirait.

Le ballet du personnel de maison se poursuivit, et ce ne fut qu’après un nouvel arrivage de friandises que Madame Z commença à répondre à leurs questions, mais hélas toujours sur le même ton. Zhihao était sur le point de la prier d’arrêter de leur parler comme à des gamines de cinq ans lorsqu’elle décida enfin de s’adresser sérieusement à elles, car l’information était capitale et l’heure n’était plus aux taquineries. Si ces crimes avaient bel et bien été commis par une authentique momie égyptienne...

« Maintenant que les gens savent avec certitude que les morts peuvent revenir à la vie et que les Dieux existent – et n’apprécient pas vraiment l’humanité pour la plupart –, on pourrait s’attendre à ce qu’ils fassent plus attention à ces histoires de malédictions des pharaons. Mais apparemment non, et j’imagine qu’il ne s’agit pas simplement d’un revenant isolé qui cherche à récupérer ses trésors, n’est-ce pas ? » fit l’asiatique. En effet, la calamité qui s’était abattue sur El Balyana – si elle était bien liée à leur affaire – semblait un peu excessive pour une réaction aux actions de pilleurs de tombes. Mais quelle était cette histoire de pyramide ? Y avait-il eu de nouveaux développements depuis la dernière fois qu’elle avait jeté un œil aux informations, au sortir de l’aéroport ?

Heureusement la maîtresse des lieux par intérim s’empressa d’illustrer son propos, en en révélant davantage à son propre sujet par la même occasion. Thaumaturge, pas éveillée, ces derniers n’ayant pas besoin de longues incantations, sauf quand ils voulaient se donner des airs. Bon à savoir, même si la militaire ne pourrait pas en tirer ses grand-chose avec ses connaissances embryonnaires en la matière. Elle avait néanmoins retenu la leçon dispensée à tous les soldats par les occultistes des Agences : toujours laisser la magie aux experts, car il s’agissait de l’un de ces domaines où un demi-savoir était plus dangereux que l’ignorance totale, et de manière générale toujours garder à l’esprit la vieille maxime – « Ne vous mêlez pas des affaires des sorciers, car ils sont subtils et prompts à la colère ». Guère rassurant, encore une fois, et ce d’autant plus que Madame Z paraissait connaître la véritable identité de Marchesi et son niveau de puissance comparé à celui des deux autres éveillées. Subtile, en effet, ou en tout cas extrêmement bien informée et surtout confiante en ses capacités.

« Je suppose que cela fait de vous la spécialiste de l’Au-delà et des morts-vivants. » fit la chinoise, inclinant la tête en direction de la Spectre quand celle-ci tomba métaphoriquement le masque. Elle se retourna vers la magicienne lorsque son hologramme se mua en une représentation de la fameuse pyramide, ornée de hiéroglyphes tout aussi indéchiffrables que ceux de la tablette mais parmi lesquels leur hôtesse frappée d’une illumination soudaine reconnut les symboles d’Anubis. En temps normal Zhihao n’aurait rien vu d’extraordinaire dans la présence de la marque du psychopompe à tête de chacal sur une tombe géante, sauf que cette situation n’avait rien de normal.

Le Fourneau, toujours égal à lui-même, accueillit avec jovialité cette dernière série de révélations, n’en ayant très probablement retenu que le fait qu’il y avait de la bagarre en perspective et la nature de ses opposants potentiels dans ladite bagarre… et cassa immédiatement son image de combattante bravache en s’étouffant avec sa boisson. L’asiatique ignora le spectacle de sa compagne, préférant plutôt fouiller dans les dossiers que leur avait remis le mafieux new-yorkais pour en extraire les pages relatives aux objets volés à Miami et Goa, qu’elle posa devant Madame Z – pas une mince affaire avec cette table presque entièrement recouverte de sucreries.

