Éljúdnir – Peu après la bataille de Muspellheim

« - Vous ne devriez pas repartir tout de suite, vous avez subi beaucoup de blessures et êtes loin d’être guérie. » Tentait d’expliquer le mage noir chargé de la guérison de la guerrière d’Omicron

Alors qu’elle était entrain d’enfiler péniblement sa protection sacré une nouvelle fois, Sighild dévisagea le serviteur du Fourbe avant de sourire légèrement, la jeune femme comprenait les craintes de ce dernier et les partageait dans une certaine mesure. Pour autant la guerrière divine avait toujours une mission à accomplir. Une mission cruciale dont les tenants et aboutissants étaient un secret partagé entre l’ancienne Prêtresse et Loki, du moins c’est ce qu’elle pensait. Mais la bataille opposant les forces des Neufs Royaumes contre les forces de Surtr apportait un certain chaos susceptible de l’aider à mener à bien son opération, c’était une occasion en or selon la Fléau.

« - C’est maintenant ou jamais, je ne peux pas me permettre d’attendre. » Concluait-t-elle en terminant d’enfiler son armure toujours endommagée suite au conflit.

Le mage noir soupira – et sembla même prononcer quelques critiques sur cette décision à voix basse – avant de quitter la pièce. Sighild plaça son masque partiellement calciné sur son visage et s’enveloppa dans une grande cape noire, le tout en se préparant mentalement à devoir surmonter un nouveau de lot de difficultés. La première d’entre elles étant l’une des conséquences directes du combat titanesque ayant opposé Odin et Surtr : le climat était déréglé de manière profondément marquée. Sighild était quasiment certaine de n’avoir jamais connu de conditions météorologiques aussi drastiques par le passé. Cet hiver aussi soudain et extrême n’allait certainement pas aider à une reconstruction rapide des Royaumes, bien qu’elle ne savait pas vraiment à quel point les dégâts s’étendaient dans ses derniers. Or, elle ne possédait pas le temps libre pour se renseigner à ce sujet, elle devait partir mener sa mission à bien.

Asgard : Source d’Urd

Le trajet jusqu’au royaume d’Asgard – sa terre natale – fut relativement rapide bien qu’assez laborieux à cause de son corps fatigué et les températures suffisamment basses pour affecter la jeune femme d’ordinaire relativement peu sensible au climat nordique. Sur la route, elle n’avait cessé d’espérer que sa réflexion fut bonne, que sa destination soit moins bien gardée qu’à son habitude, autrement elle allait passer un très, très mauvais moment.

Car après tout sa destination était la source d’Urd, un lieu d’une importance capitale pour le Nord à de multiples titres. Notamment à cause de l’eau de la source possédait des propriétés vertueuses d’une rare qualité et était régulièrement utilisée par les Nornes elles-mêmes afin de garder l’Yggdrasil en bonne santé ; ce qui faisait de ce liquide une ressource sacrée particulièrement précieuse. Recueillir un peu de cette eau miraculeuse était son objectif principal et elle ne pouvait pas vraiment se permettre d’échouer dans la mesure où Loki avait besoin de cet élément afin d’accélérer la guérison de son véritable corps. De ce fait, la porteuse de l’armure d’Omicron imaginait déjà qu’un échec allait être sanctionné sans la moindre forme de procès de la part du Fourbe, d’où sa manie de maximiser ses chances de succès à tout prix.

