Alors que nous attendions patiemment l’arrivée des autres chevaliers d’or, je remarquais que celle des Poissons restait silencieuse malgré son regard sur ma personne. Après avoir observé Gareth, elle décida de se rapprocher de nous pour prendre place à la table. Portant mon attention sur Ephraem, je remarquais qu’il n’avait pas du tout changé. La patience n’avait jamais été son fort et je souriais légèrement sous mon masque. Néanmoins, j’avais remarqué la rougeur sur ses joues lorsque Gareth avait décidé de parler de moi et c’était mignon à voir. Me concernant, je n’avais rien à dire et je préférais garder le silence car mes blessures étaient toujours aussi douloureuses. D’ailleurs, j’espérais que la réunion n’allait pas tarder à commencer car je devais subir rapidement des soins.
La preuve était que ma vue commença à se troubler légèrement et je posais l’une de mes mains au niveau de mon front.
« Pas maintenant… » Marmonnais-je entre mes dents
Il fallait avouer que j’avais énormément perdu de sang et je ne savais pas combien de temps allais-je pouvoir tenir encore. Evitant de montrer des signes de fatigue à mes compagnons d’armes, je portais à nouveau mon attention sur Ephraem qui assomma Gareth de diverses questions. Il souhaita sans doute faire passer le temps en engageant la conversation et j’écoutais attentivement les réponses du chevalier d’or des Gémeaux. Il répondit qu’à une seule question en fait et c’était très intéressant. Finalement, une nouvelle personne fît son apparition et je me tournais légèrement vers ce dernier, en grimaçant, pour observer en détail le jeune inconnu. Sa tête ne me disait rien et je me demandais pourquoi il ne portait son armure sur lui. Etait-il un chevalier d’or où un jeune débutant qui n’avait pas compris que sa place n’était pas ici ? Je décidais de me lever pour lui faire face tandis que ma main gauche s’agrippa au dossier du siège où j’étais assise et je le saluais de façon polie.
« Sois le bienvenu parmi nous. »
Je gardais l’option qu’il s’agissait d’un chevalier d’or qui avait oublié d’enfiler l’armure et au moment où j’étais sur le point de m’asseoir, ma vue me joua à nouveau des tours. Je chancelais légèrement pour me rattraper sur la table et j’éprouvais des difficultés à respirer. Il me fallait quelques longues secondes pour reprendre le dessus sur le malaise et je me redressais légèrement.
« Excusez-moi, j’ai légèrement glissé. »
Une petite excuse pour éviter de montrer mes faiblesses n’étaient peut-être pas la bienvenue surtout devant mes compagnons d’armes.
- Je puis vous assurer que c'en est une. répondit-il à la place de Ja'far.
J'en suis la preuve, se retint-il d'ajouter. Ils n'étaient pas prêts pour cela, et il ne voulait par ailleurs pas avoir à entrer dans les détails. L'heure n'y était point. Si on les avait réunis en ce lieu, ce ne pouvait être que pour une affaire de la plus haute importance, et le Verseau était bien placé pour savoir que le plus grand sérieux y était de rigueur. La tenue de soirée de même – aussi avait-il pris soin de garder son armure sur le dos au moment de s'y présenter. D'autres auraient-il la même réaction à sa vue que la jeune femme Chevalier de la Lyre ?
Lui-même dut faire face à une surprise du même acabit. L'assemblée n'était certes pas encore au complet, mais l'élue du Scorpion était du nombre. Or le moins que l'on puisse dire était qu'il – elle – n'avait que peu en commun avec celui que le gardien de la onzième maison avait personnellement soigné quelques heures auparavant. Pour être familier du phénomène – à son grand regret -, il sut ne rien laisser paraître de son effarement. La question de savoir s'il avait échoué à le sauver ne put cependant que germer dans son esprit.
- Arsiesys. Chevalier du Verseau. Il retira et rangea ses lunettes. Mais je ne vous apprends rien.
Effectivement, Aquarius osait croire que toute personne ici était capable d'associer une Armure d'Or au signe qu'elle incarnait. Ses pas résonnèrent dans la grande salle qui même en si bonne compagnie demeurait trop vaste pour se dispenser d'écho. Calés sous son bras s'amoncelaient quantité de livres et parchemins en tout genre, directement extraits de la massive bibliothèque qu'il avait découvert dans la Maison du Verseau. À n'en pas douter, ceux qui l'y avaient précédé partageaient son goût pour la lecture et l'érudition. Il n'irait pas s'en plaindre.
Certains ouvrages qu'il y avait retrouvé étaient même partie intégrante de la collection privée du Grand Pope, celle qui n'est censée reposer nulle part ailleurs que sur Star Hill. Preuve d'une confiance sans bornes s'il en est compte tenu des secrets et des périls cachés entre certaines de ces pages. Arsiesys en savait quelque chose pour avoir rédigé de sa main une partie d'entre elles. Les connaissant fort bien et n'éprouvant nullement le besoin de les relire, à tout le moins dans l'immédiat, il jugeait préférable de les remettre à leur place.
S'il devait y avoir à nouveau accès, il souhaitait que ce soit en son nom propre, non grâce à ce qu'avaient pu accomplir les différents Verseau à travers les âges. S'il avait été lui aussi surpris de voir une déflagration de cette ampleur cerner la Chambre du Pope, lui rappelant au passage de bons comme de mauvais souvenirs – avec, hélas, une victoire écrasante de ces derniers -, il ne s'en affola pas outre-mesure : c'était de toute façon sa destination. N'y trouver personne portant la toge qui fut autrefois la sienne pour présider le conseil lui apprit toutefois bien assez tôt qu'il n'aurait personne à qui remettre ces documents en mains propres. Il obliqua vers l'élu des Gémeaux, ses lèvres s'ourlant d'un sourire éphémère :
- C'est à toi que nous devons cette intempérie, j'imagine. Belle performance.
N'en déplaise à certains, Arsiesys avait gardé cette habitude d'employer le tutoiement dès que faire se peut. Or, quel contexte s'y prêtait davantage qu'entouré de ses propres frères d'arme ? L'instigateur de l'orage cosmique – et même galactique – qui avait environné le sommet du Sanctuaire pour quelques instants était sans conteste l'individu le plus âgé présent dans cette pièce, après lui s'entend. Un vétéran, pouvait-on supposer : il était rare, quoique pas impossible, que les Saints soient choisis aussi tardivement. Voir que la jeune génération n'était pas totalement composée de jeunes gens censés avoir encore toute la vie devant eux le rassura quelque peu.