« J’espère de tout cœur que vous avez tort. » dit-elle en faisant suite aux paroles de la Spectre. « Le monde a déjà bien assez de problèmes avec les Olympiens, sans vouloir vous offenser – », ajouta-t-elle en jetant un coup d’œil vers la servante de Thanatos avant de revenir vers la thaumaturge, « – et nous avons vu ce que ça a donné la dernière fois que d’autres divinités sont venues mettre un coup de pied dans la fourmilière. Mais nous cacher la tête dans le sable ne résoudra rien, alors… reconnaissez-vous ces objets, et savez-vous quel usage pourrait en être fait ? Quant à ces défenses impénétrables dont vous parliez, pouvez-vous nous dire en quoi elles consistaient et avez-vous une idée de la façon dont la momie a pu les déjouer ? »

Il leur fallait impérativement connaître les capacités de l’ennemi… et puisque la rouquine en parlait, suivre l’évolution de la situation en Égypte ; Madame Z avait parlé de la pyramide comme si les éveillées étaient déjà censées savoir ce qu’elle voulait dire, et la Boussole détestait ne pas avoir les informations dont elle avait besoin.

« Mon nom c’est Zhihao et oui, vu le timing ça a sûrement un rapport. » rétorqua-t-elle en consultant son portable… avant que son cœur ne rate un battement en voyant les gros titres dominant tous les fils d’actualité. Elle parcourut rapidement l’article le plus récent, son entraînement lui permettant d’assimiler l’essentiel de son contenu même en étant privée de ses pouvoirs technopathiques. Ce même entraînement fut la seule chose qui lui permit de garder son calme en relatant la nouvelle à ses deux voisines de table. « Si nous comptions empêcher une redite de La Havane ou Tokyo, c’est trop tard. Il n’y a plus d’anomalie météorologique, la tempête a… explosé d’un coup avec la force d’une ogive nucléaire, rasant la ville voisine ; un chevalier d’Or se trouvait sur place, le nombre de morts aurait été beaucoup plus élevé sans son intervention. Le phénomène a apparemment déterré la pyramide que Madame Z vient de nous montrer. »

Merde. Les journalistes n’avaient sans doute qu’une vision très partielle de ce qu’il s’était passé là-bas, mais l’hypothèse la plus pessimiste semblait de plus en plus probable.
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Game Master
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Zlatanna ne put s’empêcher d’éclater de rire devant les affirmations soutenues par la petite spectre, laquelle venait au passage de faire son coming-out cosmique devant l’assemblée.

- « Mais c’est qu’elle est rigolote notre petite éveillée ! Hein qu’elle est rigolote Ernst ? », s’exclama avec bonne humeur la maîtresse du goûter.

- « Assurément Fräulein… Je m’étouffe dans mon rire… », exprima simplement le second sans se dérider d’un iota, tout en mitraillant l’effrontée de son regard cinglant.

- « On peut dire que c’est toujours pareil avec vous les éveillés… Vous croyez tout savoir mais en fait vous ignorez presque tout… Certains sorts sont bien pires que la mort elle-même : pas besoin d’être une divinité pour, tous sans exception, envoyer vôtre âme errer sans fin dans un monde éthéré inconnu de tous, y compris des dieux. Certains êtres sont également capables d’asservir votre corps et votre âme et vous obliger à trucider lentement les êtres chers à votre cœur, sans que vous puissiez moufter ne serait-ce qu’une demi-seconde… », expliqua lentement la dame pour être certaine que toutes comprennent, alors que, l’espace d’un éphémère instant, les fondations mêmes de la réalité semblaient se disloquer tout autour de l’assemblée comme pour étayer ses dires.

La mystique savoura pendant quelque seconde un petit thé citronné infusé à la perfection, mariant pour son plus grand plaisir de subtiles saveurs d’amertume et d’acidité.

- « Revenons à nos moutons. Qu’il s’agisse véritablement d’une créature mythologique ou d’un individu se faisant passer pour, peu d’importance en vérité. Ce qui présente un réel intérêt, ce sont les objets visés, tous ayant appartenu à la prêtrise d’Anubis (la vraie, pas celle des livres d’histoires) et gravés des mots oubliés. », commença-t-elle par énoncer en réponse aux questions qui fusaient.

- « Il faut savoir qu’il existait une époque bien antérieure aux Olympiens, à l’aube de la civilisation, durant laquelle les mots avaient une signification et une puissance établie. Aujourd’hui, l’humanité est ignorante et prononce des mots naturellement comme s’il s’agissait d’une évidence… Jadis, seuls les dieux pouvaient s’exprimer et possédaient le pouvoir de plier le monde à leur volonté en quelques mots. Enfin, c’est plus subtil que ça en réalité : tout est en rapport avec le Macro-cosmos et le micro-cosmos. », continua-t-elle en absorbant une nouvelle gorgée de ce délicieux breuvage tiède.

