Saint Seiya
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[Frontline] Code Name : Ascension Prevention
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Oblivion
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Oblivion
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Oblivion
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Pour chaque explosion, chaque décharge, chaque bouffée de cosmos, l’urgence dans chaque mot prononcé, je sens ma soif de sang prendre les rênes et toutes ces facettes endormies de ma puissance menacer de s’éveiller. Pourquoi laisser cette chose gagner et me faire tuer sans réagir? Pourquoi la laisser détruire mes collègues, mes amis, et faire comme si je ne pouvais pas l’arrêter? Nous avons déjà tellement perdu, les civils sont morts, bientôt toute la région sera rayée de la carte, ce n’est pas comme si gagner était encore vraiment une option, nous avons techniquement déjà perdu…
Il ne reste qu’une chose à perdre, vraiment.

En serrant les dents, je retourne au combat, courant sans peur entre les balles et déflagration de cosmos et abattant mon épée dès que les longs membres de l’abomination se rapprochent trop de moi. Alors la dernière tomate ne fera rien? Et gagner du temps est à peine une option, Beth ne pourra pas stopper toutes les attaques trop dangereuses et on risque de la perdre avant que la victoire ne soit assurée. Alors qu’est-ce qu’on fait? Elle dit que la grenade ne fera rien seule… Est-ce que mon idée pourrait régler ça? Pas le temps de réfléchir, pendant que Beth doit se relever et que les autres la couvrent, quelqu’un doit offrir une bonne diversion. C’est à moi de foncer, multipliant les attaques sans avoir peur d’y mettre plus de puissance, et pendant un temps ça marche. Théo, Ben, Jess et Luiza continuent d’attaquer à distance, mais il n’y a que le Québécois, l’Espagnole et moi qui infligeons des dégâts concrets. Et notre ennemi le sait…

-Recule Marchesi, RECULE!

Le cosmos de la chose augmente et un rayon fuse de l’une de ses multiples gueules, celles que Beth n’a pas réussi à détruire. Les autres ne peuvent qu’observer, trop loin pour agir, mais mon cosmos ne peut plus être contenu et me recouvre comme une seconde peau pour me protéger, me projetant après l’impact plutôt que de me désintégrer sur le champ. Pas que je suis vraiment capable de m’en rendre compte… encore moins de comprendre ce qu’être encore capable de ressentir veut dire. Mon vol ne s’arrête que lorsque mon corps percute celui de Papanek dans un bruit d’os qui se cassent et je me sens vaguement tomber au sol, écrasant le docteur de mon maigre poids.

-ASTI JE L’SAVAIS! Ça va?!

-Urgh… elle m’a cassé quelque chose…

Une main dans mon dos, puis le vertige ; Théo nous a rejoint à toute vitesse et se dépêche de me soulever pour repartir en courant, mais Papanek prend plus de temps à se relever et ne marche plus aussi vite. Il aura besoin de temps pour se soigner et on a pas ça… Mais c’est lui qui peut se le permettre le plus. La chose n’a que peu d’intérêt pour lui, c’est moi qu’elle veut.

-Replace ses os. L’épaule d’abord, puis l’omoplate. Ensuite tu lui administreras un sérum de régénération. Ça devrait la tenir en vie, le temps… le temps que je la ramène au QG.

L’étourdissement prend brusquement fin quand le Québécois s’exécute de son mieux, mais il n’est pas aussi doué que l’Autrichien pour ce genre de soins et ça se sent… Je hurle de douleur en sentant mes os malmenés être remis en place, mais ça ne m’empêche pas de tenter de m’échapper, et Bilodeau-Tanguay a de la difficulté à me garder immobile.

-Non! Je ne pars pas!

On dirait bien qu’il ne m’injectera rien, je n’en ai pas vraiment besoin. Mais Théo continue de me retenir le temps de m’improviser une attelle pour garder mon épaule en place, et doit maintenant attendre Papanek. Quand l’Autrichien arrive enfin, Beth —ce qu’il en reste— nous envoie de nouvelles informations ; il y a un point faible! Et il faut la tomate…
Oh non. Je recule prestement avant que Théo n’arrive à me prendre ma grenade, puis me relève. Ben arrive enfin et en pinçant les lèvres, j’attrape les deux seringues de mon sac et les injecte dans ma jambe. Là, ils ne pourront pas m’arrêter… le chauve soupire.

-On a pas le temps pour ça. Vas-y.

-NON!

-Désolé Théo. Elle a fait son choix.

L’énergisant fait son effet, les émotions et la douleur disparaissent pour ne me laisser que ma force et ma raison. Mais est-ce que ce sera assez pour me contrôler, ne plus laisser mon cosmos dicter mes mouvements et garder mon identité intacte? Je ne suis pas certaine… Mon instinct a beau me crier que ce n’est pas important, c’est sans doute la dernière chose qui retiendra l’attention, mais même si c’est le cas maintenant, chez mes collègues dans le feu de l’action, la réalité ne s’ignore pas. Soit je trouve une bonne excuse pour justifier mon gain de pouvoir, soit… soit je ne leur laisse pas le temps de l’étudier. Ce serait un échec, disparaître maintenant, mais entre ça et être démasquée?
L’étau qui me serre le cœur me confirme que je n’arriverai jamais à m’enlever la vie de sang-froid. D’un pas qui se veut déterminé, je rejoins Papanek et lui attrape le bras, lançant un dernier coup d’œil à Théo.

-Si vous voulez aider, attaquez aussi. Il ne devrait pas pouvoir vous ignorer.

-… On l’laissera pas t’pogner.

-Je sais.

Ne pas trop penser à mes blessures, il ne faudrait pas empêcher les drogues de combat de faire leur travail… je fonce et retourne à l’assaut, m’approchant de la bête le plus possible pour rejoindre son point faible. Luiza et Taras continue leur assaut, tentant de forcer l’aberration à laisser tomber quelques unes de ses défenses, et Jess la bombarde en cherchant la moindre faille, sans pourtant oser utiliser sa projection astrale. Théo recommence ses attaques, délaissant son contrôle et sa précision pour plus de puissance brute, et Papanek devrait nous rejoindre bientôt, mais…

-Il me manque une seringue! Où… Marchesi?!

Je retire l’aiguille de ma jambe, presque bercée par le signal sonore qui m’avertit de l’anormalité de mes signes vitaux. Ça va, la différence de dosage pour l’énergisant entre Ben et moi n’est pas aussi grande que si je l’avais volée à Alastor ou Théophile, mais l’Autrichien redoute cette technique depuis Cité-Soleil. Ça ira, même s’il attaque il n’est pas une menace… Bilodeau-Tanguay, par contre, réagit au quart de tour en comprenant ce que j’ai fait ; il se rapproche de plus en plus, délaissant son railgun pour se mettre pleinement aux ondes de choc, et son cosmos continue d’augmenter jusqu’à produire une lueur colorée.

-MANGE D’LA MARDE!

La déflagration fait trembler la terre, alors que l’énergie déployée prive l’abomination de l’un de ses bras, laissant l’occasion aux autres de se concentrer sur le deuxième. La cible peut peut-être en créer d’autres, mais les attaques ne s’arrêtent pas, et maintenant qu’il y a deux niveau trois dans l’équipe, elle ne peut plus se contenter de nous repousser. Car c’est bien la puissance que Théo a su déployer, et peut-être même un peu plus que ça, car il continue de s’en servir même après son premier exploit. Et avec tout ça, la voie est libre.

-Maintenant, Marchesi!

Un sprint et une roulade et j’y suis. Si je prenais trop de distance, j’ai peur que la grenade rate son coup, on ne peut pas se permettre ça… je dégoupille la grenade, attends un peu et la lance, avant de m’éloigner le plus rapidement possible. Cette tentative est mieux d’être la bonne…
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Rogos
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Le titan s'était mis à tirer au hasard quand il était devenu clair qu'il ne lui serait pas possible de se débarrasser immédiatement de l'influence de son adversaire. Les salves en zigzag de son colossal congénère obligeaient l'interface à bouger sans cesse pour prendre les coups à la place des membres les plus vulnérables de l'escadron mercenaire pendant la période de récupération de Marchesi, leur meilleur atout. Depuis le temps, Tetragrammaton aurait dû trouver le moyen de parer ces offensives sans mal mais leur composition changeait aléatoirement, ne lui laissant au mieux qu'une microseconde pour ajuster ses propres protections. Les faisceaux d'électrons, protons, neutrons, photons de toutes les fréquences embrasaient l'atmosphère, surpassaient les éclairs en luminosité et irradiaient peu à peu la zone. Les barrières d'électricité qui avaient servi à contrer les premiers assauts n'arrivaient plus à suivre, forçant le système à recourir à la spatiokinésie pour expédier une partie des attaques dans une autre dimension. Son enveloppe n'était pas faite pour supporter une telle charge : les fissures à sa surface se multipliaient en vomissant des flots de noirceur toujours plus importants et étaient maintenant rejointes par des lignes dessinant des motifs géométriques incandescents sur sa peau. Surchauffe ; ce qui lui servait de système circulatoire était rendu visible par la chaleur, signe que le métal formant son réceptacle ne tarderait pas à fondre sous l'action de sa propre énergie.

Mais ils y étaient presque. Plus que trente secondes à tenir : prouvant une fois de plus que même les entraînements les plus infernaux ne pouvaient se substituer à l'expérience du combat réel, l'italienne et le québécois se relevaient de leurs blessures plus forts que jamais et repartaient bravement au front, la première ignorant les protestations du second ainsi que celles de leur pauvre médecin tandis qu'ils élargissaient la brèche ouverte par leurs camarades et se préparaient à porter un coup fatal. Leur rage et leur puissance avaient atteint un tel niveau qu'ils en délaissèrent leurs armes pour ne plus se reposer que sur leurs pouvoirs – ainsi qu'une unique grenade dans le cas de Marchesi, dont le comportement semblait indiquer qu'elle s'abandonnait finalement à ses pulsions suicidaires. Avait-elle perdu la raison après avoir survécu à l'attaque qui en toute logique aurait dû l'atomiser ?