Un grand bâtiment semblable à un temple avait été érigé afin d’assurer une meilleure protection de la source, une protection ordinairement assurée par des unités d’élite des guerriers d’Asgard. Sighild ne sous-estimait pas ces dernières, elle les avait vu à l’œuvre sur le champ de bataille, à un point où la Fléau redoutait un cas où l’avantage du nombre lui serait trop défavorable. Ainsi la guerrière masquée ne fit qu’observer la situation du temple pendant plusieurs heures, tapie derrière le peu de couverture qu’elle pouvait trouver, et constata que la garde semblait particulièrement restreinte, comme plus ou moins prévu par la Fléau. De ce fait, Sighild se prépara mentalement à la suite des événements et passa à l’action.
Armée d’une lance de glace parfaitement banale comparé à ses prouesses de tantôt, la Fléau se rua au contact de la première paire de garde qui surveillait l’entrée principale du temple, la jeune femme put les désarmer ainsi que les neutraliser – sans les tuer – plutôt facilement en profitant de l’effet de surprise et d’un net avantage de vitesse ; Sighild s’assura que les deux soldats étaient toujours en vie puis pénétra dans ce sanctuaire, armée d’une détermination bien singulière ; elle fila à travers le couloir principal et très vite se retrouva dans une large pièce circulaire où se trouvait 7 autres défenseurs, dont le commandant de l’unité ; l’Asgardienne tenta de le neutraliser en premier comme elle l’avait fait quelques moments plus tôt, mais elle fut promptement repoussée par le soldat chargé du commandement de la garde de l’endroit.

Certains gardes semblèrent incrédules en posant leurs yeux ne serait-ce qu’un instant sur l’armure divine endommagée de Sighild mais suivirent les rapides injonctions de leur supérieur sans broncher, venant se placer en formation autour de l’intruse afin de restreindre au mieux les options de cette dernière.

« - Rendez-vous et soumettez-vous au jugement du Seigneur Odin ! » S’exclama le capitaine avec un zèle visiblement sans bornes.

« - Déposez vos armes tant que vous le pouvez guerriers. Vous ne pourrez m’empêcher d’atteindre la source… » Tentait-t-elle de les dissuader sans grande conviction. Elle ne connaissait que trop bien les soldats d’Odin pour savoir que généralement ils craignaient plus la honte et le déshonneur plutôt que la mort.

« - Jamais ! Vous n’avez d’autres choix que de nous vaincre ou trépasser en ces lieux ! » Termina le chef avec une certaine ferveur.

Dans la foulée, il avait donné le signal à ses hommes pour engager le combat contre la suivante de Loki. Tandis que le meneur d’hommes venait engager Sighild au corps-à-corps et faire jeu égal avec cette dernière – à la grande surprise de la Guerrière Divine – les six autres protecteurs de la source se contentaient d’attendre la moindre ouverture et d’en profiter pour punir les erreurs de placements ou de postures de la Fléau d’Omicron. Sighild encaissa des dégâts relativement légers de cette façon sans vraiment savoir comment répondre le plus efficacement possible de manière non-létale. Pour commencer elle intensifia subitement son Hamr blanc comme neige et tapa le sol avec l’extrémité de son arme gelée afin de libérer une faible onde de choc qui envoya tous les soldats à l’exception de leur chef au sol pour un moment, permettant à l’ex-prêtresse de reprendre ses assauts renforcés par son Hamr sur sa cible principale avec plus de libertés, cherchant à clore l’affrontement le plus rapidement possible. Cependant son adversaire était lui aussi capable d’éveiller son Hamr, à un niveau suffisant pour résister à la porteuse d’Omicron et même briser la lance de cette dernière d’un puissant coup d’épée, de plus il profita du court instant de surprise ressenti par l’ex-prêtresse devant un tel phénomène pour tenter de lui trancher le cou. Conclusion que l’intruse évita en venant attraper la lame avec ses propres mains protégées par les gants de son armure pour ensuite repousser l’offensive en usant de son Hamr pour forcer son adversaire à reculer en faisant surgir des piques de glace du sol, la porteuse d’Omicron enchaînait en recréant une lance – plus solide cette fois-ci – pour tenter de reprendre l’ascendant.