De ses yeux d'un bleu mystique, il passa en revue les différents protagonistes, gravant dans sa mémoire leurs visages que des noms rejoindraient bien assez tôt. Le Dernier Centurion veillait toujours à apprendre avec qui il se battait, à connaître ses frères d'armes du mieux que ces derniers le lui permettaient. Selon ses bandages, la demoiselle qui avait hérité des couleurs de Sargas n'avait pas l'air d'aller bien - certainement pas autant qu'elle aurait voulu le faire croire en tout cas. Le destinataire de ses dernières paroles n'était, devinait-il, pas non plus au mieux de sa forme mais s'en cachait bien mieux.
- Bien. Inutile de demander pourquoi nous sommes ici. Dès lors, permettez-moi d'y mettre les formes.
Pour avoir initié plus d'un congrès du même acabit en qualité de maître de cérémonie, Arsiesys savait exactement comment s'y prendre. Il ne marqua aucune hésitation lorsqu'il leva le bras vers le plafond lointain du treizième palais et que les arabesques dorées de son cosmos se muèrent en colonne de lumière. L'énergie se faufila dans les moindres interstices que la pierre avait à offrir, la structure entière s'animant d'une discrète vibration, évoquant un coeur qui bat au rythme du temps, tandis que s'allumaient à son pinacle les flammes de l'horloge. Le Krusos Sunagein était par ce geste officiellement déclaré. Le bras retombé le long du corps, il avisa le Gold Saint du Cancer, mi-strict mi-espiègle.
- Tu devrais mettre ton armure à présent, ou on va devoir te jeter dehors.
_________________
N'est pas mort ce qui à jamais dort, et au cours des siècles peut mourir même la Mort.
Gareth se montra coopératif pour expliquer la situation à son ancien disciple. Mais il ne dit pas plus que la référence avec les Hindous et la perte du Pope. Toutes les autres questions restaient en suspend, ce qui était assez embêtant, puisque le Taureau voulait ces réponses. Ephraem s'apprêtait à être plus pressant pour avoir des réponses, quand un individu entra dans la pièce. Son intervention détourna la colère du Taureau, qui regardait le nouveau venu avec un regard noir. Comment un simple type pouvait entrer ici, sans permission. Il avait eu de la chance que le Taureau soit ici, car s'il l'avait croisé pendant la traverser de son temple, il l'aurait cloué sur place. Mais avant de pouvoir réagir, l'homme du désert montra la box cachée dans son dos. Même si la politesse n'était pas vraiment le fort du Taureau, il l'avait au moins pour enfiler son armure et venir dans la salle du Pope. Car il était mal venu de ne pas revêtir cette armure, signe du rang que l'on portait au Sanctuaire, pour se présenter devant le représentant d'Athéna. Si le Gémeau n'était pas intervenu, Ephraem aurait attaqué le nomade qui s'entend la mort. Pendant une fraction de seconde, la salle avait pu sentir le cosmos du Taureau, voulant écraser un ennemi potentiel.
Mais il y avait dans la pièce une aura qu'il reconnaissait, sans savoir de quoi il s'agissait. Son attention se posa alors sur la Sainte du Scorpion, qui venait de se lever pour prendre parole. Elle souhaita la bienvenue au nouveau et au moment où elle défailli, sans savoir vraiment pourquoi, Ephraem se déplaça vers elle. Plaçant une main au niveau de la taille de la jeune femme et l'autre main, prenant une de celle de la Scorpion, le Taureau la soutenait, pour ne pas qu'elle tombe. L'aura qu'il ressentait provenait d'elle, mais il ne savait toujours pas pourquoi elle lui était familière. Il s'apprêtait à lui demander, quand un chevalier entra, en prenant l'appui du nomade.
Le nouveau chevalier portait l'armure du Verseau, comme il le dit lui même, en se présentant. Même si le bovin était parfois malpoli, il avait tout de même une certaine éducation. Il se présenta alors, tout en soutenant sa camarade.
- Je suis Ephraem, chevalier du Taureau...
Ephraem fut alors surpris, il n'avait jamais vu le Verseau, mais pourtant, celui ci connaissait mieux les coutumes que lui. Il illumina la salle d'une lumière dorée et les douze flammes de l'horloge zodiacales s'allumèrent. Le spectacle était magnifique, à tel point que le Taureau aurait voulu avoir Nephtys près de lui, pour qu'elle puisse le voir. Lui même, qui avait perdu la haine qu'il vouait à tous quand il était enfant, avait les yeux grands ouverts, subjugué par le spectacle.
- Magnifica
Le Taureau fut tiré de la beauté du spectacle, quand Arsiesys demanda au nomade de mettre son armure.
- Le givré a raison, enfile vite ton armure, ensuite Gareth va pouvoir ouvrir le coffret... On pourra tous crier '' houra '' au nouveau Pope, je pourrai récupérer mon casque et on pourra enfin remettre Rodorio sur pied...
Pour fois, Ephraem parlait avec sagesse, chose bien rare. Mais rapidement, sa sagesse changea.
- Bah quoi... Je vais pas laisser une ville détruite, alors que ce n'est même pas moi qui est causé les ravages... En plus, ils ont une super taverne à Rodorio, j'aimerai bien pouvoir y boire un coût gratuit, après les réparations...
Le Taureau venait de dire ça avec un grand sourire, à la fois amusé et sincère. Bien sur, il ne dirait pas à tous ce qu'il voulait vraiment. Après tout, il était comme son signe, adorant le combat au plus point, et depuis qu'il avait trouvé sa belle, il avait aussi l'âme d'un protecteur. Et Rodorio était sous la protection du Sanctuaire, s'il avait subit une attaque, c'était surement en parti à cause du Sanctuaire, il était donc logique que les Saints aident à la reconstruction du village. De plus, Ephraem s'était ouvert à la population du village en deux ans, étant obligé de passer par les rues de Rodorio, pour partir en mission.
Ja’far reprenait son souffle alors que le Saint des Gémeaux, sans même avancer parlait et parlait. Sa voix était sage. D’une façon bien étrange, elle lui rappelait celle de son nouvel ami. Etant l’élément central de ce décor, il ne faisait pas de doute qu’il se trouvait être le maître de cérémonie. De plus, il reconnaissait en lui cette même aura d’or qui avait provoqué le grondement céleste l’ayant mené jusqu’ici. Des cosmos si pur… bien loin du sien, tâche d’ombre parmi les représentants du soleil. Pourtant, un petit quelque chose dérangeait l’Emissaire des Morts au point qu’il en oublie l’assemblé les entourant. Qu’est-ce qui pouvait pousser un Chevalier à se cacher de la sorte. Si la loi qui poussait les femmes à porter un masque était ridicule, on pouvait se demander pourquoi un homme devait il faire de même. Même pour un homme discret comme Ja’far, ce n’était pas quelque chose qui lui plaisait. D’autant plus à présent qu’il connaissait la raison de cette réunion. L’élection d’un nouveau Grand Pope. Ainsi donc, il devait s’agir de la raison pour laquelle il avait été si facile pour lui de s’introduire dans le Sanctuaire afin d’y dérober l’armure du Verseau quelques semaines auparavant.