Inacceptable. La perte d'un agent qui était non seulement leur meilleure combattante mais possédait également la capacité d'en inspirer d'autres à s'élever à son niveau était tout bonnement inenvisageable.

Dans un centre de contrôle abrité dans un bunker de l'autre côté de l'Atlantique, un officier supérieur parvint aux mêmes conclusions et donna l'ordre de désactiver les dernières sécurités limitant l'interface. Ses veines jusque-là simplement rougeoyantes furent chauffées à blanc ; la température autour d'elle augmenta brutalement de plusieurs milliers de degrés et une onde de choc repoussa le bras que la créature tendait pour l'écraser. Une fraction de seconde plus tard, le géant se retrouva au centre d'une cage de portes dimensionnelles qui l'engloutirent sous le feu d'un déluge de lasers, découpant et incinérant des sections entières de son anatomie. Immédiatement après, son adversaire arriva au contact et lui infligea une rafale de coups de poings qui creusèrent d'énormes trous carbonisés dans son poitrail suivie d'une décharge électrique titanesque. Mais malgré l'importance des dégâts, le monstre ne se laissa pas déstabiliser et riposta dans l'instant, détricotant la substance composant ses moignons afin de créer des centaines de longues lamelles flexibles effilées comme des rasoirs.

Les lames convergèrent sur elle sans laisser la moindre échappatoire, perforant ses défenses comme si elles n'existaient même pas et traversant entièrement sa carcasse métallique sans rencontrer davantage d'opposition. Aucune partie de son corps ne fut épargnée. Membres, abdomen, thorax, tête... elle fut transpercée de toutes parts. Empalée et immobilisée, brandie en l'air comme un macabre trophée, envahie par l'énergie de l'ennemi qui suintait de chacun de ses appendices et la détruisait de l'intérieur.

Dommages critiques. Intégrité structurelle : 3,92%, en baisse. Fonctionnalité système compromise. Probabilité de reprise du combat : quasi-nulle.

Elle n'irait sans doute pas plus loin. Peu importe : Marchesi était parvenue à son objectif. Sa grenade anti-magie explosa à l'emplacement précis du point faible de l'aberration ; seule, la vague grise n'aurait eu qu'un effet insignifiant mais combinée aux attaques impeccablement coordonnées du reste de l'équipe... Pour la première fois, l'apparente impassibilité du géant fut brisée : il se contorsionna sauvagement lorsque la réaction en chaîne démarra et détraqua les mécanismes qui lui permettaient de contrôler son pouvoir. Certaines parties de son corps éclatèrent à cause de la surcharge d'énergie, d'autres furent comme pétrifiées et d'autres encore se mirent à muter de façon anarchique. Le « bug » initial n'avait duré qu'un instant mais cela avait suffi à rompre un équilibre instable, à amorcer une cascade d'erreurs dévastatrice. Le monstre laissa tomber sa proie lorsque ses fouets se désagrégèrent et l'interface, coupée en morceaux sans le support des lames, s'écrasa lourdement en contrebas en créant un énième cratère dans sa chute. Il tenta de massacrer les responsables mais il n'était plus maître de ses mouvements, ses coups et tirs meurtriers ravageaient les environs sans pour autant arriver à se focaliser sur une cible particulière.

Ce handicap – certes majeur – n'était que temporaire cela dit. Les Agences n'avaient cependant aucune intention de lui laisser l'occasion de reprendre le contrôle : une dernière pluie de missiles était en chemin pour l'achever. Pas trop tôt : devant l'insuccès de ses offensives, la créature avait changé de stratégie et rassemblait à présent une quantité d'énergie très largement supérieure à celle utilisée lors des précédents assauts, dans l'intention manifeste de compenser son manque de précision par la puissance brute.

« D'accord, ça suffit maintenant. »

Le titan se figea soudain ; la puissance accumulée dans ses entrailles se mit à la masse dans une débauche d'arcs électriques, ne laissant qu'une statue inoffensive. Les machines de destruction le traversèrent sans faire de dégâts ni même rencontrer la moindre opposition et continuèrent leur course jusqu'à frapper le sol deux cent mètres plus loin, où ils explosèrent enfin. L'image de l'abomination, comme vidée de toute consistance, se dissipa tel un mirage à mesure qu'un maelström d'obscurité se rassemblait au creux de la paume de Qiang Yua. Une fois le processus terminé, l'éveillée qui venait d'émerger d'une faille dimensionnelle en plein champ de bataille – non sans une garde d'honneur de Théozoas mineurs barrant la route aux attaques des mercenaires – se retrouva en possession d'un cristal pyramidal où battait un cœur de lumière blanche. Elle détailla un moment ce qu'il restait de la fausse jeune fille (incapable de se reconstituer mais toujours « vivante ») ainsi que les autres combattants, en s'attardant tout particulièrement sur Marchesi et Bilodeau-Tanguay. Puis elle s'inclina poliment.

« Merci de votre contribution. Dites-vous qu'elle sauvera de nombreuses vies à l'avenir. » dit-elle le plus sérieusement du monde, sans trace de sarcasme. « Essayez de ne pas mourir de vos blessures, ce serait dommage. »

Sans attendre de réponse, elle laissa la déchirure dans l'espace-temps se refermer sur elle et la dérober aux regards comme aux poursuites. Avec la disparition de son cosmos, le chaos de la bataille fit définitivement place à une tranquillité surréaliste sur fond de désolation et d'éruption volcanique imminente.

***

Ils touchaient enfin au but : l'aéroport, seul bâtiment éclairé – et l'un des rares tenant encore debout – au milieu d'une mer de ténèbres. L'endroit avait souffert bien entendu, entre le tsunami qui avait ravagé les rives du lac, les secousses sismiques qui continuaient de s'intensifier et les attaques du titan. Aucune de ces dernières n'avait approché la puissance du faisceau qui avait servi à déclencher la colère du Nyiragongo ; encore heureux ou il n'en resterait qu'un champ de ruines.

Le groupe pénétra à l'intérieur de l'édifice et obliqua immédiatement en direction des pistes d'envol, faisant de leur mieux pour ne pas finir dans les pattes des hommes occupés à remballer précipitamment tout le matériel apporté par l'alliance. Pas le temps de déposer Roth au bloc opératoire, surtout quand le bloc lui-même était en train d'être démonté et chargé dans la soute d'un avion. Combien de blessés mourraient à cause de ce départ en catastrophe, des agents qu'ils auraient pu sauver si seulement ils avaient commencé à les soigner dès maintenant ?

Comme s'il avait lu dans ses pensées, Connor apparut à leurs côtés pour indiquer à Rogos qu'il devrait déposer son patient dans un appareil spécialement réservé aux blessés graves.

« Nous les débarquerons à la base tanzanienne, le reste du convoi aérien continuera sans eux. Ils ne tiendront pas tous jusqu'à ce que nous arrivions à Madagascar autrement. »

Le français voulut acquiescer mais se crispa involontairement à la place. Il ne voulait pas abandonner Roth – même s'il ne représentait rien pour lui et s'il savait qu'en tant qu'éveillé, il serait placé en de bonnes mains – ni embarquer maintenant sans savoir si sa coreligionnaire s'en était sortie ou non.

« Et pour nous ? Je demande la permission de rester avec mon patient. »

Le britannique agita distraitement une main, son geste trahissant une profonde fatigue. « Naturellement. Ne vous en faites pas, le personnel médical prendra également place à bord du transport-hôpital pour veiller sur ceux qui en ont besoin. »

Ils furent rejoints devant un checkpoint de sécurité aux portes grandes ouvertes par des aides-soignants munis d'une civière ; Rogos et le soldat avec qui il avait partagé le rôle de porteur jusqu'ici aidèrent à y installer l'inconscient – toujours stable, il avait de la chance dans son malheur – avec un soupir de gratitude. Une bonne chose de faite.

Il sursauta lorsqu'un grand cri retentit dans tout le bâtiment ; il paniqua un instant en essayant d'identifier l'origine du vacarme puis se calma lorsqu'il se rendit compte que les agents célébraient la défaite de l'aberration gigantesque. Sans sa présence cosmique oppressante, il devenait beaucoup plus aisé de distinguer les auras de ceux qui avaient survécu à l'affrontement : Oblivion semblait être de ceux-là et... quelle surprise, elle n'était plus la seule niveau 3 de son unité ? Excellente nouvelle pour eux. Le Dullahan se tourna vers Rosenberg et vit que celui-ci ne paraissait pas partager l'enthousiasme – momentané, ils étaient toujours en situation de crise et les agents retournaient déjà au travail – de ses collègues. Au contraire, il était d'humeur encore plus sombre qu'avant... Feuerbach, par contre, exhibait un petit sourire en coin qui ne pouvait qu'annoncer une très mauvaise nouvelle.

« Qu'est-ce qui ne va pas, professeur ? »

« On lui a cassé sa poupée et il n'a pas pu rendre la pareille. » nargua l'allemand. L'américain gronda ce qui devait être une série d'insultes à voix basse et le russe entreprit de donner une explication un peu plus utile après avoir foudroyé le teuton du regard : « L'ennemi s'est replié en rappelant sa créature. La nôtre a perdu la confrontation. »

C'était donc ça. Les auras de Beth et de son colossal adversaire étaient si similaires que le Spectre avait eu le plus grand mal à suivre le cours de la bataille ; en les sentant disparaître, il s'était simplement dit que l'interface avait dû masquer sa propre énergie comme elle le faisait en temps normal. Non, à y regarder de plus près, son aura était grandement diminuée mais toujours active, elle était donc encore... pouvait-on vraiment dire « vivante » ?