A ce stade des explications, la sexagénaire ne doutait pas un seul instant que la rouquine était d’ores et déjà perdue pour la cause. Au moins il lui restait la pâtisserie pour se consoler…

- « Vous autres éveillés possédez le contrôle du microcosme abrité dans chaque être vivant, une force vous permettant de soulever des montagnes, voire de défier les dieux eux-mêmes. D’autres individus, dont je fais partie, ont appris par un hasard de la vie, et au prix d’efforts de plusieurs décennies, à faire appel aux forces de l’Univers primordial. Ce que le commun des mortels appelle « Magie » ou « Magye » est en fait la capacité à puiser dans le réservoir incommensurable et inépuisable du Macrocosme pour infléchir les lois de la réalité elle-même. », confia-t-elle ensuite pour enfin en arriver au sujet principal.

- « Aux premières heures de la civilisation, le panthéon égyptien régnait sans égal sur la région aujourd’hui connue sous le nom d’Egypte. Maîtres incontestés du Macrocosme et du microcosme, ils ont appris les secrets de l’Univers à leurs plus proches fidèles : les premiers mages en quelque sorte. Ces connaissances sont peu à peu tombées dans l’oubli après la retraite des protecteurs des Pharaons. Certains individus ou entités planaires se livrent aujourd’hui une guerre invisible pour le contrôle de la réalité. Dans cette lutte, des objets tels ceux qui vous amènent ici aujourd’hui sont des atouts majeurs de par leur puissance cachée. », ajouta-t-elle à l’attention de son assemblée.

- « Pour achever ce tableau que vous pourrez trouver inquiétant, sachez que celui ou ceux que nous recherchons toutes à, pour une raison que j’ignore encore, provoqué le réveil d’une ancienne nécropole égyptienne dans le désert d’Abydos. Et ça, ce n’est pas bon du tout car le dénouement de toute cette farce est, si rien n’est fait, le réveil et retour sur Terre pur et simple d’Anubis, le Dieu des Morts et de l’Au-delà… », conclut-elle en soupirant.

Comme pour se récompenser pour tous ses efforts de pédagogie, Madame Z. grignota un cookie au chocolat noir. Songeuse, elle imaginait déjà comment allait se dérouler la suite des évènements, non sans un doute quant à l’avenir. Les portes de la perception temporelle demeuraient closes. Comment pouvait-il en être autrement, puisque des créateurs de la Magye primordiale étaient au centre de cet imbroglio occulte.

- « Ah oui j’oubliais, en guise de motivation pour toi la rigolote : la pyramide pompe en ce moment même une partie des âmes destinées au royaume d’Hadès pour se réactiver. Si le processus arrive à son terme et qu’Anubis revient parmi nous, ton patron peut dire adieu à sa dîme : il n’y aura quasiment plus d’âmes pour lui… », lança-t-elle avec nonchalance à Oblivion tout en croquant dans un biscuit sec parfumé à l’orange.

L'allemand reconnaissait bien là les manières de faire de sa maîtresse. Elle n'avait pas son pareil pour faire bosser les autres à son profit...


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-Oui, on peut dire ça comme ça.

J'acquiesce doucement en guettant chaque changement d'expression, chaque mot prononcé par la Chinoise, à la recherche d’indices sur ses intentions véritables. Elle dit travailler pour une organisation, sans nommer personne, est-ce une couverture officielle de FIRMAMENT? Et l’autre fille avec elle, est-ce une mercenaire ou une civile qui ne sait pas dans quoi elle s’est embarquée? Même pour le réalisme, elle fait des bêtises qu’aucun agent ne pourrait se permettre... Je ferais mieux de ne pas trop insister, pour ne pas nuire à sa mission, mais c’est plus fort que moi. Malgré tous mes efforts pour me distancer des Agences, et surtout de la personne que je suis devenue pour les infiltrer, le temps passé dans leur rang est avant tout un bon souvenir, et si je pouvais me rendre utile une dernière fois, retomber dans leurs bonnes grâces et me faire une place à nouveau dans une équipe... Je doute que mes anciens amis veulent encore de moi.