La disparition d’un alpha marquait la fin d’une meute, c’était la première chose que Ja’far avait appris lorsqu’il devint le chef de son clan. Chaque bêta à son commandement était alors susceptible de fuir et pire, de mourir seul, en oméga. Au sein d’une organisation militaire telle que l’armée d’Athéna, cela s’avérait d’autant plus vrai. Depuis plus de siècle qu’on ne peut compter, les Ferenites, gardiens de la Flèche avait été secrètement au service du Sanctuaire. Non, d’Athéna elle-même et de personne d’autre. Cette éducation qu’il avait reçue, personne ne la comprendrait. Lorsqu’il était né, il était à la fois voué à être un chef mais également un paria, condamner à n’avoir que la mort comme amie. Si la plupart voyait en cela une quelconque malédiction, Ja’far se plaisait à l’imaginer comme un don. Qu’importe s’il ne vivait qu’avec la compagnie des âmes défuntes, qu’importe si son cosmos même s’était vu corrompre au point qu’un Saint comme le Bélier l’ait confondu avec un Spectre ; grâce à ce don, il pouvait servir Athéna comme aucun autre Ferenite ne l’avait fait en plus de deux mille ans.
Mais trêve de nostalgie, ce n’était pas du tout le genre du Cancer. Et d’ailleurs, à ce juste titre, de son côté aussi il était temps de mettre un terme à cette mascarade qui n’avait que trop duré. Qu’il en ait douté était une chose mais qu’il n’y ait plus cru en était une autre. Cette peur qui liait son regard à sa Pandora Box était devenue absurde. Evidemment qu’il était le Chevalier du Cancer quant bien même les nombreuses critiques qu’il allait sans doute recevoir, quant bien même il possédait un physique, un cosmos antagoniste, son âme était, elle, vouée à sa déesse. Il avait prêté serment, il était donc temps d’enfiler le manteau d’or. Et d’ailleurs, une voix familière eut tôt fait de le lui rappeler. Sans même se retourner pour l’apercevoir, un sourire taquin ourla les lèvres du mystérieux gardien. Arsiesys était enfin arrivé. Un comble que le plus désinvolte des deux soit arrivé à l’heure. Un bref regard sur le nouvel attirail du Verseau et Ja’far se trouva obliger de lui lancer une petite moquerie. Lunettes, bouquins…
Je vois que tu as vite retrouvé tes aises ici !
Loin d’être acerbe, il est vrai que le ton du Quatrième Gardien restait naturellement quelque peu âpre, encore. Arsiesys devait s’y être fait depuis le temps. Rien de personnel, Ja’far avait une tête de méchant, l’assumer semblait être la seule chose à faire à ce sujet.
Sans même se regarder, le Dernier Centurion et le Nomade du Désert avait compris aux mimiques du Scorpion que quelque chose n’allait pas et le regard améthyste du Cancer se fit perçant tandis qu’il la dévisageait plus que de raison. Elle était manifestement blessée et ce n’était pas un masque et une cuirasse qui allait laisser qui que ce soit abusé. Le Nécromancien avait beau passer pour le dernier des insensibles impertinents, il était loin d’être dupe et bête, bien loin même. Cependant, il pensait qu’elle pouvait avoir ses raisons de se cacher de la sorte. Cela semblait être monnaie courante par ici.
Et ainsi, le Krusos Sunagein pouvait débuter. Les douze flammes que venait d’allumer Arsiesys étaient semblables à des feux-follets, comme ces âmes qui tournoyaient sans cesse autour de Ja’far, invisible aux yeux de tous sauf des siens. Un marrant ce Taureau d’ailleurs. Un poil brut dans ses propos mais ce n’était pas Ja’far qui allait critiquer qui que ce soit, il était bien mal placer pour cela. Le visage impassible, il le pointa de son regard jusqu'au blanc des yeux avant de sortir d’un ton morne :
On ne peut plus d’accord avec vous deux.
Il posa alors sa main sur la Box camouflée avant d’arracher d’une façon bien trop dramatique le tissu l’ornant laissant à tous le plaisir d’y découvrir une cube au métal précieux serti d’arabesque en tout genre jusqu’à laisser apparaître le Quatrième symbole. Un vent immatériel émana alors du protagoniste. Alliant un funèbre camaïeu de mauve, la boîte de Pandore répondit à la surprise de tous à ce cosmos grandissant. Dans un éclat doré, celle-ci s’ouvrit et comme en Enfers ce jour-là, l’armure resplendissait comme jamais après avoir été enfouie au fin fond du Yomutsu Hirasaka durant tant de temps. Un bruit strident, sûrement plus dérangeant que la vive lumière qui échappait de la cloth se fit entendre, marquant le crissement métallique des pièces se détachant une à une avant de se coller à la chair presque nue de Ja’far. Cette protection voulait faire son travail en protégeant justement son hôte. Lorsque cette cérémonie s’arrêta en même temps que la lumière qui s’’était enfin estompée, le Saint ramassa le long manteau carmin tâché de sable qu’il portait afin de le l’enfiler par-dessus la cloth aux pointes acérées.
Je ne me suis pas présenté en bon et du forme comme mon ami. Il s’arrêta afin de lancer à son tour un regard mi-espiègle, mi-strict. Ja’far. Chevalier du Cancer.
Le Verseau ne laissa répondre le jeune homme balafré, il le complimenta sur sa maitrise de l’explosion. Gareth sourit, légèrement une autre aurait mieux réussit que lui. Il laissa un Verseau lettré disposer de l’espace et de la parole, surpris par l’allumage de l’horloge Gareth resta de marbre. Peu savent comment allumer les douze feux, peut-être était-ce inscrit dans les différents livres qu’il transportait ?
Quoiqu’il en soit lui et le Cancer se connaissaient « tu as déjà repris tes aises ici… », déjà repris tes aises ? Quand était-il venu ? Gareth chevalier depuis quinze ans ne l’avait jamais vu. Ou peut-être que si ? Il conserva un regard fixe lorsque le Cancer dévoila l’étendue de son art, cette aura si singulière, la mort venait d’enfiler la quatrième armure d’or. Il ne s’offusqua pas de l’aura, après tous les armures choisissent leur porteur, le choix ne saurait être contredit, Gareth également avait sa part d’ombre.