Quelle importance, ils avaient échoué à éliminer son congénère. Échoué sur toute la ligne même ! Deux millions de morts et tout ça pour quoi ? Rien. Qu'importe le prix qu'ils avaient payé, leurs ennemis avaient eu exactement ce qu'ils voulaient et même si les Agences parvenaient à retirer quelque chose d'utile de ce fiasco, de ce désastre, ce ne serait certainement pas à la hauteur des pertes subies en échange. Il ne leur restait plus qu'à rentrer chez eux la queue entre les jambes...
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J’ai l’impression d’halluciner. La créature qui se tortille dans tous les sens alors que la grenade thaumaturgique fait son effet ne me parait même plus réelle, juste une image imprimée dans mes rétines. Pourtant, les tremblements de terre et les rayons mortels qui fusent de partout sont bien réels, mais je ne fais rien pour y échapper. Le sang bat trop fort dans mes tempes, et j’ai tellement de difficulté à respirer… Je devrais bouger de là, attaquer, n’importe quoi, mais je ne fais rien. La grenade devrait tout régler, bientôt cette chose devrait enfin disparaître…

-À TERRE!

Je recule dans un demi réflexe et finit par trébucher, ce qui me réveille un peu, et je me couvre la tête de mon bras en essayant de ramper pour m’éloigner. L’abomination n’est pas morte, mais elle est affaiblie, et les Agences s’apprêtent à l’achever, je ne peux pas être trop près quand ça arrivera. Les missiles foncent, je renifle en sentant le sang qui coule de mon nez et attends les explosions, mais… elles ne viennent pas. Pourquoi? Je me retourne et observe avec effroi toute l’attaque traverser la bête comme si elle n’était pas là, puis avec confusion quand cette dernière disparaît. Qu’est-ce… qu’est-ce qu’il vient de se passer?

-Cible en vue!

Jess a raison! Là où se trouvait notre cible se tient maintenant la femme de tout à l’heure, celle qui a sauvé Yakub, entourée d’autres monstres et tenant une sorte de cristal dans sa main. Est-ce que c’est elle qui…? Oui, c’est ce qu’il y a dans le cristal, je le sens! Je bondis sur mes pieds, peine à rester debout quand l’étourdissement me prend, mais m’obstine quand même à la menacer de mon Chunjun abîmée. Les autres en font de même, sans passer à l’action. Après tout, elle est tout aussi puissante que Yakub, si ce n’est plus, et nous n’avons plus la force de nous battre. Pas que nous allons l’admettre.

Au final, elle ne fait rien, se contente de lâcher quelques mots étrangement polis d’un ton on ne peut plus honnête et disparait, nous laissant seuls et confus, à guetter le silence en attendant qu’une nouvelle catastrophe nous tombe dessus. Car personne n’ose le penser, encore moins le dire, mais il semblerait bien…

-C’est… C’est fini?

Non, ce ne sera jamais vraiment fini. Nos corps restent tendus par la peur, prêts à retourner au combat, mais rien ne se passe car il ne reste plus rien autour de nous. Juste des ruines, des cadavres… et Beth. Démembrée et inanimée, les dernières volutes de fumée noire se dispersant au sol, mais peut-être pas morte… je ne sais pas, elle n’est pas humaine alors… Mais je n’ose pas détourner le regard. Les autres s’approchent, tout aussi méfiants, et Ben se penche sur Beth pour examiner ce qu’il en reste. Quand il prend la parole, sa voix est enrouée.

-On devrait la ramener.

-Ben là… on peut pas partir!

-Regarde autour de toi, Théo. Il n’y a plus rien. C’est fini. Et si on est encore là quand ce volcan se réveille…

C’est vrai, j’avais oublié ça… Comme quoi, même partir à la poursuite de nos ennemis n’est pas une option, nous n’avons plus les ressources ni le temps de le faire, et personne ne souhaite nous voir partir dans une mission suicide. Maintenant, cette équipe a trop de valeur pour ça… Je réprime un haut-le-cœur quand Théo approche à son tour, apparemment bien revigoré par sa montée en puissance, mais aussi par la paranoïa qui nous retient tous. Je tente d’être heureuse pour lui, mais je ne peux que m’inquiéter. La protection supplémentaire dont je bénéficie n’est rien, je suis surveillée en permanence, et c’est sans parler de ma vie privée. Comment lui va-t-il le prendre?
Peu importe. Je n’ai pas trop la tête à ça maintenant.

-Leticia? Tu vas bien?

-Non…

Le message nous arrive enfin pour confirmer qu’il faut évacuer et nous commençons à ramasser les morceaux de Beth, les accrochant à nos ceintures. Je grimace en tentant de ne pas trop regarder, ce serait bien ce qui pourrait me convaincre de vomir. Bilodeau-Tanguay m’attrape le bras pour m’aider à rester debout, mais je me libère doucement.

-Mieux si je marche…

Si je m’arrête, j’ai bien peur de ce qu’il va m’arriver. Théo me laisse faire et quand tout le monde est prêt à partir, nous nous remettons en marche. Ça fait du bien de marcher, ça me fait oublier mon mal… ou au moins me tiens assez occupée pour ne pas penser à autre chose. Comme notre échec. Car c’est ce que c’est… tant de morts, la créature n’a pas été détruite, les terroristes se sont enfuis, même Yakub n’a pas été vaincu! Tout ça, toutes ces blessures, toutes ces peurs, pour rien! Je n’arrive pas à croire qu’on abandonne tout, mais il n’y a rien de plus à faire.
Ils ne s’en sortiront pas comme ça. Ils ne savent pas qui sont leurs ennemis.

-Vais les retrouver.

-Mais bien sûr.

-Vais les tuer.

-Ça suffit, Marchesi. Ça ne sert à rien de se morfondre.

-Bof, je détesterais pas que ça arrive non plus. Après ce qu’ils ont fait à Roth…
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Rogos
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De l'autre côté de l'océan ou de la Méditerranée, une agitation fébrile s'était emparée des échelons supérieurs des Agences suite à l'intervention et aux paroles de Qiang Yua. Leur signification n'était peut-être pas immédiatement apparente pour les mercenaires mais les analystes accrédités pour connaître l'existence du projet Tetragrammaton n'avaient eu aucun mal à les décoder. Loin d'avoir loué la force ou le courage des combattants, elle n'avait fait que les narguer en confirmant leurs pires suspicions : le massacre de Goma ne serait pas le dernier et elle les invitait à revenir s'opposer à eux s'ils en étaient capables. Quelle que soit l'issue de l'affrontement, les terroristes en retireraient toujours un bénéfice ; dans le cas présent, de précieuses données de combat qui leur seraient très utiles pour perfectionner leur monstrueuse création.

Elle n'avait pas menti cela dit, ces données sauveraient un nombre incalculable d'innocents en accélérant les recherches de Luria et de ses séides, en diminuant le nombre d'itérations de l'expérience nécessaires à l'accomplissement de leur objectif... Ce qui voulait également dire que la date à laquelle ces gens prêts à sacrifier des millions d'innocents mettraient la main sur l'arme la plus puissante de l'histoire de l'humanité venait de considérablement se rapprocher. Il fallait les en empêcher au plus vite ; le haut commandement de l'alliance n'attendit pas que le gestalt récupère après la défaite de son interface avant de lui ordonner de s'atteler à prédire l'emplacement du prochain carnage. La tâche n'était pas une sinécure, il lui faudrait passer en revue toutes les zones peuplées menacées par une guerre, un risque naturel ou industriel – par le passé, la création de Théozoa avait plus d'une fois été camouflée en rupture de barrage hydroélectrique, incendie ou accident d'usine chimique – pouvant être instrumentalisés par leurs ennemis. La prochaine attaque n'aurait pas obligatoirement cette ampleur génocidaire s'il ne s'agissait que d'opérer quelques améliorations, ce qui la rendrait d'autant plus facile à orchestrer, surtout si comme aujourd'hui ils choisissaient de perpétrer leurs atrocités dans un pays pauvre et isolé. Le nombre de lieux à surveiller grimpait en flèche...

Occupé à gérer ces nouvelles tâches, à traiter les données de la bataille, à vérifier que ses répercussions n'avaient rien endommagé d'important ni corrompu son programme et enfin à stabiliser les vestiges de son enveloppe de combat martyrisée, le système ne réagit pas tout de suite lorsque les mercenaires se mirent à vouloir collecter les morceaux de cette dernière.

« Ne vous fatiguez pas, laissez-moi. » fit la tête de la fausse jeune fille lorsque Keaton voulut la ramasser. Elle n'était plus rattachée à rien et son visage était fendu par des fissures spectaculaires connectant les multiples perforations infligées par le géant, lui prêtant l'apparence d'une statue craquelée. Pas de sang, de muscles ou d'os en vue à l'intérieur des « plaies », rien que la noirceur imprégnant son organisme factice sous une peau qui l'était tout autant, donnant l'impression que son corps n'était qu'une coquille vide... ce qui était métaphoriquement vrai. L'éveillée ne semblait cependant pas vouloir l'écouter ; compréhensible, les auxiliaires n'avaient pas été briefés. Très bien, puisqu'ils insistaient... « La tête suffit. »

Tetragrammaton joignit le geste à la parole en rétractant l'énergie habitant le reste du corps pour la rassembler dans la seule tête, laissant les fragments des membres et du tronc se désintégrer et retourner à l'état de simples tas de poussière métallique inanimée. Techniquement n'importe quelle partie du corps aurait pu faire l'affaire mais l'équipe Bilodeau-Tanguay trouverait sans doute étrange de repartir avec un bras en laissant ce qu'ils pensaient être quelque chose de plus important derrière. Le système en profita d'ailleurs pour faire disparaître les balafres du visage de son interface, une réparation purement cosmétique mais qui devrait les mettre un peu moins mal à l'aise. Ou pas, les gens réagissaient très différemment face à l'abandon de sa façade d'humanité et il ne lui était pas toujours possible de prévoir leurs réactions. Peut-être vaudrait-il mieux s'adresser à eux via les communicateurs et garder la tête inactive ?