Mais la vieille condescendante ne supporte pas de ne pas avoir notre attention pendant trois secondes et plutôt que de me répondre, préfère se moquer en rabaissant notre statut d’éveillé —et pire encore, mon statut de servante divine. Je n’écoute pas vraiment ce qu’elle dit, me concentrant plutôt sur son ton réducteur et quelles seraient les conséquences si je décidais de lui transpercer la tête maintenant. Je ne suis pas au meilleur de ma forme, mais si je planifie bien mon coup, si je suis assez rapide...
Et si je réussis, cette petite rencontre est terminée pour de bon. Un coup d’œil aux deux autres éveillées me convainc que ce ne serait pas la meilleure décision, du moins pas pour elles. Néanmoins, je ne suis pas prête à me laisser faire. En pinçant les lèvres, je recule ma chaise et pose bruyamment mes deux pieds sur la table, aux milieux de toutes les friandises, et croise les bras contre ma poitrine.

-Vous devriez sortir plus souvent.

Elle n’est pas la première à prétendre connaître tous les secrets de l’Univers, et elle ne sera pas la dernière. Je n’écoute donc que d’une oreille distraite sa petite leçon d’histoire et n’attends que le moment où elle parlera enfin d’Anubis et des dieux égyptiens, ce qui ne saurait tarder.
Et par les dieux, elle ne déçoit pas.

La menace est donc bel et bien le retour d’Anubis. Un nouveau dieu qui décide de se joindre à ce constant conflit qu’est la conquête de l’humanité n’est jamais une bonne chose, encore moins quand il s’agit d’un panthéon différent... car pour ceux qui ne sont pas satisfaits de ces forces déjà en jeu, c’est la chance de choisir son camp et de bousculer l’ordre établi. Ça fonctionne rarement... mais ce n’est jamais à prendre à la légère. Et si des humains sont déjà prêts à aller si loin pour ce dieu, c’est plus qu’inquiétant. Et ce n’est pas le pire. Je me redresse violemment quand Zlatanna lança nonchalamment ce qui se passe aux Enfers, mes poings serrés avec force.

-Et vous ne pouviez pas commencer par ça?! Vous nous faites perdre notre temps!

Je retire enfin mes pieds de la table, entraînant au sol autant de plats que possible, et me relève sans aucune autre politesse de plus pour me diriger vers la sortie. Mes soucis concernant FIRMAMENT et mes compagnons Spectres sont bien loin ; c’est littéralement le devoir qui m’appelle. Avant de quitter la salle à manger, je m’arrête pour m’adresser une dernière fois à Zhihao et Gorislava.

-Ce n’est qu’une question de temps avant que d’autres Spectres ne remarquent ce qui se passe. Si vous voulez que l’Égypte soit encore sur la carte d’ici la fin de la journée, il faut arrêter Anubis.

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Zhihao fit prestement le lien entre la tempête en Égypte et l'apparition de la pyramide qu'avait mentionnée Madame Z, ce qui simplifia grandement le travail des mercenaires. Effectivement, elles n'avaient plus qu'à trouver l'endroit où l'ouragan avait explosé, une information qu'elles possédaient déjà grâce aux journaux télévisés. Selon les dépêches récentes, l'épicentre du phénomène était localisé à proximité du village d'El-Balyana, qu'il menaçait de raser de la carte jusqu'à l'arrivée providentielle d'un Gold Saint. Cette dernière mention, soulignée par la Chinoise, intéressa tout particulièrement Gorislava, qui se demandait depuis longtemps si ces guerriers d'élite étaient encore à la hauteur de leur réputation. Effectivement, cette dernière avait été sévèrement entachée suite aux nombreux scandales provoqués par la confrontation très médiatisée entre le Sanctuaire et Reagan. Les branquignols en charge de la faction athénienne avaient, en l'occurrence et malgré eux, réussit à faire de l'Oiseau de Paradis un dissident politique majeur doublé d'un martyr. Dévoiler au monde entier l'humiliation qu'il avait infligée à un Chevalier d'Or puis demander aux citoyens ordinaires de le débusquer à leur place était déjà le summum de l'irresponsabilité et de l'incompétence. Néanmoins, cela n'était rien en comparaison du stratagème absolument abject, même pour se débarrasser d'une telle pourriture, que le Sanctuaire avait échafaudé pour le neutraliser. Promettre à la planète entière un combat loyal pour ensuite abattre le renégat au cours d'un match truqué était une tactique qui révulsait la rouquine au plus haut point. Ces trouillards de Saints n'avaient même pas osé assumer leur couardise auprès du public, de peur de voir leur capital sympathie chuter, comme de vulgaires politiciens !