Le Chevalier des Gémeaux passa une main au cœur de sa barbe, jeta un regard furtif à Calissa puis à Ephraem qui aidait Nephtys à se remettre d’aplomb. La séance devait être des plus pénibles pour la porteuse du scorpion. Enfin il termina son tour d’horizon par un « bien » faible et distant.
Gareth se saisit du parchemin et brisa le sceau. Il demeura interdit quelques instant devant le papier, ne sachant pas s’il devait l’ouvrir ou non. Finalement il prit son courage à deux mains et déroula l’œuvre testamentaire devant ses yeux et entama une lecture silencieuse… Les considérations d’usage, les dernières volontés de Riku mais rien sur son successeur… Ah si c’était là quelques lignes plus bas passablement étonné par la tournure de la phrase... Si étonné qu’il reprit la lecture à voix haute : « quant à mon successeur je faillirai aux traditions et ne le nommerai pas… je gage que les gardiens du sanctuaire sauront le reconnaitre en leur sein… » il stoppa la lecture et le fit passer à son voisin.
-« Eh bien il semblerait que la réunion s’éternise un peu… Nos frères : Lion, Capricorne et Sagittaire sont actuellement à la poursuite des hindous. Je crains que nous devions nous passer de leur présence. » Gareth marqua une courte pause et reprit son monologue. « Je crois bien que c’est l’une des premières fois que ce genre d’évènements arrive. Quelqu’un est-il candidat au trône ? »
Qui hormis lui pouvait-il diriger les lieux ? Calissa, trop jeune, peut-être un peu trop introvertie, la voie des Poissons excluait d’office le rôle de Pope. Ephraem ? Non il s’y opposerait, beaucoup trop impulsif, déraisonnable. Quant à Nephtys et Ja’Far ils venaient d’obtenir leur armure et ne semblaient pas aspirer aux plus hautes fonctions. Néanmoins ici tous sont frères et sœurs, tous ont voix au chapitre et chaque candidature se devra être respectée avec le plus grande équité. Ne restait que lui, le regard de Gareth obliqua en direction du Verseau, lui pourrait être le successeur de Riku.
Gareth espérait que l’élection se passe rapidement qu’ils puissent aborder d’autres sujets. Qu’ensemble ils puissent définir la politique à venir du sanctuaire, fixer un cap des objectifs, que le navire grec ne navigue plus à l’aveugle.
Venant tout juste d’avoir une faiblesse suite à l’arrivée d’un inconnu qui ne portait pas son armure, Ephraem avait décidé de me venir en aide. Il porta l’une de ses mains à ma taille et l’autre saisît l’une des miennes pour me maintenir debout. Je souhaitais me dégager pour éviter d’être mal à l’aise mais quelque chose au fond de moi, m’en empêchait. Je me sentais bien avec lui même si mes blessures me faisaient souffrir énormément et si je n’étais pas dans cet état, peut-être que j’aurais pris mon courage à deux mains pour lui dire ce que je ressentais pour lui.
« Merci mais ce n’est pas la peine de me soutenir… » Lui avouais-je d’une voix assez faible.
Quelques instants plus tard, un nouveau chevalier d’or fît son apparition dans la salle où nous nous trouvions et j’observais un instant son armure pour reconnaître celle du Verseau. En ce qui concernait son porteur, je ne le connaissais pas et c’était normal vu que cela faisait peu de temps que j’étais arrivée au sanctuaire. Néanmoins, je gardais mon identité secrète pour le moment et je préférais ne pas prendre la parole afin de me présenter. Il fallait dire que j’avais énormément de mal à rester consciente même si j’étais bien contre Ephraem. Le chevalier du Verseau décida d’utiliser son cosmos pour faire apparaître dans un premier temps, un jeu de lumière magnifique et dans un second, les douze flammes zodiacales s’allumèrent.
Ravie de voir un tel spectacle, j’esquissais un fin sourire tandis que je commençais lentement à fermer les yeux. J’avais énormément perdu de sang et au fil des minutes qui s’écoulaient, j’avais du mal à me maintenir éveiller. Même si j’étais semi-consciente, je remarquais que le chevalier d’or du Verseau connaissait l’inconnu qui ne portait pas d’armure et le maître des glaces en profita pour lui suggérer de l’enfiler sur le champ. Par contre le phénomène qui se produisit lorsqu’il appela son armure, me glaça légèrement le sang et il n’y avait aucun doute sur l’armure d’or en question, il s’agissait celle du Cancer. L’inconnu décida de se présenter et il était temps que j’en fasse de même, il fallait le reconnaître.
« Je me nomme Ne… »
Finalement, je n’avais guère eu le temps de le faire que je perdais connaissance dans les bras d’Ephraem. J’avais abusé de mes forces et je venais d’atteindre mes limites. D’ailleurs, si on regardait d’un peu plus près, il était facile de voir que du sang s’écoulais au delà du masque. Mes blessures n’étaient pas soignées de façons professionnelles et ils étaient normal qu’à un moment où un autre, cela se remettait à couler. Dommage que je venais de perdre connaissance, je n’avais pas eu vraiment le temps d’écouter les paroles de Gareth qui avait ouvert le parchemin après avoir brisé son sceau.
Plus les instants passaient, et plus je me sentais telle une étrangère parmi les membres les plus puissants de l'armée d'Athéna ... Ils semblaient se connaitre pour certains depuis quelques temps déjà ... Les porteur de l'armure du Taureau et des Gémeaux discutaient entre eux, et bien que l'identité du Scorpion n'avait pas encore été révélée, je supposais qu'elle devait connaître les deux autres.
Puis un premier chevalier venait de nous rejoindre, le Verseau si je me fiais à son armure. Je supposais qu'il était courant pour lui d'assister à ce genre de réunion, vu qu'il semblait habituel pour lui d'allumer les douze flammes de l'horloge. Il s'était présenté sous le nom d'Arsiesys, je cherchais quelques secondes dans ma mémoire, mais aucune réponse ne venait, je ne le connaissais pas non plus.
Puis un seconde personne fit son apparition, elle portait sur le dos un objet dont les proportions rappelait celle des cubes d'or dont nos armures prenaient l'apparence lorsque leur porteur les enlevait ... Était-il un chevalier lui aussi ? J'avais des doutes, comme surement tout les chevaliers réunis ici, à cause de l'aura sinistre qui émanait de son être. Mais mes doutes se dispersèrent au moment où l'armure d'or du Cancer venait le recouvrir, il faisait effectivement partit des douze chevaliers d'Or.