D'autres préoccupations venaient toutefois distraire ceux qui lui servaient à nouveau – et un peu inutilement – d'escorte. La menace imminente du Nyiragongo tout d'abord ; le drone qui surveillait la montagne montrait que le lac de lave à son sommet se remplissait à vive allure et que la paroi du cratère, sévèrement fragilisée par l'attaque du titan, ne tarderait pas à céder. Bientôt, les ruines de Goma auraient disparu sous les coulées de roche fondue.

« Une heure avant éruption, maximum. Une demie-heure, plus probablement. »

La communication fut uniquement adressée à Papanek à titre d'information tandis que le groupe se mettait en mouvement. Chacun d'eux était visiblement perclus de douleur mais avançait tout de même en serrant les dents ; l'ambiance, quant à elle, était morose et seulement entrecoupée par l'expression des fantasmes vengeurs d'une partie de la troupe ainsi que les remontrances de leurs collègues plus raisonnables.

« L'agent Roth sera remis sur pied, comme l'agent Dmytryk. Je m'en chargerai moi-même si nécessaire. »

***

Rogos, Feuerbach et Rosenberg avaient pris place dans l'avion médicalisé. Les soldats encore valides – ou en tout cas ceux qui n'avaient pas besoin d'une attention médicale immédiate – qui les avaient accompagnés avaient poursuivi leur route vers un autre transport de troupe. Les russes avaient perdu deux de leurs camarades tandis que les iraniens de l'unité Khalil déploraient trois décès. Chacun des survivants portait les stigmates de la bataille ; plus d'un finirait avec une prothèse. Quant aux scientifiques, ils surveillaient les blessés étendus à même le sol de l'aéronef dans l'attente du départ et assistaient les ambulanciers lorsque ceux-ci arrivaient avec un nouveau patient sur un brancard. Le français vit plus d'une fois d'autres agents s'engager sur la piste d'envol en direction d'un autre appareil, chargés eux de sacs mortuaires. Le bilan humain de l'opération était calamiteux.

« Qu'en avez-vous pensé docteur ? Pas si mal pour un premier déploiement non, surtout dans ces circonstances ? Mon éminent collègue ne devrait pas avoir l'air si sombre. »

Évidemment l'allemand n'avait cure des pertes subies par l'alliance, ou alors seulement dans la mesure où elles le privaient de ses cobayes. Et il n'arrêtait pas de commenter les images qu'il revisionnait sans cesse, celles de l'affrontement des deux monstruosités, une créée par les terroristes et l'autre engendrée par FIRMAMENT. Même pour quelqu'un comme lui, y accorder un tel intérêt avait quelque chose de profondément malsain.

« Je ne saurais dire et franchement, je préfère ne plus y penser pour le moment. » mentit le Spectre qui s'affairait intérieurement à disséquer le moindre détail de ce dont il avait pu être témoin. Ça ne l'empêchait pas d'être horrifié, bien au contraire même, cependant il ne devait pas non plus perdre de vue son objectif. C'était la seule chose qui lui évitait encore de succomber à la fatigue ; il n'avait certes pas combattu autant que les autres mais cela voulait également dire qu'il ne pouvait pas se reposer sur les effets revigorants du cosmos.

Le dernier membre du trio, lui, était tout simplement défait.

« Pas si mal ?! Ils ont peut-être créé l'entité artificielle la plus puissante jamais façonnée par l'Homme mais la nôtre est la plus sophistiquée ; nous sommes perdants au niveau de l'échange d'informations, ils ont davantage appris de nous que nous n'avons appris d'eux. C'est un fiasco. »

« Ce dont vous parlez n'a rien à voir avec leurs performances respectives. Et vous êtes trop pessimiste, ce n'est pas comme s'ils avaient pu passer votre œuvre au microscope. »

L'américain préféra ne rien répondre à cela. Le Dullahan choisit de fuir la conversation et de plutôt s'intéresser à l'alerte indiquant que l'équipe Bilodeau-Tanguay se rapprochait de l'aéroport ; ils étaient parmi les derniers à rentrer et devraient sans doute prendre place parmi les invalides, surtout vu l'état de Marchesi qui avait apparemment décidé de s'empoisonner aux drogues de combat. Elle en avait encore trop fait mais il ne pouvait guère le lui reprocher au vu de ce qu'elle avait eu à affronter. Où qu'ils aillent, quoi qu'ils fassent, les Spectres étaient définitivement abonnés à la malchance.

« Nous allons bientôt pouvoir partir, professeurs. » annonça-t-il en relayant la nouvelle. « J'espère que la générale et ses hommes auront encore assez de jus... »

Ils avaient également croisé les chinois en passant, leur ticket de sortie de cet enfer toxique. Les ingénieurs français avaient apparemment modifié une machine servant à transmettre le cosmos à distance et avaient intégré le résultat aux turbines des avions ; grâce à cela, les électrokinésistes restés au sol pouvaient décomposer le dioxyde de carbone saturant l'air et produire de l'oxygène pour faire marcher les réacteurs. Un effort herculéen pour ces éveillés de bas niveau, même si les réacteurs se remettaient à marcher tout seuls une fois que les appareils prenaient suffisamment d'altitude. Il fallait leur accorder cela, les Agences savaient faire preuve de débrouillardise face à un problème imprévu.

« Ne vous inquiétez pour eux, ils ne nous laisseront pas tomber. Et tant mieux pour l'unité Bilodeau-Tanguay, au moins je n'aurai pas à répéter mes explications. »

« Vous allez leur... non, nous dire ce que vous nous avez caché ? »

« En partie. »

« Bien obligé, vous avez vu ce que vous n'étiez pas censé voir et les gens ont tendance à faire des bêtises si on les laisse mariner dans leur jus à s'imaginer des choses. »

Rosenberg ne répliqua à cela que par un soupir exténué. Le cavalier sans tête, pour sa part, se demandait s'il était vraiment nécessaire que tout le monde soit là, son supérieur pouvait tout aussi bien dire ce qu'il avait à dire par radio. Quoique, il était du genre à préférer s'expliquer en face à face.
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-Ah, le chanceux! Et est-ce que comme l'agent Dmytryk, il passera des mois à se faire démonter par des parfaits inconnus, à tout réapprendre comme un gamin quand son corps n'arrive plus à suivre, à supplier qu'on le tue parce qu'il n'en peut plus de la douleur, à éviter les miroirs parce qu'il ne supporte plus la vue de son propre visage et à se faire dire qu'au moins, il est vivant, même si tout le monde s'attend à ce qu'il claque la minute qu'il met les pieds dehors?

La soudaine colère de Taras me fait sursauter alors que je tire sur le tissu de mon uniforme dans l'espoir que ça m'aidera à respirer un peu mieux. Rien à faire, encore moins quand le Biélorusse tente d'envoyer un coup de pied rageur dans ce qu'il reste du corps de Beth, mais que la pseudo-gamine se dématérialise avant, ne laissant que sa tête qui est déjà entre les mains de Keaton derrière elle. Plus la tension augment, plus je sens la chaleur augmenter, mais mon corps n'est plus en état de supporter cette bouffée de puissance. Le sentiment doit être partagé avec le reste du groupe, puisque personne ne répond, en espérant que la crise de Dmytryk passera, mais ce dernier continue de cracher son venin, au grand dam de tous —si on veut. Certains doivent bien espérer que quelqu'un, quelque part, prenne des notes sur ce témoignage inattendu, celui d'un mercenaire de plus en plus déshumanisé au nom d'une cause qui se veut humaine...
Keaton tente de reculer quand Taras s'approche d'elle, mais il lui saisit le bras pour l'empêcher de s'éloigner, et attrape la tête de la petite blonde pour la regarder. Je ne sais pas si elle nous voit vraiment, probablement pas, mais il y a quelque chose de trop dérangeant dans la façon dont Dmytryk la regarde, pas choqué du tout de s'adresser à une enfant démembrée.

-Tu lui fais ce que tu veux, au froussard, mais parle pas comme si tu lui faisais une fleur. Le gars qu'on a connu, il est déjà mort.

Et quand il s'éloigne enfin pour continuer sa marche, profitant du fait qu'il est moins blessé pour prendre de l'avance sur nous, Luiza fonce pour le rattraper et passe son bras autour de ses épaules d'une curieuse façon, sans lui dire un mot, mais pas assez rapidement pour cacher ce qu'elle a fait : empêcher Dmytryk de s'emparer de son pistolet. Les parois de mon casque semblent vouloir se refermer sur moi et une alarme stridente me fait grimacer quand, dans un réflexe désespéré, je tente de l'enlever pour mieux respirer, sans succès.

-Mais qu'est-ce que tu fais?!

-Chaud...

-Ne l'enlève surtout pas! Tu as encore plein d'oxygène, tu dois tenir bon jusqu’au QG!

C’est affaissée contre Papanek que je finis le trajet, alors que l’Autrichien fait de son mieux pour me porter à l’intérieur avec les autres. Il y a tellement de blessés, certains plus graves, certains impossible à récupérer… et tellement, tellement de morts. Quelqu’un s’approche de nous et nous explique que Rosenberg demande à nous voir, tous. Je lève un regard interrogateur vers Ben, qui se tapote le bras pour me rappeler de qui il s’agit et je hoche la tête. C’est encore quelque chose d’assez unique pour que je puisse reconnaître de qui il s’agit, mais qu’est-ce qu’il peut bien nous vouloir?

-Tu te sens capable d’y aller?

-Oui…

-Bien. Ce sera bientôt fini.
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La diatribe du biélorusse fut dûment enregistrée et transmise à qui de droit mais la tête sans corps ne tenta pas de se défendre. Le système sous-jacent n'avait pas été programmé pour le soutien psychologique, ni même pour les interactions humaines en général ; mieux valait laisser cela aux professionnels. Ils n'avaient clairement pas eu assez de temps pour aider Dmytryk à digérer sa propre expérience mais les choses ne pouvaient qu'empirer si on lui rappelait qu'il avait été averti du danger, que personne ne l'avait forcé à signer et qu'il n'avait pas coché la case « ne pas réanimer » sur son formulaire. Le professeur lui avait expliqué par le passé que renvoyer la faute aux gens était une preuve de mauvaise foi et qu'il y avait de fortes chances que cela les énerve davantage, aussi son interface resta-t-elle inerte et silencieuse tout du long, y compris lorsque le mercenaire parut vouloir l'achever.