Le Fourneau avait beau haïr l'homme qui avait cherché à faire du mal à sa famille, rien ne justifiait à ses yeux l'attitude profondément déshonorable des Chevaliers Sacrés. Ce dégoût qu'il éprouvait à leur encontre était la raison pour laquelle il avait refusé de se joindre à eux, quitte à s'acoquiner avec la sinistre clique de Death Queen Island. Entre la sauvagerie et l'anarchie des Black Knights et la tartufferie visqueuse des séides d'Athéna, Gorislava préférait de loin être associée aux premiers. Plus concentrée que d'habitude, elle consulta les articles de presse au sujet de la catastrophe surnaturelle sur son portable, histoire de se renseigner sur la position du fameux village égyptien. Une fois qu'elle se sera rendue là-bas, elle avait la ferme intention de demander des comptes au paladin doré qui se trouvait sur place et de lui sonner les cloches si nécessaire. La rouquine souhaitait également vérifier s'ils étaient dignes de leur titre de protecteurs de l'humanité et de leur prétendue excellence militaire. Son prochain objectif déterminé, elle annonça d'un ton acide la prochaine destination des Black Knights et de leur camarade de fortune :

"Va falloir qu'on fouille du côté d'El-Balyana donc... J'aimerais aussi taper causette au Chevalier d'Or qui traîne là-bas, si possible."

Amusée par les fanfaronnades de la mendiante, dont le contenu avait échappé au Fourneau, trop occupé à se goinfrer pour écouter attentivement la conversation, Madame Z jugea intelligent de rabaisser son hôte et de l'infantiliser plus que de raison. Gonflée d'importance, la sexagénaire se rengorgea ensuite longuement de sa maîtrise du macrocosmos et de ses vastes connaissances dans ce domaine. Elle entreprit même de dispenser un cours d'histoire à ses invitées afin de les éduquer sur les enjeux de leur mission et pour éclairer certains points jusqu'ici encore flous. Bien évidemment, Gorislava n'entrava absolument rien de ce que lui racontait son interlocutrice et se contenta de la fixer d'un air bovin. Effectivement, Mathilde Obermayer ne s'était jamais attachée à enseigner à sa disciple les aspects les plus complexes et nuancés des arcanes cosmiques, jugeant cette débauche de subtilité superflue. De manière pure et simple, son entraînement consistait à forger chez la seconde un esprit combatif incapable de concevoir la moindre limite à sa propre puissance, sans s'embarrasser d'apartés inutiles. A la place, la rouquine essaya de se rappeler de ce qu'elle avait raté au sujet du véritable statut de la clocharde, qui serait manifestement une Éveillée selon la grande bourgeoise. Si elle se souvenait bien, elle avait prononcé un mot commençant par "Sp-" ou quelque chose du genre, mais elle n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. N'y avait-il pas une certaine faction dont le nom des soldats débutait ainsi ? Le Fourneau avait la solution sur le bout de la langue, sauf qu'elle avait soudainement un énorme trou de mémoire...

Une fois qu'elle eut terminé avec sa logorrhée, Madame Z informa les mercenaires et leur étrange compagne qu'une nécropole venait d'émerger près d'Abydos. Gorislava avait entraperçu ce nom en faisant dérouler les articles sur son smartphone, celui d'un site touristique localisé à proximité de la bourgade précédemment menacée par la tempête. La protectrice de Karlyle s'adressa ensuite directement à la clocharde en lui disant que si elle ne se dépêchait pas, Hadès risquerait de voir sa réserve d'âmes damnées entièrement siphonnée. Elle prononça également le mot qui échappait à la rouquine : Spectre. Si du crédit était accordé aux paroles de la matrone, la marginale ferait donc partie des troupes de l'armée infernale, ce qui expliquerait son apparence proche de celle d'un zombie. Les Étoiles Maléfiques seraient-elles ainsi toutes complètement estropiées et déguenillées, comme si elles venaient de sortir d'un cimetière, voire d'une fosse commune ? Passablement éberlué par ce rebondissement, le Fourneau fixa silencieusement la Spectre avec des yeux aussi gros que des boules de loto. Néanmoins, le premier n'eut guère le temps de lui exiger des explications, car la seconde quitta le salon en trombe, soucieuse de défendre les intérêts de son suzerain.