J'observais toujours les autres chevaliers, le dos calé contre le dossier de mon siège, je croisais les bras sous la poitrine et espérais que quelque chose ne venait pas mettre un peu d'animation à cette réunion. Je détournais le regard pour le poser sur Gareth qui s'était décidé à enfin lire les dernières volontés de l'ancien Grand Pope, ainsi que la nomination du chevalier le plus à même de remplir la fonction de Pope, toujours d'après le défunt Pope.
Je l'écoutais relire à voix haute une phrase, mais ne pu entendre la suite car j'entendais un bruit sur ma droite qui me fit tourner la tête. Le Scorpion venait de s'écrouler dans les bras du Taureau, malgré le fait qu'il la soutenait. Je me levais en vitesse, elle était donc si blessée que cela pour s'écrouler d'un coup et tomber dans l'inconscience ... Je me rapprochais de la jeune femme, j'étais la première à avoir réagit aussi vite. J'observais quelques instants l'étendu des dégâts qu'elle avait subis, ses quelques bandages avaient pris une teinte rouge. Vu dans l'état où elle se trouvait précédemment, on devait agir vite pour la soigner.
-"Ne vous inquiétez pas, continuez la réunion, je vais m'occuper moi-même du Scorpion comme mon temple est le plus proche."
Je m'agenouillais et prenais le chevalier dans mes bras, un bras la soutenant dans le dos, l'autre sous ses genoux, j'utilisais toute la force que j'avais de disponible pour me relever, et me dépêchais de partir en direction de mon temple.
Arrivée, je déposais le Scorpion dans un lit disponible, et appelais mon élève pour le laisser la soigner. Je savais qu'il ne tarderait pas à venir, et je voyais du sang s'écouler sous le masque du Scorpion, je lui ôtais délicatement, et partais le nettoyer, laissant le chevalier entre les mains de mon élève. Je lui rendrais son masque une fois qu'elle serait de nouveaux sur pieds.
Après le spectacle haut en couleur, le nomade décida de mettre son armure, dans un effet théâtral. L'assemblée pouvait maintenant voir devant eux, le Cancer, gardien de la quatrième maison. Ephraem aurait bien voulu goûter à un peu de crabe à cet instant, mais l'heure n'était pas à l'amusement. Gareth venait de prendre le rouleau, dans le coffre du Pope et le cachet de cire céda rapidement sous ses doigts. Il commença alors une première lecture et son visage se troubla un moment. Il commença une nouvelle lecture à haute voix, alors que Nephtys s'effondrait dans les bras du Taureau. Sa première réaction fut de la prendre complètement dans ses bras, en la soulevant. La chevalier des Poissons réagit rapidement elle aussi et se dirigea vers le duo, tout en disant qu'elle allait emmener la Scorpion dans le douzième temple, pour pouvoir la soigner. Ephraem laissa alors sa sœur d'armes porter la blessée, s'inquiétant de savoir le nom qu'elle allait prononcer quand elle s'était évanouie. Le Taureau réfléchi un peu, assemblant les pièces, elle avait dit '' Ne '', et il ressentait quelque chose de familier venant d'elle. Le déclic se fit alors dans le cerveau d'Ephraem, l'ancien Scorpion en moins, une nouvelle le remplaçant, cette sensation de connu et le début de se prénom. Il la connaissait et se retourna avant que la Poisson ne sorte, mais ne pu prononcer le prénom de celle qui était dans ses bras. Il devrait demander après le Chrusos, pourquoi Nephtys portait l'armure du Scorpion et pourquoi elle était blessée. Reprenant sa place, se disant qu'il verrait cela après, le Saint se reconcentra sur le sujet présent.
- Nous devons donc choisir nous même qui sera notre dirigeant ?
Ephraem se demandait comment une poignée de chevalier d'or pourrait choisir pour les absents. Il scruta les Saints présents et se remémora les Saints qu'ils connaissaient. En réalité, il n'en connaissait aucun, puisqu'il trouvait toujours le moyen de partir en mission et fuir les réunions. Alors il retourna sur son observation de ses frères, pour voir lequel serait le mieux pour le poste. Il fini par lâcher sa réflexion à haute voix.
- Hum... Ja'far a l'air de savoir diriger un peuple... Il a le même regard que les différents dirigeants de pays que j'ai rencontré. En revanche, pour diriger une armée, il ne vaut mieux pas compter sur lui, il ferait peur aux chevaliers de bronzes.
Il tourna ensuite son regard sur l'érudit des glaces ( café pour moi ^^ )
- Arsiesys a l'air de connaître beaucoup de choses et il nous l'a prouvé en allumant l'horloge du zodiaque... C'est un sage parmi les brutes que nous sommes, mais il ne fait qu'arriver au Sanctuaire, il ne connait personne...
Il ne restait plus que le maître du Taureau et le tour de salle serait terminé.
- Quant à Gareth... Il n'est pas le meilleur des maîtres, ne donnant que de vagues conseilles énigmatiques... Mais sa puissance est monstrueuse et il fera toujours passer l'intérêt du Sanctuaire en priorité...
Ephraem avait parlé avec un air si sérieux, que l'on pouvait se demander si c'était vraiment lui. Mais il cassa cette ambiance rapidement, en montrant un grand sourire et en répondant de manière taquine.
- M'écoutez pas, je dis n'importe quoi parfois.
Le Taureau s'appuya complètement dans son siège, se demandant comment aller finir cette réunion.
Le Taureau parut apprécier la démonstration. Bien que plus modeste que carrure que tous ceux qu'Arsiesys avait connu jusqu'alors, il ne doutait pas que sa force n'ait rien à envier à la leur. Il était plus que quiconque au fait des caractères trompeurs des apparences – plus encore parmi les éveillés où le plus fluet des hommes pouvait soulever plusieurs tonnes sans effort. La façon dont il le désigna aurait pu en offusquer plus d'un, et il sentit d'ailleurs que c'était le cas d'une petite partie de lui, mais le guerrier des temps anciens ne broncha pas. Cela n'avait rien d'une remarque désobligeante en soi, tout au plus une familiarité ; pour en avoir connu d'autres qui ne s'en seraient pas plus gênés et avec bien plus de mépris, ce n'était point pour si peu qu'il se mobiliserait.