Ce ne fut qu'une fois de retour entre les mains de Keaton qu'elle répondit enfin, un simple « Entendu. » qui ne signifiait pas pour autant une validation de l'opinion de Dmytryk.

En effet, les raisons-mêmes de cette colère lui étaient incompréhensibles. Premièrement, quelles alternatives l'éveillé aurait-il préféré qu'ils offrent à son camarade ? La récupération complète n'impliquant ni effort ni inconfort n'était pas une option, l'alliance ne faisait pas de miracles. Que restait-il alors ? Euthanasier Roth, le livrant aux bons soins des serviteurs d'Hadès pour l'éternité ? Le laisser continuer à vivre en tant qu'infirme, dépendant des autres jusqu'à la fin de ses jours ? Le gestalt avait beau être incapable d'empathie, il savait qu'au moins les tourments endurés sur la voie de la guérison n'étaient que passagers.

Deuxièmement, l'opération ne devrait pas affecter l'encéphale, il n'était pas question de recycler Roth pour le convertir en composant organique d'un Timur ou d'une des cellules de Tetragrammaton, ni même d'en faire un nouvel Archavine ; il n'y avait donc nul besoin d'être aussi mélodramatique au sujet d'un possible changement de personnalité. À moins qu'il ne s'agisse encore d'une de ces histoires d'âme, auquel cas le système ne pouvait qu'avouer son ignorance.

Troisièmement, il ne s'agissait pas d'une faveur : FIRMAMENT agissait strictement dans son propre intérêt en protégeant un investissement de valeur. Mais là encore, dire ces choses à voix haute ne ferait que raviver l'ire du biélorusse en gâchant du même coup les efforts de De Assis.

Ils poursuivirent leur route jusqu'à ce que la silhouette de l'aéroport, nettement moins imposante après l'effondrement de sections entières du bâtiment, se dessine devant eux. Avant que Marchesi ne leur claque entre les pattes – comme dirait Dmytryk – ou ne trompe la vigilance de Papanek pour se suicider par accident, heureusement. Comme nombre d'équipes avant eux, ils y pénétrèrent en traînant les pieds. Ils étaient parmi les derniers ; à l'intérieur, le bruit de fond s'amenuisait à mesure que les halls se vidaient, que les agents valides comme invalides et leur matériel partaient vers leurs avions pour quitter Goma, laissant derrière eux un gigantesque cimetière à ciel ouvert. Le volcan se chargerait des funérailles des habitants.

Il y avait cependant un autre genre de bruit de fond qui lui ne faiblissait pas : celui de l'aura des éveillés chinois, qui s'enflammait avec une régularité de métronome à chaque départ d'avion. Ces derniers attendaient au pied de la rampe menant à la soute où se trouvait Rosenberg. Ils tenaient à peine debout et firent mollement signe aux mercenaires d'embarquer.

« Allez-y, on vous suit et on ferme derrière, c'est le dernier. » les pressa l'un d'eux d'une voix trahissant un état de fatigue avancée. La rampe se releva une fois tout le monde monté à bord et un voyant s'alluma, indiquant que l'appareil était scellé hermétiquement. Les soldats rassemblèrent leurs forces et invoquèrent une grande sphère d'électricité qui envoya des filaments d'énergie danser dans tous les recoins de la soute ; un second orbe, solide celui-là et noir comme du charbon – et pour cause – se forma par accrétion de particules plus petites et enfla progressivement en son sein. Lorsque cet orbe atteignit un diamètre trois fois supérieur à celui d'un ballon de football quelques secondes plus tard, les militaires mirent fin à la technique, firent rouler la masse de carbone et la calèrent entre deux caisses.

« C'est bon, c'est de nouveau respirable. » expliquèrent-ils en enlevant précipitamment leurs casques pour se mettre à inspirer goulûment un air moins renfermé. Rogos aurait préféré qu'ils s'abstiennent : voir les mercenaires arriver en transportant une tête coupée était une chose, voir les motifs sanguinolents marquant le visage, le cou et sans doute le reste du corps des asiatiques tels d'horribles tatouages en relief en était une autre. C'était comme si quelqu'un avait voulu mettre en évidence l'emplacement des principaux nerfs en introduisant un fer chauffé au rouge sous la peau. Mais leurs patients ne pouvaient pas non plus demeurer engoncés dans leurs combinaisons durant tout le voyage.

« Oh bordel. Vous êtes sûrs que vous allez tenir le coup ? » demanda le français en préparant plusieurs flacons de désinfectant et autres ampoules d'anesthésique. Serrant les dents, la générale accepta les premiers mais refusa les seconds : « Il faudra bien. Attendez juste que nous soyons en l'air pour nous endormir, docteur. »

Il acquiesça et, puisque ses autres patients présents dans la soute étaient déjà sous anesthésie, passa aux mercenaires pour leur délivrer les premiers soins. Rosenberg et Feuerbach firent de même ; l'allemand voulut se diriger vers Keaton – « Excusez-moi fräulein, permettez que je vous décharge de votre fardeau ? » – mais l'américain fut plus rapide – « Merci beaucoup de vous être donné la peine de la ramener. Auriez-vous l'obligeance de me la rendre ? » – et posa ce qu'il restait de Beth sur une caisse comme une sorte de décoration macabre.

« Te voilà dans un triste état, Numéro 11. » remarqua Feuerbach avec sa totale absence de tact coutumière – il y avait des humains gravement blessés ici ! – et sans paraître se soucier du fait que son interlocutrice n'avait donné aucun signe de vie depuis son arrivée, à tel point qu'on aurait pu la prendre pour un fragment de statue. Le Dullahan, de son côté, était légèrement confus : il avait déjà entendu la désignation « Numéro 2 » en référence à Beth, mais pourquoi ce changement ? Patience, cela ferait sans doute partie des explications de Rosenberg. « Pourrais-tu reprendre une forme plus appropriée à notre conversation ? »

« Pas sans assistance. Est-ce bien nécessaire ? »

D'accord, quelque chose n'allait vraiment pas avec cette scène et pourtant il avait le plus grand mal à détourner le regard. La faute à la curiosité morbide, sans doute. Il se replongea avec ferveur dans l'examen des plaies du canadien pour se concentrer sur autre chose.

« Tout dépend de nos invités. Ça vous dérange ? » interrogea son supérieur en pointant la tête du doigt.

« Tous les autres sont partis, c'est notre tour. Accrochez-vous. » annonça Ho Sun à ce moment ; suivant ses instructions, ils se sanglèrent en prévision du décollage tandis que les chinois affalés contre les parois de la soute réactivaient leur cosmos pour la dernière fois. De nouveau alimentés en oxygène par les efforts des éveillés, les moteurs de l'avion se mirent à tourner et l'appareil se mit en position sur la piste, puis prit de l'élan pour s'envoler.

Imperturbable, le professeur poursuivit son discours, non sans toutefois jeter un regard plein de regret aux blessés inconscients sur leurs civières, au nombre desquels se trouvait Roth, et accorder une attention toute particulière à Dmytryk, Marchesi et Bilodeau-Tanguay : « Tout d'abord je vous félicite pour votre performance, même si je sais que ce n'est certainement pas ce que vous avez envie d'entendre. Je suis désolé que votre valeur ait été récompensée par de la peine, des mensonges et des secrets. Je ne vais pas vous ressortir tout le blabla habituel sur le sens du devoir et le moindre mal... »

« Encore heureux. »

« … vous l'avez déjà assez entendu. » continua l'américain sans réagir au commentaire de son collègue. « Je suppose que vous voulez des explications. C'est votre droit, mais ce que nous allons vous dire ne doit en aucun cas être divulgué à une partie non-accréditée. Compris ? »
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Dès la seconde où je suis installée dans l'un des sièges de l'avion, puis attachée par Papanek, c'est là que le véritable mal s'installe : j'ai l'impression de m'enfoncer dans le vide, sans repère, sans air pour respirer, pourtant mon cœur bat tellement fort que mes os semblent prêts à craquer, et pour la première fois je m'effondre complètement. L'effort de raviver mon cosmos pour me soigner un minimum est inconscient, échappe à ma volonté, mais est complètement inutile. Ce monstre, cette... cette chose m'a vidée de tout. Dans le feu de l'action, assommée par l'adrénaline, je pouvais prétendre autrement, mais maintenant, je peux voir les choses comme elles sont. Même à plein puissance, je ne sais pas si j'aurais pu remporter ce combat.
Le silence se fait enfin dans mon casque, alors que quelqu'un entreprend de me l'enlever.

-Oh non, non non non non non, pas de sieste pour toi, tu te réveilles ou je te montre comment on fait la bise chez tante Luiza!

Mais quand ma tête est enfin libéré de l'étau et que je tente de recommencer à respirer correctement, la main de Luiza ne s'abat pas contre ma joue comme je le craignais, mais contre ma nuque, pour me forcer à baisser la tête. Encore heureux qu'elle ait eu le réflexe de le faire, pour m'empêcher de m'étouffer dans mon propre sang.

-Merde. Euh... Ben, ta gamine pisse encore le sang, je fais quoi?

-J'arrive.

La voix du docteur est distante, son ton plat et étouffé par l'émotion, et j'arrive à ouvrir un œil pour voir ce qui lui arrive : il a rejoint l'une des civières et marmonne quelques mots au blessé inconscient qui s'y trouve. Roth... Il a presque l'air paisible, comme ça, mais à trop le regarder, je peux presque l'entendre hurler à nouveau, imaginer son visage déformé par la peur alors qu'il tente de se débattre, sans pouvoir bouger, non pas parce qu'il a mal mais parce qu'il ne ressent plus rien... Un coup de couteau me traverse la poitrine alors que je réprime un sanglot, et Luiza commence à s'impatienter.