En guise de seule réaction, Gorislava ne put que se saisir d'un cupcake et le fourrer dans sa bouche, estomaquée par le départ expéditif de la mendiante. Cependant, elle retrouva rapidement ses esprits et se redressa promptement, prête à suivre l'Étoile Maléfique jusqu'en Égypte séance tenante. La rouquine agrippa donc son sac de sport puis se tourna vers la Boussole afin de lui signifier qu'il était finalement l'heure de partir. Elle adressa également un regard indécis à Madame Z, ne sachant pas vraiment si elle devait la mettre dans le même panier que Vincenzo ou la considérer comme une vieille bourgeoise un chouia trop excentrique et orgueilleuse. Plutôt embarrassé par cette hésitation, le Fourneau se massa la nuque d'un air gêné, avant de se focaliser sur l'essentiel : la future bataille contre Anubis.

"Abydos and El-Balyana, got it !" s'écria-t-il subitement. "Maintenant qu'on sait où aller et que la situation est urgente, faut qu'on se magne la rondelle ! Allez, on bouge de là Zhihao ! J'ai aussi des trucs à demander à not' amie, avant qu'elle nous file ent' les doigts !"

Sur ces paroles, l'impulsive donzelle salua d'un hochement de tête la gardienne du manoir, sa fille et le majordome. Au lieu de perdre un temps précieux à se disputer avec eux au sujet de ces histoires de cosmos, elle préférait se jeter immédiatement dans le feu de l'action et botter les fesses des assassins d'Ethan Crest. Ces adieux sommaires de côté, Gorislava quitta à son tour la pièce puis la luxueuse demeure au galop, impatiente devant la perspective d'un affrontement épique. Qu'importe si elle n'était pas à la hauteur face aux sortilèges et aux duperies du panthéon égyptien : l'usage immodéré de la violence était, selon son mentor, la solution à tous les problèmes ! Si ses attaques ne fonctionnaient pas au premier abord, cela voulait simplement dire qu'elle ne frappait pas assez fort. Si elle faisait preuve de suffisamment d'opiniâtreté dans sa bêtise, elle pourrait bien être capable d'infliger à la réalité une entorse au cerveau ! D'après Mathilde, la capacité de l'être humain à persévérer et à refuser de se plier au bon sens était une source intarissable de prodiges à ne surtout pas sous-estimer...
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Zhihao
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Zhihao avait espéré que les points communs entre cette discussion et leur première rencontre avec Vincenzo s’arrêteraient là mais comme toujours, l’espoir s’avérait n’être que le premier pas sur le chemin de la déception. Comme le mafieux avant elle, Madame Z se fendit donc d’un discours pour leur expliquer à quel point elles ignoraient la façon dont les choses fonctionnaient vraiment et à quel point son pan du monde surnaturel était redoutable – sauf qu’à la différence du malfrat, elle n’était pas une subordonnée oubliant où était sa place et avait quelques effets spéciaux dans sa manche pour donner plus d’impact à son monologue.

La militaire ignora derechef la condescendance du propos et se focalisa plutôt sur les informations utiles qu’il contenait – même si elle était tentée de faire remarquer à leur interlocutrice que si elle voulait leur faire peur, elle aurait dû mieux choisir ses exemples de sorts pires que la mort. Elle apprit donc de la thaumaturge qu’au commencement était le Verbe, que les objets volés l’avaient été du fait de leurs capacités occultes et étaient apparemment utilisés pour mettre fin à l’exil plurimillénaire du dieu à tête de chacal. Tout cela était déjà alarmant, mais la véritable bombe fut lâchée lorsque leur hôtesse révéla négligemment que le flux des âmes défuntes était en partie détourné pour alimenter ce processus.