Or, dans le cas du second gardien, sous ces airs d'impertinence semblait se cacher un coeur en or. S'il partageait de toute évidence les penchants belliqueux de ceux à qui Aquarius venait de le comparer en son for intérieur, ses intentions étaient nobles, assurément. Non qu'Arsiesys en doutât : quelles que puissent en être les motifs, il n'avait jamais remis en doute les choix de la déesse Athéna à moins d'y être forcé – et encore. Ce n'était pas un manque de clairvoyance de sa part, encore moins un gage de confiance aveugle : c'était qu'il estimait n'avoir pas plus son mot à dire que n'importe lequel de ses pairs. Par malheur, la Déesse de la Guerre n'était en ce jour pas des leurs et c'était à eux qu'incombait de choisir une nouvelle lumière pour les guider vers la victoire, la paix et la sérénité. Lourde responsabilité.
L'épuisement qui transparaissait dans la voix du Chevalier des Gémeaux n'était, devinait-il, pas uniquement dû à ses blessures ; il était après lui celui qui s'en faisait la meilleure idée. Et il ne saurait contester qu'on le taxe de concurrence déloyale. Non que les autres n'en aient que faire mais leur jeunesse – qu'elle soit littérale ou au sein de la Chevalerie, la plupart semblant n'être que des nouvelles étoiles à l'instar de Ja'far – les empêchait d'en prendre la pleine mesure. Là où le Sorcier des Dimensions, fort de l'âge présumé qu'il lui donnait et de l'expérience qui allait de pair, en avait vu passer assez, supposait-il, que pour savoir vaguement de quoi il retournait.
Observateur, Aquarius le regarda ouvrir le bal, passant poliment le parchemin au suivant sans même le lire quand vint son tour. Nul besoin de s'en assurer par lui-même pour savoir que son homologue disait vrai. Le Cancer avait entre-temps enfilé son armure, cessant par là-même de dépareiller avec le reste de l'assemblée. Ouvertement suspicieux là où le Chevalier des Glaces par adoption avait la finesse pour seul registre, ce dernier se dit qu'il ne serait guère étonnant de le voir s'y plonger sitôt le rouleau entre les mains. Qu'il fasse comme bon lui semble, car le Dernier Centurion ne pouvait lui montrer la voie en cet endroit. Pas s'il voulait un jour devenir le Chevalier d'Or qu'il était sans avoir pour cela à se tenir dans son ombre.
Ce n'est pas nouveau, glissa-t-il, mais c'est chose rare, en effet.
Une lueur de sollicitude éclaira son regard quand la Saint du Scorpion perdit l'équilibre : c'était à prévoir. Il ne broncha pas néanmoins, le Taureau étant le mieux placé dans tous les sens du terme pour lui prêter assistance. L'élue des Poissons ne se fit elle non plus pas prier pour se rendre à son chevet. Pour sa part, il préférait ne plus toucher à rien tant que le devenir de son antécesseur à la flamboyante chevelure demeurerait incertain. Malgré l'effarement qui était le sien, lequel parut à l'oeil attentif d'Arsiesys trop ample que pour être du seul fait du malaise de la huitième gardienne, ce fut l'actuel Aldébaran qui revint le premier au sujet principal. S'il n'en dit mot, le Dernier Centurion le félicita intérieurement pour son sang-froid.
Ceux avec qui il en avait fait l'analogie auraient, à ce sujet, eu beaucoup à apprendre de lui – y compris quant à la faculté d'analyse dont il fit preuve tout de suite après. Son point de vue était le bon, le peu de données qu'il n'avait mentionné étant celles qu'il ne pouvait avoir en sa possession. Arsiesys le jaugea du regard, sincèrement intrigué par la dualité qui unissait son caractère effronté et son esprit aiguisé. Curieux mélange auquel il n'avait eu que peu de fois l'occasion d'assister. Était-ce d'époque ou avait-il, ici à faire à une quelconque perle rare ? S'ils ne pouvaient en aucun cas prendre cette décision à la légère tout du moins venait-il de baliser avec brio la marche à suivre à ses confrères. Un sourire chargé de mystères ourla les lèvres de celui qui fut autrefois Sagittaire.
- En ce cas, l'affaire est entendue.
D'un pas leste, presque aérien, il glissa plus qu'il ne marcha vers le coffre ayant précieusement gardé en vue de ce jour funeste les dernières volontés de son ancien propriétaire. Avec tout le respect qui convenait, il y plongea la main d'un geste cependant dénué de tout scrupule. Pour cause : fut-ce aujourd'hui avec des mains qui n'étaient pas les siennes, ce n'était pas la première fois. Il espéra cependant que ce soit la dernière, n'étant plus vraiment dans son droit. Quand il l'en retira, ce fut pour en extraire le heaume ailé qu'il incombait au Pope d'arborer. En dépit du millénaire et demi depuis lequel il n'avait plus scruté son reflet à sa surface dorée, il lui sembla n'y trouver aucune nouvelle éraflure. Pourtant, impossible de s'y tromper, c'était bien celui qu'il avait autrefois porté. Il l'expédia dans les mains de Gareth d'un lancer millimétré.
- Puisse-t-il être à ta taille. Ou l'inverse.
Le Verseau pensait pouvoir parler au nom de Ja'far en partant du principe qu'il lui faudrait déjà s'habituer à cette armure bien lourde à porter avant d'aspirer à quoi que ce soit qui ne saurait que davantage le charger. Quant à lui, bien qu'il soit présent en ce jour pour assister de visu à cet instant solennel, sa place était dans le passé. Mettre le futur – leur futur – entre ses mains n'était dès lors que peu opportun. Et puis, s'il pouvait aisément passer pour un puits de connaissance, c'était d'autant plus trompeur aujourd'hui qu'à l'époque : il avait tant de choses à réapprendre ! Et pour ce faire, être à nouveau cloîtré au Sanctuaire, pieds et poings liés dans son château doré n'était pas ce qu'il y avait de plus adapté. C'était pour le meilleur : le Dernier Centurion n'en doutait pas. Puisse-t-il se laisser convaincre de l'essayer.
Il fit mine de regagner sa place d'une démarche sereine mais ne l'atteignit jamais.
Son sourire s'étiola quand des paroles jaillirent aux confins de son esprit, aussitôt suivies d'un bruit de verre brisé – ou plutôt de glace, à la vérité. Arsiesys savait d'où cela venait, et l'avait entendu, qui plus est. Bien qu'il n'ait croisé la jeune Lyre qu'une seule fois, c'était dans ce but qu'il lui avait remis le présent qui n'était plus désormais. Aussi ne pouvait-il aucunement rester les bras croisés. Pourvu qu'il ne soit pas déjà trop tard. Sa tête pivota instinctivement dans la direction d'où lui était parvenu le signal tandis que son corps se raidissait, tout à coup aux aguets. À la hauteur du Maître des Morts à qui il devait d'avoir vaincu la sienne, il lui fourra ses documents dans les bras. Son regard n'accrocha le sien qu'un instant mais ce serait sans doute suffisant pour lui faire comprendre que ce serait à lui d'aborder le cas des Marinas. Il n'avisa qu'ensuite le reste de la communauté ici agrégée :
- Veuillez m'excuser mais je dois déjà vous quitter. N'ayez crainte, nous nous reverrons sans tarder.