-Ben...

-C'est pas ma gamine.

Enfin, l'Autrichien revient vers moi et se met au travail, commençant d'abord par nettoyer mon visage et ses multiples blessures rouvertes avant de les désinfecter, avec un regard interrogateur pour mon nez ensanglanté et les traces de morsure sur mes lèvres et ma langue. Pas grand chose à faire de ce côté-là, je suppose. Le chauve évite de me regarder alors qu'il entreprend d'installer une attelle plus solide pour mon bras et ma main, mais je sais à quoi il pense : et si Taras a raison? Si en sauvant Alastor, on ne restaure qu'une enveloppe physique, en laissant le vrai lui dépérir et disparaître? Dmytryk a un sale caractère, et qui sait ce qui lui passe par la tête des fois, mais il était fort et l'opération l'a complètement chaviré, peut-être même plus que ce qu'il laisse entendre. Qu'est-ce que ça va faire à quelqu'un comme Roth?

Dans un élan de compassion, j'attrape mollement le bras de Benjamin.

-Pas encore mort. Il va revenir de loin, mais... il va revenir. On doit l'aider.

Je soutiens son regard du mieux que je peux, en résistant à l'envie de regarder derrière moi pour vérifier si Taras nous écoute. Quelle hypocrisie! Personne ne s'est donné cette peine pour lui, et pourtant nous voilà prêt à en aider un autre qui doit traverser la même épreuve. Mais contrairement à Dmytryk, l'âme d'Alastor n'est pas encore complètement perdue... je crois. Je veux le croire. Et s'il y a bien un temps où il ne devra pas laisser un autre tracer sa destiné à sa place, c'est maintenant. Dans l'Au-Delà, il paiera déjà trop pour des crimes qui ne sont pas les siens.

Papanek ne dit rien, se contente de reprendre sa place près du colosse inconscient sans réagir. C'est Théo qui brise le silence d'une voix sèche, après que Rosenberg nous ait partagé ses félicitations et excuses qu'effectivement, nous aurions préféré ne pas entendre.

-Ça va faire de nous prendre pour des caves.

Mais il offre aussi de s’expliquer, c’est déjà bien plus intéressant. Pour la première fois depuis des mois, nous avons droit à un minimum de transparence de la part de nos supérieurs, être dans le noir aussi longtemps ne peut que peser lourd sur nos épaules. Voyant que personne n’ose prendre la parole malgré tout, peut-être de peur de dire quelque chose que même la tragédie ne saurait excuser, Emily décide d’ouvrir et se racle la gorge pour attirer l’attention.

-Commençons donc par… ça.

Elle pointe la tête de Beth qui nous observe. Pas nécessaire de lui demander de changer de forme, nous sommes tous déjà traumatisé de toute façon…

-Elle a la même aura que ce qu’on vient juste d’affronter. Le docteur Cantor dit qu’elle est comme eux. Expliquez ça. Qu’est-ce que c’est exactement, depuis quand c’est là et surtout, pourquoi?

-Pis ç’a pris combien de Goma pour la faire marcher, la vôtre?
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L'ampleur de la désolation qui avait frappé la région devenait de plus en plus claire à mesure que l'appareil gagnait en altitude. En regardant par le hublot, le cavalier sans tête vit que Goma n'était plus qu'un immense champ de débris adossé à un littoral encombré d'épaves. L'orage se calmait et au-delà de la cité dévastée la neige tombait à perte de vue, une vision d'une pureté et d'une délicatesse diamétralement opposées à la violence du phénomène qui lui avait donné naissance. Comme si la Nature reprenant ses droits sur le domaine des Hommes essayait de rendre un peu de dignité aux morts en leur faisant don de ce suaire immaculé. La rage de la montagne par contre ne s'était toujours pas apaisée : le Nyiragongo entrait pour de bon en éruption, les premières coulées de lave dévalaient ses pentes en incendiant tout sur leur passage.

La glace et le feu, le Ciel et la Terre, le calme et la fureur. Un sacrilège sans commune mesure : seuls les Dieux devraient pouvoir manier un tel pouvoir.

« Un sacrifice par les quatre éléments. » murmura Feuerbach qui observait lui aussi le dernier acte du cataclysme. Pensif à tel point qu'il en oubliait même de se montrer odieux.

L'agitation qui éclata lorsque Marchesi, qui avait mal supporté le décollage, faillit perdre connaissance – voire pire encore – les tira de leurs fascinations respectives. Rogos voulut aider mais Papanek était déjà sur le coup, lui qui contrairement au Spectre n'avait pas à cacher ses pouvoirs curatifs. Renvoyé une fois de plus à son inutilité, comme à son habitude, il fit taire sa frustration et se focalisa plutôt sur quelque chose de productif, à savoir les informations promises par Rosenberg. Le scientifique attendait patiemment que son auditoire soit prêt à l'écouter.

« Ça y est, nous sommes sortis du mazuku. Vous pouvez nous assommer, docteur. »

Oh. Oui. Ça lui était sorti de la tête. Pas si inutile en fin de compte. Le français fit rapidement le tour des soldats chinois, injectant à chacun un calmant qui les plongea dans une léthargie bienvenue. Le temps qu'il fasse son office, le biélorusse était parvenu à stabiliser la Mante et le québécois avait fait part au professeur de ce qu'il pensait de l'ignorance dans laquelle les Agences insistaient pour les maintenir.

« Nos employeurs nous prennent tous pour des caves, agent Bilodeau-Tanguay, même moi. C'est un peu le principe du secret-défense. » répondit-il en enlevant une partie de sa propre tenue, dévoilant au passage l'existence de son bras mécanique. Une marque de soutien silencieuse par-rapport à l'état de Roth ?

« Enfin, trêve de platitudes, venons-en au fait. Tout d'abord, l'agent Higgins a raison d'employer le « ça » plutôt que le « elle » : ceci n'est effectivement pas une personne. » ajouta-t-il en désignant de nouveau la tête sans corps. « Le docteur Cantor ne s'est pas trompé non plus, c'est le même genre de créature que celles que vous avez affrontées. Je ne peux pas dire exactement ce que c'est parce que cela prendrait des heures et que je n'ai pas moi-même toutes les connaissances nécessaires mais cela s'appelle un Théozoa. Pour résumer, c'est une entité non-organique de fabrication humaine, créée en combinant technologie, occultisme et facultés parapsychiques, avec IA intégrée. »

« Si cela peut vous aider, dites-vous que cette chose est à une entité spirituelle ce qu'un robot est à un être humain. Plus ou moins. »

Une foutue machine, ou quelque chose d'approchant. Si le Dullahan s'était déjà senti idiot avant, ce n'était rien comparé à ce qu'il ressentait maintenant. Il y avait eu des signes pourtant, à bien y repenser, mais il n'avait pas fait le lien parce que... parce que c'était de la science-fiction et qu'il n'avait pas cru FIRMAMENT capable d'en arriver là, tout simplement. Nul doute que l'Agence comptait précisément sur ce type de comportement. Il lui faudrait revoir ses attentes à la hausse, d'urgence ; la puissance et les pouvoirs du dispositif dépassaient de loin ce dont il avait été témoin jusqu'à aujourd'hui.

« Quant à savoir depuis combien de temps cela dure... ah, le protocole particulier m'échappe. Numéro 11 ? »

« Première Manifestation du programme Tetragrammaton le 12 février 2010. »

C'était sans doute tout ce qu'ils étaient autorisés à dire ; le Dullahan se rappelait qu'on lui avait brièvement mentionné l'existence d'un projet antérieur, mais ses collègues n'étaient pas allés beaucoup plus loin dans leurs explications – pas de dates précises, notamment. Et la créature ne révélait pas non plus s'il y avait d'autres programmes de recherche en-dehors de celui dont l’Étoile Terrestre avait connaissance, ni combien de temps s'était écoulé entre les débuts du programme lui-même et le jalon auquel elle faisait référence.

« Pour ce qui est de la raison d'être de notre petite anomalie ici présente, nos amis américains l'utilisent comme instrument de recherche scientifique, entre autres applications diverses et variées. Ils aimeraient s'en servir pour amorcer la prochaine révolution technologique et accessoirement comme arme anti-éveillés. »

Le sourire que Feuerbach adressa à son homologue était particulièrement condescendant mais Rogos ne comprenait pas pourquoi. Rosenberg ignora superbement la pique – s'il y en avait bien une – et déplaça la tête coupée pour la mettre hors de portée du teuton qui essayait subrepticement de s'en emparer.

« Croyez-le ou non mais nous l'avons conçue dans le but de sauver nos agents. »

« Il y a un coût humain pourtant. Est-ce que vous m'avez dit la vérité de ce côté ou est-ce que le chiffre que vous m'avez donné ne représente que le sommet de l'iceberg ? »

« Un peu des deux ; le chiffre est vrai mais vous devez tenir compte des remplacements. C'est l'une des principales différences avec l'ennemi, nous n'avons pas la même approche. Nous sommes très en-deçà du carnage que nous venons de quitter ; ne nous comparez pas à ça je vous prie. » répliqua l'américain avec un rictus de dégoût.

« La qualité plutôt que la quantité ? » ironisa le Spectre. « 143 légumes contre un million de morts, ce n'est certes pas la même échelle qu'à Goma mais ça reste beaucoup. »

Surtout que ce chiffre ne correspondait qu'à la génération actuelle de composants biologiques du produit fini ; comme l'avouait Rosenberg, il y en avait eu d'autres avant. Sans compter tous ceux qui avaient servi à démontrer la faisabilité du projet, puis à faire marcher les prototypes de leur machine infernale ou même ceux dont les vies avaient été gâchées pour des programmes avortés et des expériences sans issue. Et que dire des événements dont il avait été témoin dans les entrailles du complexe abritant la cinquième cellule !