La Boussole ne réagit pas avec la même énergie que la Spectre, malgré son envie de rabrouer le Fourneau pour son insouciance ainsi que la magicienne pour son drôle de sens des priorités. Si cette dernière avait raison, alors ce n’était qu’une question de temps avant que les infernaux ne se rendent compte du problème, ne fassent le lien avec ce qui était en train de se passer en Égypte et ne débarquent en force pour venger l’affront, qu’importent les dommages collatéraux. Quelle que soit l’issue de l’affrontement, ce serait une catastrophe ; pas étonnant que l’adolescente masquée se soit énervée avant de partir en coup de vent.

« D’accord, allez lui parler. » acquiesça l’asiatique en s’adressant à Gorislava, juste avant que celle-ci ne quitte la pièce à la suite de Marchesi. « Je reste ici le temps d’éclaircir une chose ou deux et je vous rejoins. »

L’asiatique attendit d’être seule avec la thaumaturge et sa coterie pour reprendre la parole ; elles auraient eu du mal à s’entendre parler de toute façon, la rouquine étant tout sauf silencieuse.

« Je suis désolée du manque de manières de ma collègue. » fit-elle sans chercher à excuser le comportement de l’infernale – non par irrespect, mais parce qu’elle n’avait pas à parler en son nom. « Bref. Vous êtes manifestement très bien informée et vous avez l’air de savoir ce que vous faites ; j’imagine donc que votre discours n’avait pas pour seul but de nous impressionner par l’étendue de vos connaissances tout en nous mettant le nez dans notre ignorance. Si vous avez une idée de la façon dont nous pouvons résoudre cette situation autrement qu’en laissant les Spectres prendre la pyramide d’assaut et transformer la région en cratère fumant, je suis toute ouïe. »
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Zlatanna pouvait constater que la patience n’était assurément pas une vertu pour la Spectre et la rouquine. L’une avait pris la guêpe, s’échappant telle une furie du manoir sans demander son reste. Quant à la seconde, seule la bagarre semblait l’intéresser ; elle ne se fit pas prier deux fois pour emboîter le pas à la sbire des Enfers. Seule la chinoise semblait intéressée par les quelques conseils avisés de la vieille dame – grand bien lui fasse.

- « Et bien, ce ne doit pas être facile tous les jours de se coltiner deux bourrasques comme ces deux-là… », constata avec empathie la maîtresse des arts mystiques.

- « N’ayez crainte, j’ai passé l’âge de m’offusquer de quelques impolitesses de jeunesse. Des sujets bien plus graves accaparent en général mon attention. », rassura-t-elle en souriant à la mercenaire.

Après une rasade de thé, la dame se leva et fouilla dans une mallette apportée d’Allemagne. Elle extirpa un parchemin ancien scellé à la cire.

- « Difficile de vous conseiller quoi que ce soit tant que nous n’en savons pas plus sur ce qui se passe en Egypte et sur l’origine de tout ce brouhaha. Est-ce un groupuscule qui tente de s’accaparer des pouvoirs anciens interdits ? Est-ce la résurgence d’une divinité ou simplement un réflexe défensif préprogrammé ? Trop d’inconnues pour se risquer à faire n’importe quoi et précipiter l’impensable. », répondit Madame Z.

- « Avant que je n’oublie, j’ai un petit quelque chose qui pourrait vous servir dans votre quête. », continua-t-elle en tendant le parchemin à la jeune guerrière.

- « Si Anubis ou ses fidèles sont de la partie, vous aurez à vous méfier de votre amie la rigolote. Non pas à cause de son caractère mais parce qu’elle n’est pas du monde des vivant. Et quelle est la grande spécialité d’Anubis et de ses lieutenants ? Le contrôle des morts bien évidemment. En cas de besoin, il vous suffira de briser le sceau pour protéger la petite d’une quelconque prise de contrôle. La curiosité étant un vilain défaut, je vous dissuade de lever le scellé avant : le sortilège se consumerait de lui-même et vous ferait défaut au moment opportun. », avertit-elle en tendant l’objet magique à la chinoise.

Les yeux de la sexagénaire s’illuminèrent quelque secondes avant qu’elle ne prononce plusieurs syllabes incompréhensibles et qu’elle ne tape dans ses mains. Les éveillées, y compris celles déjà dehors, s’évaporèrent instantanément en un flux d’énergie cosmique pour se rematérialiser une fraction de seconde plus tard dans le sous-sol d’un immeuble de la ville sinistrée d’El Balyana.

Bon voyage les filles…


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