Malgré une pincée de secrets, c'était là un au revoir étonnamment sobre venant de lui, mais l'ex-Grand Pope n'avait pas le temps de le peaufiner. D'un rapide volte-face, il s'élança dans les escaliers qui devaient le mener au bas du temple – et, à terme, au bas du Sanctuaire. Opérant un rapide volte-face, il s'élança dans les airs, sa cape bruissant dans son sillage tandis que les vents la malmenaient. Le seul manuscrit qu'il avait pris soin de garder sur lui était justement une carte du monde qui devrait l'aider à savoir où était Ubar. Une vraie carte, tracée par les Saints eux-même, et donc lucide sur la vérité de ce monde. Il attendrait néanmoins d'être sorti du Sanctuaire pour la mémoriser – et avec elle l'endroit où il allait. Tout ce qu'il pouvait souhaiter au Cancer était de savoir s'en sortir sans lui. Et même s'il l'avait prouvé par le passé, ce n'était pas ce qui ferait taire ses raisons d'en douter...
_________________
N'est pas mort ce qui à jamais dort, et au cours des siècles peut mourir même la Mort.
Le chrusos sunagein venait de débuter... cet appel au rassemblement puis l'horloge enfin allumée ne pouvait signifier que cela. Les trois saints d'Athéna venaient de quitter l'Inde. Cela faisait plusieurs semaines que Rafarunto n'avait pas foulé le Sanctuaire, son foyer. Traversant le Sanctuaire, ils rencontrèrent le saint du verseau qui quittait à première vue le rassemblement.
Le lion s'étonna de voir déjà un départ, mais connaissant la situation actuelle, cela ne l'étonna guère. Peut-être que le chevalier d'or du verseau avait une mission des plus urgentes. En tout cas, il paraissait très différent du précédent. Mikasa n'avait pas été seulement un frère d'armes, mais également un ami pour Rafarunto. Ce dernier, doté d'un charisme fascinant et d'une grande intelligence avait sorti le Sanctuaire de pas mal de problèmes. Le nouveau porteur de l'armure sainte n'avait à première vue, rien à envier à son prédécesseur. Rafarunto espérant seulement qu'il vive plus longtemps, car à dire vrai, l'espérance de vie des saints était très courte ces dernières années.
Sans dire mot, le trio continua son ascension. Les jeunes Atano et Aelys avaient surpris le saint du lion par leurs capacités et leurs maturités. Certes, ils avaient encore pas mal de choses à apprendre, mais leur potentiel était bien présent. D'une simple mission, ils en étaient déjà revenus plus forts. S'ils travaillaient en équipe, ils formeraient un duo formidable à l'instar des anciens chevaliers d'or du sagittaire et du capricorne.
Au bout d'une heure, les saints atteignirent la résidence du grand pope actuellement inoccupée. L'ancien Grand Pope, Riku, s'était sacrifié pour sauver les saints et les survivants du village de Rodorio. Cette mort avait plongée le Sanctuaire dans un profond mutisme. Athéna absente, le Grand Pope mort, le Sanctuaire était totalement fragilisé. Ce fut avec peine que les golds survivants parvinrent à conserver la cohésion au sein de la faction. A présent, l'heure du renouveau avait sonné, et cela passait par l'élection d'un nouveau Grand Pope.
Ouvrant le bal, Rafarunto pénétra dans la salle d'une allure des plus paisibles. Le saint du lion n'aimait pas tout ce qui se voulait être tape à l’œil, enfin tout sauf Ondine bien entendu. Gareth se trouvait au milieu de la pièce entouré de plusieurs saints d'or. D'une voix calme, le lion s'adressa à lui:
"Ainsi le nouveau chrusos sunagein a débuté je constate. Excellente initiative Gareth."
Gareth, chevalier d'or des gémeaux, était le plus ancien des chevaliers d'or actuels. Rafarunto l'avait souvent croisé dans le Sanctuaire, et avait entendu de nombreuses rumeurs à son sujet voire légendes, mais au final, ne le connaissait que de réputation. Le lion éprouvait pour l'ainé des saints un profond respect et admiration. Sa puissance disait-on était équivalente à des semi-divinités tels que les jumeaux Thatanos et Hypnos. Rafarunto, le deuxième chevalier le plus âgé mais surtout le plus ancien des saints présents, le voyait comme un mentor et un guide. C'est pour cette raison, qu'il avait accepté d'être convoqué par un chevalier d'or.
Cependant, quelque chose attrista le jeune lion. Tous les chevaliers présents en dehors de Gareth étaient de nouveaux saints inconnus. Un gaillard fougueux portait l'armure du taureau. Le nouveau porteur de l'armure sainte du cancer semblait être quant à lui un individu très étrange. Une puissante énergie de lui à la fois ténébreuse et lumineuse. Enfin, les cancers n'avaient jamais été réputé pour leur extrême bonté donc, rien d'anormal dirons nous.
D'une voix calme et posée, il reprit:
"Rafarunto du lion. Enchanté de vous connaître chevaliers d'or. Alors quels sont ceux qui se présentent au poste de grand pope? Ah et il n'est pas encore arrivé Sargas?"
L'absence du chevalier d'or du scorpion intriguait le saint du lion. Ce fut seulement à cet instant que le jeune lion remarqua dans les mais du chevalier d'or des gémeaux, que se trouvait l'heaume des Grands Popes. Ainsi donc, ce dernier avait été désigné par Riku, l'ancien grand pope. Quoiqu'il en soit, cela ne dérangeait pas Rafarunto car selon lui, Gareth était le saint le plus apte et le plus digne à prendre la difficile succession du pope Riku. Amusé, il conclut en posant un genou au sol:
"Ainsi donc tu es, enfin vous êtes le nouveau Grand Pope, seigneur. Soit! Moi Rafarunto du lion, sur ma vie et mon honneur, je m'engage à vous servir."
Les yeux fixés vers les pierres blanches du sol, Rafarunto ne put s'empêcher de sourire. Enfin le Sanctuaire allait ressusciter.