« La provenance également. » amenda Feuerbach. « Prisonniers condamnés à mort et volontaires uniquement. »

« Volontaires ?! Il y a des gens qui demandent à finir comme ça ?! »

« Un certain nombre d'agents ayant subi des dommages irréparables, oui. »

Seigneur Thanatos, un tel fanatisme... était-ce de ça que les Spectres avaient l'air, vus de l'extérieur ? Il pouvait comprendre pourquoi ceux qui ne saisissaient pas les raisons de leur dévotion les combattaient avec tant de véhémence alors.

« Irréparables comment ? »

« L'agent Roth n'est pas éligible, si c'est ce que vous voulez savoir. »


« Et il n'a pas signé les papiers surtout. Je ne suis même pas sûr que le département légal les accepterait, de toute façon. »

D'accord, il se devait de poser la question. Il lui restait une dernière mise au point à faire avant de laisser la parole aux autres : « Je croyais que tu étais le numéro 2 ? »

« Le dispositif est divisé en onze cellules. Les dix premières interagissent avec le monde physique via un corps artificiel spécialement généré pour l'occasion ; Beth est l'interface correspondant à la deuxième. En cas de combat sérieux, les cellules partagent librement leur énergie et leurs interfaces fusionnent pour n'en former qu'une : la onzième, Kaph. L'apparence de Beth est conservée pour des raisons pratiques. »

Aleph, Beth, Kaph... alpha, bêta, kappa, ou du moins leurs équivalents hébreux. Une désignation alphanumérique toute simple. Finalement il lui était toujours possible de se sentir encore plus idiot.

« Les interfaces – appelées Manifestations – ne sont que des coquilles vides, de simples relais. C'est pour cela qu'elle vous a dit de la laisser derrière. » compléta le professeur. « D'autres questions ? »
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Les doutes étaient donc bien fondés : Beth, notre collègue temporaire si gracieusement prêtée par les Agences, n'est en fait qu'une vulgaire machine, alimentée par le cosmos d'autrui, exactement comme cette horreur que nous n'avons pas réussi à détruire. Rogos semble encore plus surpris —et choqué— que nous face à cette version vulgarisée de la vérité, du peu que j'ai vu de lui il a eu le temps d'interagir un peu plus avec ces manifestations, mais notre réaction est bien moins éclatante, une simple colère silencieuse écrasée par la fatigue et la lassitude. À quoi bon? Ils n'arrêteront pas leurs procédés sans moral pour une poignée de personne tellement brûlées par l'effort qu'elles ne savent même plus quoi penser de tout ça. Et ils n'ont qu'à continuer : nous épuiser encore et encore jusqu'à ce qu'ils n'aient plus besoin de s'expliquer.
Et pourtant, c'est ceux à la conscience la moins déchirée par ces histoires qui continuent l'assaut. Luiza et Taras, elle s'amusant à rabaisser à son tour les idéaux que nos supérieurs prétendent avoir, lui cherchant encore à s'insurger de ce qui lui a été fait, ne sont qu'à moitié impressionnés alors que les autres n'écoutent qu'à moitié en observer avec inquiétude les agents chinois s'endormir. Même en prenant les calmants en considération, je ne sais pas comment ils font pour accepter de se déconnecter des événements aussi vite. Quoique eux, peut-être qu'ils savaient déjà ce qui nous courait sous la peau tout ce temps.
Mais ils n'ont pas senti son équivalent les précipiter à deux pas de la mort.

-Vous pouvez oublier mon commentaire sur son pote X-Men. On sait tous qui sont les vrais "mutants" ici.

Toujours ce même malaise quand on parle d'arme anti-éveillée, certaines choses ne changent pas. Certains d'entre nous ayant été ce que les Agences clament vouloir combattre, et les autres se demandent bien comment les Agences décideront comment utiliser les dites armes —Cité-Soleil n'a été "sauvée" que parce qu'ils avaient de gros poissons à récupérer. Mais personne ne s'attarde trop là-dessus, il y en a tant à encaisser...
La répartie de Cantor, qui en sait encore plus que nous, suffit à arracher quelques autres aveux, provoquant cette fois un regain de vitalité en entendant que Roth ne pourrait pas être un candidat pour l'alimentation des manifestations. Ce qui ne répond pas à la question, ou trop peu...

Jess se frotte les yeux, puis toise la tête de Beth en fronçant les sourcils.

-Si elle n'est qu'une projection, comment est-ce qu'elle peut être aussi... là? L'autre bestiau pouvait à peine supporter sa propre existence, et créer de la matière c'est un truc que même les vrais éveillés savent pas tous faire. Alors comment?

-Et en quoi quelques estropiés et criminels sont de meilleure qualité que de simples civils?

Luiza joue distraitement avec sa ceinture, retenant un sourire amusé.

-Qu'ils soient éveillés, d'accord, mais même une centaine de niveau 2 n'équivalent sûrement pas à un million de niveau 0 ou même 1, vu les conditions du taudis.

-C'est... un peu plus compliqué que ça, Luiza.

-Pas si compliqué si le premier groupe venu est capable de faire la même chose encore plus fort.

-Mais c'est quoi ces questions! C'était qui ces gars-là, et comment ça se fait qu'ils ont accès à la même technologie que vous!

-Si ce n'est pas vous qui avez accès à la même technologie qu'eux...
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« J'ai toujours trouvé que les X-Men étaient une très mauvaise analogie pour parler de la discrimination des races opprimées. » songea l'allemand. Une réplique incongrue à première vue mais le Dullahan comprenait où l'autre scientifique voulait en venir : on ne pouvait décemment pas mettre le traitement d'une personne noire dans l'Amérique de la ségrégation sur un pied d'égalité avec celui d'une arme de destruction massive ambulante. Par extension, c'était la même chose pour un éveillé. Après tout, dans la plupart des nations civilisées ainsi qu'une partie des États-Unis, il était tout à fait normal de se méfier d'un individu armé. Or, un éveillé disposait de pouvoirs autrement plus dévastateurs que n'importe quelle arme – blanche ou à feu – mais ne pouvait pas être repéré ou neutralisé par les mêmes mesures de sécurité qu'un terroriste ordinaire. On pouvait regretter que l'humanité en arrive à de telles extrémités pour se protéger mais c'était tout à fait justifié ; le comportement inverse n'aurait été que pure folie.

« Je suis sûr que vous en savez quelque chose. » rétorqua Rosenberg en foudroyant son collègue du regard. Malgré son ton venimeux, il ne contesta pas pour autant l'affirmation de Feuerbach et s'attela plutôt à satisfaire la curiosité de Keaton : « Je ne vais pas vous embêter avec les détails mais ce n'est pas de la « vraie » matière et elle n'est pas « créée » non plus. Son existence n'est que temporaire, vous avez dû la voir retourner au néant lorsqu'elle subissait des dommages et que certaines parties étaient séparées du corps principal. »

Alors c'était ça, cette espèce de fumée noire... Pourtant la créature qui l'avait accompagné et protégé au cours de la première partie de l'affrontement était composée de métal qui ne disparaissait pas même quand on l'estropiait.

« Ce n'était pas le cas d'Aleph par contre. » intervint-il, cherchant à confirmer son hypothèse. « Une cellule peut se créer une Manifestation à partir de matière préexistante au lieu de la générer ex nihilo, n'est-ce pas ? »

« Exact. »

Les implications étaient... intéressantes, mais pas autant que la réponse à la question posée par De Assis. Même s'il avait déjà sa petite idée, si le premier malade mental venu pouvait créer sa propre abomination de compagnie avec cette méthode, il préférait être prévenu.

« Premièrement, FIRMAMENT choisit mieux la matière première. Deuxièmement, Tetragrammaton l'utilise de manière plus efficiente. Troisièmement, les éveillés ne sont pas la seule ressource entrant en jeu dans le processus de création. Quatrièmement, nous améliorons en permanence notre dispositif depuis sa conception. »

« La méthode employée à Goma manquait de raffinement, comme s'ils avaient voulu pratiquer une opération neurochirurgicale complexe à la tronçonneuse plutôt qu'au scalpel. Un véritable gâchis, et le résultat était un colosse aux pieds d'argile : puissant certes, bien au-delà du niveau de notre pauvre petite création, mais fragile et instable. »

« C'est justement parce que les types en face ont utilisé des civils. » théorisa – et traduisit – le français ; Rosenberg l'invita à continuer d'un geste de la main. « FIRMAMENT se sert d'éveillés avec une certaine expérience, rigoureusement conditionnés. L'ennemi par contre a éveillé ces gens de force tout en écrasant leur psyché dans le même temps, ne leur laissant pas l'occasion d'apprendre à contrôler leur force – à puissance égale, leur architecture neuronale n'aurait rien à voir avec la vôtre – puis les a sacrifiés alors que chez nous, les sujets sont maintenus en vie... »

« Servant à la fois de source d'énergie, de processeurs et de points d'ancrage. » compléta l'interface. « Ces deux dernières fonctions permettent d'économiser de l'énergie et de la rediriger vers des tâches plus utiles. »

« Encore une histoire de quantité et de qualité, quoi. » résuma Rogos, content d'avoir deviné juste maintenant qu'on lui enlevait enfin ses œillères. C'était logique quand on y pensait, après tout les éveillés ne poussaient pas sur les arbres... nonobstant l'existence de procédures comme celle à laquelle il avait assisté en compagnie des deux scientifiques. Il retint un frisson.

« Précisément. Ils ont choisi la solution de facilité, sans doute parce qu'ils n'avaient pas le temps, les moyens ou les connaissances pour établir l'infrastructure de soutien nécessaire. En conséquence, je doute que leur création soit capable de rester matérialisée ne serait-ce qu'une heure ; par comparaison, nos Manifestations demeurent actives pendant des semaines d'affilée. »

La situation n'était donc pas si désespérée... pas encore du moins. Cela ne saurait tarder, cependant : après tout, comme l'américain l'avait dit plus tôt, l'ennemi avait fait l'acquisition de précieuses données qui lui permettraient d'améliorer sa création. L'alliance avait peut-être plus de moyens à sa disposition mais leurs adversaires avaient l'avantage en matière de méthodes impitoyables.