Alors que l’affrontement faisait rage, un des hommes précédemment mis à terre revint s’immiscer dans le combat en venant bousculer la nordique afin de lui faire perdre l’équilibre. Le commandant de la garde de la source en profita pour asséner un violent coup de poing renforcé grâce au Hamr au niveau du ventre de son opposante. L’impact fut assez violent pour couper le souffle de cette dernière malgré la protection de l’armure à l’effigie des Nornes. Ainsi Sighild tituba un moment, essayant désespérément de trouver un second souffle. Ce fut un moment de faiblesse suffisant pour permettre à son adversaire de se préparer au coup de grâce : un coup d’estoc en prenant la section du torse à peine soigné de l’Asgardienne où son plastron était encore très endommagé pour cible. En revanche, une carapace de glace noire se matérialisa brusquement pour sauver l’ancienne « partenaire » d’Izanami.d’une blessure critique. Puisant dans ses dernières forces et se reposant sur ses instincts de survie, Sighild fut en mesure d’éveiller une nouvelle fois ce versant sombre de son Hamr. Ce dernier, devenu noirâtre également, commença à se répandre tout autour de la Fléau afin de saper la vitalité des gardes, à les forcer à se mettre à genoux sans pouvoir répliquer. Il ne restait donc plus que leur chef à envoyer au tapis avant de poursuivre sa mission.

La lance de glace de l’ex-Prêtresse s’évapora sans laisser de traces alors que cette dernière la remplaça par une naginata en mêlant glace et Hamr pour aborder cette fin de combat dans les meilleurs disposions imaginables. Ce sursaut de puissance fut suffisant pour permettre à Sighild de malmener celui qui avait rendu sa tâche si complexe. Ainsi la Fléau put rapidement mettre son opposant à genoux en épuisant le peu d’endurance qu’elle avait encore.

« - Sorcière… » Lâcha alors le chef vaincu.

L’Asgardienne l’assomma lui puis tous les autres avant de relâcher sa concentration martiale et apaiser son Hamr, elle fut enfin en mesure de progresser dans le cœur du temple et de récupérer ce pour quoi elle était venue. La pièce où se trouvait le fameux puits permettant d’accéder à l’eau miraculeuse était elle aussi assez vaste et aucun bruit n’étaient audibles en ces lieux hormis le son métallique de la Jarnskinn d’Omicron. Les murs étaient décorés de fresques colorées rappelant l’importance et l’histoire de cet endroit. Sighild ne s’attarda pas trop sur ces dernières en revanche et s’empressa de s’approcher du puits sacré et commencer à puiser l’objet de cette quête. Rapidement, elle avait enfin à sa disposition un seau de cette eau vertueuse sous les yeux qu’elle s’empressa de transvaser dans un des nombreux récipients trouvables dans la pièce et qu’elle scella promptement afin d’éviter le moindre gâchis. La Fléau n’attendit pas un seul instant pour quitter les lieux et ne laisser derrière elle que les gardes qui étaient tous en vie mais inconscients.

Abords de Nibelheim – Quelques heures plus tard

Exténuée, Sighild se retrouvait à ramper misérablement pour espérer rallier la forteresse du Fourbe. Son corps avait atteint sa dernière limite. Entre les affrontements contre les géants, les gardes de la source d’Urd et l’effort extrême imposé par l’usage de ses nouvelles aptitudes ; la Fléau en avait beaucoup, beaucoup trop fait, elle craignait même d’en payer le prix fort, d’en mourir avant même d’avoir atteint son but pour lequel elle avait lutté de toutes ses forces. L’ancienne Voix des Einherjars ne voyait plus qu’une solution, qu’un dernier espoir afin de survivre un jour de plus, elle vint s’adosser difficilement à l’arbre le plus proche et ouvrir le contenant de l’eau sacrée récupéré plus tôt ; elle en vida une maigre portion avant de le refermer, la partisante de Loki ne pouvait plus qu’espérer d’en ressentir les effets rapidement et efficacement. Une poignée de minutes plus tard et une intense sensation de froid s’empara de son corps. Puis son Hamr commença à croître de manière prodigieuse au vu de l’état de l’éveillée, l’énergie blanche enveloppait le corps de cette dernière, effaçant partiellement toute la fatigue accumulée par les muscles douloureux de la guerrière masquée et offrait un semblant de renouveau à celle-ci. Impressionnée par de tels effets, Sighild se releva douloureusement et se remit en route avec lenteur, curieuse de savoir si elle avait véritablement obtenu des compétences en guérison via son Hamr suite à cette folle aventure ou si ce n’était qu’un effet temporaire de l’eau d’Urd. Quoi qu’il en soit, la prochaine étape de son périple était de rejoindre son maître pour lui annoncer sa réussite et lui remettre cette cargaison bien singulière.