Nephtys tomba dans l’inconscience et contre toute attente la sublime Calissa vint à son secours. Froide, déterminée et pragmatique elle guida la gardienne du Scorpion vers le douzième temple. Pour avoir lui-même été soigné par la jeune femme il savait Nephtys entre des mains expertes. Le chevalier espérait que la gardienne du douzième temple revienne vite, qui sait ce que Nephtys pourrait raconter à son sujet… Sa possible ou probable relation future avec Calissa nourrissait un mince espoir de bonheur, il ne souhaitait pas qu’une ombre soit accrochée au tableau.
Puis le Taureau proposa Gareth, le Verseau lui jeta le casque et l’univers entier se ferma autours de lui, les paroles, les actes des uns et des autres n’avaient plus aucun sens. Le geste d’Arsiesys sonnait en lui comme une transmission, le passage d’un flambeau ou encore le choix d’un héritier… Etrange personnage que ce chevalier. Le casque du pope glissa entre ses doigts moites, comment envisager la suite ? Gareth concentra son cosmos au cœur de sa pomme et le casque se suréleva pour flotter devant son visage... Il sursauta un peu au départ du Verseau et à l’arrivée de Rafarunto. Ses hésitations se prolongèrent une minute, peut-être deux… Hésitations durant lesquelles il envisagea d’abandonner la chevalerie, les doutes sur ses compétences, ses forces et ses faiblesses se muèrent en une entité commune. Qui mieux que lui pour guider cette génération ? Ils étaient tous trop jeune, trop impulsifs, la plupart avaient toute la vie devant eux…
-« On ne s’agenouille pas devant un frère d’arme Rafarunto… Relève-toi » fit-il d’une voix ferme presque agressive. « Je ne quitterai pas le troisième temple, je n’ai pas d’héritier à même de revêtir cette armure et le second Gémeaux… » Il saisit le casque flottant entre ses doigts et tout en fixant les ailes de ce derniers. ]« J’assurerai les deux fonctions de concert, je ne quitterai jamais mes frères d’armes. »
Si elle avait été encore des leurs Eléonore aurait pu revêtir la troisième armure, s’il en avait eu la possibilité il lui aurait abandonné la place depuis longtemps… Les coutumes sont ce qu’elles sont. Gareth posa le casque tout à côté de ses mains et poussa un profond soupir. Il regarda un à un les trois chevaliers restant : Taureau, Lion et Cancer. Juste devant Ephraem une faille dimensionnelle s’ouvrit et le casque de la deuxième armure d’or tomba sur les genoux du jeune homme.
-« Ephraem tu devrais te rendre dans le douzième temple, notre sœur à peut-être besoin d’aide. » Puis l’air un peu triste il tourna ses yeux vers Rafarunto. « Je crains que notre ami Sargas ne soit plus des nôtres, je dois encore vérifier une ou deux informations et je reviendrai vers toi… En attendant, ta présence en ces lieux, ton air guilleret, j’imagine que la guerre contre les divinités hindoues s’est soldée par notre victoire ? » Il marqua une courte pause et reprit. « Si tel est le cas alors tu devrais te reposer. J'aimerais que tu couches par écrit le déroulement de ces évènements et avoir ton ressenti sur la collaboration entre factions. J’apprécierais disposer d’un peu de temps pour m’y faire. » Prononça-t-il en pointant le casque du doigt.
Bien que nouveau Grand Pope, Gareth ne se comporta en aucune façon de façon hautaine. Ordonnant au lion de se relever, il confirma qu'il demeurait son égal, ou à un certain degré, en parlons de "frères d'armes". Ce comportement fut une réjouissance pour Rafarunto, car même s'il considérait Gareth comme le plus digne pour succéder au pope défunt Riku, il ne savait pas comment ce dernier allait se comporter une fois le dirigeant des forces du Sanctuaire. Le pouvoir fait souvent tourner la tête de nombreux mortels. Mais, il n'en fut rien. Gareth demeurant égal à lui-même, chevalier d'or des gémeaux et Grand Pope à la fois. Cependant, les paroles qui s'ensuivirent, bouleversèrent le saint de la cinquième maison. Le nouveau commandant des saints émit la douloureuse pensée que Sargas, le chevalier d'or du scorpion n'était plus de ce monde. Comment cela avait-il pu arriver si vite? Il y avait encore de cela quelques semaines, ils enquêtaient ensemble sur les traces des dieux hindoues à Cuba puis au Brésil. Comment, son frère d'armes, qui plus est de sa génération avait pu disparaître? Et surtout dans des conditions troublantes? Mais l'heure actuelle n'était ni aux larmes ni aux doutes. D'autant que le Grand Pope venait de lui confier une mission. Faire un rapport écrit des événements concernant les divinités hindoues, une tâche non aisée au final.
"Très bien seigneur, je m'y attèle immédiatement. Le compte rendu sera prêt d'ici une heure."
Sans dire d'avantage, Rafarunto frappa de la main droite son cœur, en signe de respect, et quitta Gareth. Le saint du lion avait besoin de repos, et cela faisait plusieurs semaines qu'il n'avait pas rendu visite à son cher animal de compagnie. Quittant les lieux, il prit la direction de sa propre maison, la cinquième maison du Sanctuaire.
Une jeune fille frappa à la porte de la salle du trône. Portant une légère tunique de lin blanche, elle entra prudemment dans la salle. La salle rayonnait de beauté et de splendeur. Des tapisseries de couleur cramoisi et ornées d'or recouvraient les murs de pierre de la salle du trône. Au centre, un siège imposant trônait, confirmant dans les faits le rôle et le rang du Grand Pope. N'était-il pas le représentant d'Athéna et le commandant des armées du Sanctuaire?
C'était la première fois qu'elle rencontrait le Grand Pope, voire tout simplement un grand pope. Intimidée par la prestance des lieux et de son propriétaire, elle s'inclina devant le maître des lieux. Toute tremblante, elle tendit vers Gareth un parchemin enroulé et scellé par le sceau du lion, sans lever les yeux. Comment elle, une simple paysanne ayant déjà obtenue le privilège de vivre au Sanctuaire auprès de son maître, pouvait contempler le représentant d'Athéna sur Terre? Il semblait si puissant, si supérieur à elle, comme si d'un simple claquement de doigts sa vie pouvait cesser.
D'une voix frêle, elle précisa qu'elle venait de la part du chevalier d'or Rafarunto. Une fois le parchemin pris en main par Gareth, elle fit demie-tour et quitta les lieux sans se retourner, tout heureuse d'avoir déjà eu le courage de venir ici seule.
[Hrp du fait des absences des uns et des autres je considère cette réunion terminée. On se fera un rp en privé avec Ja'far pour qu'il me cause de la venue des Marinas.]
Accueil
S'enregistrer
Dernières images
Connexion
21.07.14 11:24