Dmytryk n'avait cure de tout cela : faisant preuve d'un raisonnement digne de tout bon militaire – « on se fiche de comment ça fonctionne, dites-moi plutôt comment ça m'affecte moi et surtout qui sont mes ennemis » –, il exigea des réponses à des questions autrement plus pragmatiques. Des questions tout à fait valables assorties de soupçons qui l'étaient tout autant, soulevés par l'espagnole.

« Vos deux interrogations ont la même réponse : nous ne sommes pas sûrs, surtout qu'elles sortent un peu de notre domaine d'expertise. Je ne sais pas ce que je suis autorisé à révéler, il faudrait demander aux analystes du Département Stratégique, ou peut-être à ceux du Renseignement... »

Le professeur se retourna vers Beth – ou plutôt Kaph puisque c'était le nom de cette forme, le Spectre ferait bien de s'habituer à employer la bonne terminologie – pour lui demander de prendre contact avec les personnes en question. L'information demandée arriva quelques secondes plus tard : « Yakub Luria, Qiang Yua. Dernière affiliation connue : Ordre de Lémuria. »

Rosenberg pesta et enfouit son visage dans ses mains, accablé par une profonde lassitude. Le cavalier sans tête ne parvint à entendre qu'un soupir à propos d'un phénix et de groupes d'intérêts qui auraient mieux faits de rester démantelés au lieu de revenir harceler les Agences tandis que le teuton se dévouait pour contextualiser la nouvelle.

« Je n'ai pas le temps de vous faire une thèse d'histoire socioculturelle sur le sujet – vraiment dommage parce que c'est très intéressant –, alors retenez seulement qu'il s'agit – ou s'agissait, rien ne dit qu'ils soient de retour en force – d'une sorte de rassemblement de savants fous avec une obsession malsaine pour tout ce qui touche à la divinité. Membres puissants, bien financés et équipés, vicieux et ne reculant devant rien. Pas exactement le premier groupe venu donc. »

Nouveau soupir de l'américain, concernant des gens qui devraient se regarder dans un miroir cette fois. Le Dullahan, lui, se demanda si l'allemand n'avait pas une définition un peu particulière de ce qui constituait un retour en force parce qu'en son humble opinion deux millions de morts suffisaient largement à remplir les conditions. À moins que ce ne soit en relation avec la façon dont Kaph avait formulé l'information : il se pourrait que Luria et Qiang se soient désolidarisés du groupe avant sa destruction et aient monté leur propre opération de leur côté... ce qui n'était guère rassurant. Quoi qu'il en soit Thanatos devait absolument être mis au courant de tout ceci dès qu'il aurait trouvé un moyen de communiquer avec son Seigneur et Maître sans se faire prendre.

« Pour ce qui est des similitudes entre nos technologies... » poursuivit le professeur une fois qu'il se fut ressaisi, « ça tient tout d'abord de l'évolution convergente, parce qu'il n'y a pas une infinité de manière de lutter contre les éveillés, le nombre de groupes utilisant des épées trafiquées ou menant des recherches sur la technologie EHSH en est la preuve. Ils sont confrontés aux mêmes problèmes que nous et arrivent à peu près aux mêmes solutions. Quant à un éventuel lien de filiation entre nos technologies, que ce soit dans un sens ou dans l'autre... ni l'un ni l'autre. »

« Une origine commune alors ? » murmura le français, qui commençait à comprendre comment marchait ce petit jeu des non-dits. Aucun des deux scientifiques ne réagit cette fois-ci, mais c'était un silence qui en disait long.
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Taras a l’air de vouloir lancer quelque chose —un couteau, de préférence— à la tête du scientifique allemand, et je doute que qui que ce soit l’en aurait empêché, mais n’en fait rien, se contente de rouler les yeux en se désintéressant de la conversation et en marmonnant quelque chose sur l’idée de « jouer à l’idiot » qu’apparemment Feuerbach réussit très bien. Pourquoi est-ce qu’il faut qu’à chaque fois qu’on tombe sur lui, je suis trop blessée pour bouger? Il n’a qu’à remercier sa bonne étoile, car s’il continue à tester la patience de mes coéquipiers, et donc la mienne, il va en avoir besoin.

Alors il y a plus de progrès de notre côté que du leur, une stabilité et une meilleure gestion des ressources, mais au final la méthode « à l’arrache » a su gagner le duel. Ce qui fait le plus peur, c’est que nous savons tous à peu près pourquoi, et c’est très possible que FIRMAMENT tente d’améliorer leurs propres Manifestations en conséquent. Plus de puissance, en gros, et ils n’ont pas forcément besoin d’attendre que leurs éveillés atteignent le niveau requis eux-mêmes. Luiza semble penser la même chose, et elle fixe Rosenberg en se pinçant les lèvres.

-Vos sujets. Ils deviennent des légumes eux aussi? Avant de mourir, ceux-là n’étaient pas bien forts…

Bon point. Se battre dans la ville fantôme alors que tous ces cadavres erraient encore dans ses rues n’était pas une expérience des plus plaisantes, surtout pour ceux d’entre nous qui ont passé tellement plus de temps avec des civils. Comprendre qu’ils ne survivraient pas était une chose, mais poursuivre le carnage sans se soucier de leur présence…

Mais ce qui vient après semble être ce qui assomme finalement Taras et Luiza. Rosenberg ne peut pas nous dire grand-chose sur nos ennemis parce qu’il n’en sait au final pas plus que nous, juste des hypothèses que personne ne peut prouver. Il y a des chances que Yua et Yakub aient vraiment coupé tous liens avec leur ancienne organisation, mais impossible qu’ils aient agi seuls, il y a quelque chose de plus gros derrière tout ça. Mais à quel point peuvent-ils accumuler cette puissance sans attirer l’attention des véritables dieux de ce monde? Enfin, officiellement…

-Quel point d’origine?

Mais vu le silence des scientifiques, je doute qu’on aura une réponse. Je tente de dire quelque chose, leur intimer de nous donner des vraies réponses, mais une douleur aigue au creux de ma poitrine me coupe la parole tout de suite et je me tortille en gémissant de douleur. Je sens la main de Papanek contre mon épaule, mais rien de plus, alors que je dois recommencer à lutter pour rester consciente. Il faut bien trop de volonté pour le faire, sachant que la seule chose permettant encore à mon cœur de battre est le résidu de drogue que j’ai encore dans le sang. Et Ben le sait aussi.

-Je n’ai pas le temps pour vos demi-explications. Contentez-vous de nous garder en vie jusqu’à ce qu’on soit rentrés à la maison…
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« Oui, mes composants biologiques sont plongés dans le coma et perdent toute individualité, identité et personnalité. »

« C'est bien pour cela que nous ne faisons subir cette procédure qu'aux pires criminels, à des ennemis qui seraient exécutés de toute façon ou à des invalides ayant préalablement donné leur consentement pour lesquels l'euthanasie pure et simple serait la seule alternative. »

Kaph aurait pu se contenter de dire que les sujets en question perdaient jusqu'à leur dernière trace d'humanité, cela aurait été une meilleure description. Il n'y avait qu'à ressentir l'aura de ces créatures pour se rendre compte qu'elles n'avaient rien d'humain, ou même rien d'un être vivant. Même le plus froid des sociopathes ne dégageait pas une pareille absence de quoi que ce soit ressemblant de près ou de loin à une émotion ou à une volonté. C'était sans doute la seule manière pour une telle entité de fonctionner, autrement il serait impossible de faire coopérer ses personnalités constitutives avec toutes leurs contradictions. Sans parler de l'influence absolument inacceptable que les hors-la-loi et prisonniers de guerre sacrifiés par FIRMAMENT risqueraient d'exercer sur son plus grand atout s'ils n'étaient pas lobotomisés. Résultat : des éléments problématiques recyclés en un outil parfaitement docile et dépourvu de libre-arbitre.

L'autre avantage de cette approche, au-delà de l'aspect sécuritaire, c'était que plus rien ne pouvait venir distraire ces éveillés inconscients. Une fois réduits à l'état de processeurs organiques ils étaient entièrement focalisés sur leur tâche, sans la moindre pensée parasite. D'un certain point de vue – un point de vue tordu et froidement utilitaire –, l'opération leur permettait d'atteindre un niveau de concentration dont ils n'auraient jamais été capables auparavant. Malin. Ignoble mais malin.

Après avoir obtenu cette confirmation, De Assis tenta de poursuivre sur la lancée du Dullahan mais se heurta au même mur de silence que lui. Il n'insista pas, même s'il restait sur sa faim : il se rendait bien compte qu'il n'était ni assez qualifié, ni assez haut placé pour être mis au courant de tout. Même Rosenberg ne savait pas tout ce qu'il y avait à savoir, les mercenaires n'avaient pas à savoir comment fonctionnait le système en long, en large et en travers alors ils devraient tous s'estimer heureux que leurs employeurs aient décidé d'éclairer au moins partiellement leur lanterne pour prévenir toute méprise.

« Ça fait beaucoup de choses à digérer. Merci de ces éclaircissements. » fit le Spectre à la suite de la réaction de Papanek, dont l'âpreté était justifiée par l'état préoccupant d'Oblivion. Il traversa la soute pour aller offrir son assistance ; de son côté, la tête sans corps annonça qu'ils atterriraient d'ici un quart d'heure dans une base avec des installations médicales prêtes à les recevoir. L'allemand et l'américain se mirent à leur tour en mouvement pour préparer leurs patients au débarquement ; une fois tout le monde mis hors de danger, il serait enfin temps de tourner la page sur ce chapitre désastreux de leur mission.

HRP : fin du rp.
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